"Le ciel, c'est pour de vrai" et l'évangile de la vie - France Catholique
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Ces Papes qui ont fait l'histoire
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« Le ciel, c’est pour de vrai » et l’évangile de la vie

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J’ai acheté récemment le livre Le ciel, c’est pour de vrai et ensuite visionné le film. C’était inhabituel pour moi. Je ne lis pas et ne visionne pas ce que tout le monde regarde, surtout dans le registre « spirituel sympa ». C’est peut-être du snobisme de ma part mais vraiment, je n’aime pas faire ce que la culture ambiante promeut. Je fais de mon mieux pour nager à contre-courant, tout spécialement dans ce domaine. Mais là j’ai fait une exception, pour des raisons que j’expliquerai.

L’histoire est celle d’une expérience de mort imminente, vécue par le fils d’un pasteur du Nebraska, un garçon de quatre ans nommé Colton Burpo. Je dirai tout de suite que je n’ai pas beaucoup aimé le film, en tout cas beaucoup moins que je n’ai aimé le livre. Le scénariste a pris beaucoup de libertés avec le texte, effectué de trop nombreuses coupes et remodelé le caractère des personnages.

Le changement le plus gênant est l’hyper-sexualisation de la mère du jeune garçon, Sonja Burpo. Comprenez-moi bien, ce n’est pas une autre Miley Cyrus ou une autre Madonna, mais elle est présentée de manière très suggestive et sensuelle à de nombreuses reprises. J’en étais presque à craindre une scène de nudité.

Le chef scénariste, Randall Wallace, a justifié ce portrait de Sonja de cette manière :« Tant de gens croient que les chrétiennes, et surtout les épouses de pasteurs, sont des créatures a-sexuées, suaves et incolores, je pense que Sonja est ou devrait être tout l’opposé. Et Kelly (Reilly, l’actrice jouant Sonja) a cette touche romantique et ce charisme — vous ne pouvez plus la quitter des yeux. »

Qui sont « tous ces gens » qui voient les chrétiennes sous ce jour ? Faut-il répondre à ces ignorants séculiers qui imaginent que dans la multitude des églises américaines — où ils n’ont jamais mis les pieds — on ne trouve pas de femmes séduisantes ? Si un New-Yorkais progressiste d’un peu plus de vingt ans en est là, c’est sans espoir. On ne va pas s’adapter à son ignorance en sexualisant à outrance une maman chrétienne dans l’histoire d’un petit garçon qui visite le ciel. Je voudrais bien savoir ce que la vraie Sonja Burpo pense de ce portrait qui a été fait d’elle.

Côté positif, je trouve beaucoup de choses irrésistibles et convaincantes dans l’histoire de Colton.

Dans l’ensemble, tant le livre que le film détaillent des choses que cet enfant ne pouvait connaître, même en étant fils de pasteur — y compris des notions catholiques auxquelles un fils de pasteur ne pourrait penser. Je n’ai pas la place de tout détailler ici. Vous devrez découvrir ça par vous-mêmes. De fait, lisez d’abord le livre, parce qu’il raconte les choses beaucoup mieux et de façon plus crédible que le film. Mais je vais quand même partager avec vous un exemple particulièrement poignant qui m’a profondément touché quand j’ai vu la bande-annonce. C’est ce qui m’a poussé à acheter le livre en premier lieu.

Bien après son retour de l’hôpital et sa guérison, Colton, sortant un jour de sa torpeur, dit à sa mère qu’il a deux soeurs. Sa mère le reprend : « Non, Colton, tu n’as qu’une sœur. »

« Non, répond Colton. Tu avais un bébé mort dans ton ventre, n’est-ce pas ? »
« Qui t’a dit que j’avais un bébé mort dans mon ventre ? » reprend Sonja stupéfiée.

« Cest elle, maman. Elle a dit qu’elle était morte dans ton ventre. »

Sonja reste sans voix. Elle a fait une fausse-couche quelques années avant la naissance de Colton, mais personne n’en a jamais parlé à Colton. Comment le savait-il ? Il le savait parce qu’il avait rencontré au ciel sa soeur décédée.

C’est une Sonja bouleversée, chagrinée depuis longtemps par cette fausse-couche, qui demande à Colton le nom de la fille. Il lui répond qu’elle n’en a pas parce que ni maman ni papa (Greg Kinnear) ne lui en ont donné un. Sonja médusée répond qu’effectivement ils ne lui ont pas donné de nom car ils ne savaient pas si c’était une fille ou un garçon.

« Tout va bien, assure Colton à sa mère, elle est belle, avec des cheveux comme les tiens, et Dieu l’a adoptée :c’est juste qu’elle ne pouvait pas vous attendre toi et papa pour entrer au ciel. »

Cette scène m’a vraiment touché. Ma femme et moi avons une belle ribambelle d’enfants, mais entre le second et le troisième, il y a eu des fausses-couches. Je me suis souvent demandé où étaient ces existences non-nées. Devais-je prier pour ces enfants non-nés au cas où ils seraient réellement des enfants nous attendant ? Le témoignage innocent de ce petit garçon me remue profondément et suscite l’espoir. Un cynique peut bien dire que c’est une réponse purement émotionnelle, que le livre/film déclenche le bon levier. mais je ne suis pas comme cela : l’émotion seule a rarement empire sur moi.

Je crois qu’il y a bien plus. Regardez : notre foi catholique nous enseigne que la vie commence à la conception. Je le sais. Je le crois. Je l’ai lu durant des années dans des documents ecclésiaux. J’ai écrit à ce sujet. Je l’ai enseigné. J’en ai parlé en conférence.

Donc, si j’y crois, pourquoi ne croirais-je pas que ces embryons décédés, qui étaient des existences depuis leur conception attendent au ciel aussi bien que ceux qui réussissent à grandir et à sortir vivants de l’utérus ?

C’est logique, n’est-ce pas ? A-t-il fallu l’histoire de ce petit Colton Burpo, une histoire spirituelle moderne narrant comment est vraiment le ciel pour que moi – écrivain et universitaire catholique de longue date — je comprenne enfin que ces existences non-nées sont pour de vrai au ciel ?

Traitez-moi de sentimental si vous voulez, mais quelque chose dans ce témoignage particulier me frappe comme réellement vrai.


Paul Kengor est professeur de sciences politiques à Grove City College.

photo : Greg Kinnear et Kelly Reilly dans « Le ciel, c’est pour de vrai ».

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/heaven-is-for-real-and-the-gospel-of-life.html