Le jeudi 20 août 2009, 250 missionnaires, des filles et des garçons de 18 à 35 ans, ont été accueillis au sanctuaire de la Sainte-Baume (Var). Dès le lendemain, ils étaient répartis en 18 ateliers de formations sur différents thèmes tous en rapport avec l’évangélisation, sa nécessité, ses méthodes, ses limites… Chacun pouvait suivre 3 ateliers successifs. Le samedi 22 août, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, vint célébrer la messe d’envoi en mission : les jeunes sont appelés les uns après les autres et envoyés dans une des 7 villes : Paris, Lyon, Toulouse, Saint-Tropez, Saint-Raphaël, Aigues-Mortes et Cannes qu’ils rejoindront en car ou en train (en s’inscrivant au Festival Anuncio, ils ignoraient le lieu où ils seraient envoyés).
À ces 7 missions s’ajoutait une 8ème avec un groupe chargé d’accompagner le transport de reliques de Sainte Marie-Madeleine (patronne d’Anuncio avec Ste Thérèse de Lisieux) qui ont visité tous ces lieux de mission.
Le dimanche 23 août, chaque équipe prend contact avec la ville qu’elle est venue visiter et se présente aux paroisses, voire à l’évêque comme à Lyon où le cardinal Philippe Barbarin saisit l’occasion pour prêcher devant sa cathédrale Saint-Jean.
Du lundi 24 au vendredi 28 : les groupes de chaque ville (variant de 20 à 40) vivent des journées à peu près similaires. Le matin louange, enseignement, oraison, messe et, l’après-midi, mission sur les plages ou dans la rue, préparation de la veillée du soir. Le soir, suivant les lieux de mission qui s’y prêtent plus ou moins, concert d’artistes chrétiens et veillée d’adoration dans l’église avec de grands témoins comme le Père René-Luc… Les jeunes partent en mission deux par deux. L’objectif de tous ces temps de mission est bien sûr d’amener les gens au Christ. Le vendredi 28, c’est la montée vers Paris et plus précisément à Montmartre.
Là, le samedi matin est un temps d’action de grâce. Chaque mission rend compte de ce qu’elle a vécu par des témoignages devant l’ensemble des missionnaires. L’après midi, une messe d’action de grâce est célébrée par Mgr de Dinnechin, évêque auxiliaire de Paris, qui envoie à nouveau les jeunes en mission dans le quartier de Montmartre pour l’après-midi et la soirée. Dans la basilique, on accueille et aide les gens à prier ; sur le parvis, des binômes de missionnaires et prédicateurs de rue s’activent, des concerts (Rona Hartner, Zoe Avril, Paddy Kelly), une pièce de théâtre, un défilé de mode attirent l’attention. Rue Azaïs, il y a un village de stands avec dix associations humanitaires ou philosophiques chrétiennes qui par leur mission témoignent que Dieu est amour (Philanthropos, Fidesco…).
Le soir grande veillée d’adoration animée par les jeunes d’Anuncio.
Dimanche 30, messe à la Basilique de Montmartre avec les sœurs et repas.
Le 6 septembre suivant, tous ceux qui le pouvaient se retrouvaient encore pour une messe d’action de grâce à la chapelle Ste-Thérèse des Apprentis d’Auteuil, qui a été la messe télévisée du Jour du Seigneur, précédée d’un reportage télévisé sur le festival d’évangélisation.
On doit toute cette organisation et cette réussite à un groupe de jeunes professionnels et d’étudiants catholiques dont le plus connu est sans doute un architecte de 33 ans, Raphaël Cornu-Thénard, qui a eu notamment l’intuition, depuis une dizaine d’années, pour le diocèse de Paris, de plusieurs événements en direction des jeunes avec toujours le même cocktail : prière en commun, formation, état d’esprit festif, évangélisation de rue, fourniture d’un matériel de campagne respectant les canons du marketing (T-shirt, banderoles, journaux, affiches, tracts) recours à des artistes chrétiens et notamment à des musiciens rock et pop, tentative d’inscrire de telles méthodes dans la durée… On pense à Hollywins qui fêtera sa neuvième édition parisienne à la Toussaint prochaine, et qui a largement contribué à la « défaite » d’Halloween, cette fête des morts à l’américaine mêlant spiritualité frelatée et commerce, qui a été heureusement « ringardisée » dans les écoles malgré l’inconscience de ses promoteurs « laïcs », au niveau des écoles comme des municipalités, et les vigoureuses offensives publicitaires de Disneyland entre autres…
« Pour faire passer le message du Christ, nous ne devons pas hésiter à utiliser de façon professionnelle les moyens de communication moderne à la suite de grands saints comme Maximilien Kolbe. Par ailleurs par les concerts et expositions que le Festival Anuncio organise, nous venons à la rencontre de nos contemporains qui découvrent une Église joyeuse de témoigner, des jeunes motivés et heureux de connaître le Christ » précise Arnaud Ulrich, l’un des principaux organisateurs du Festival.
Bien entendu Anuncio aura une troisième édition l’été prochain (du 19 au 29 août) dont les organisateurs imaginent déjà la tonalité. Ils espèrent en effet déborder sur des villes espagnoles, une manière de se mettre en route vers les JMJ de l’été 2011 à Madrid. Pour Raphaël Cornu-Thénard, « Anuncio s’inscrit totalement dans la dynamique des JMJ : par les partages et la rencontre entre des groupes de sensibilités diverses, il s’agit de vivre un temps fort de communion en Église. Mais, à la différence des JMJ, Anuncio a pour objectif, à travers une expérience d’annonce de l’Amour de Dieu, de faire découvrir à chaque jeune l’urgence de la mission ; ainsi, il pourra par la suite répondre à cet appel dans sa paroisse et son lieu de vie. »
Et c’est là que le grand risque de la discontinuité risque de se concrétiser. Que font les paroisses françaises de ces jeunes qui viennent d’acquérir une expérience de missionnaires ? Il faut bien le reconnaître, tout est encore à l’état d’expérimentation – comme l’expérience que nous avons plusieurs fois présentée à Lyon avec les musiciens évangélisateurs de Glorious -, de pierres d’attente, en vue d’une recomposition ? Il s’agit certes là d’un débat récurrent, mais dont on sent de plus en plus qu’il peut déboucher sur de véritables initiatives qui pourraient changer la donne sociologique.
© France Catholique n°3180