Il y a peu de villages à Paris qui ne comptent une église dédiée à Notre-Dame. Elle protège les travailleurs dans le 14e arrondissement, elle nous vient d’Italie dans le 9e, on célèbre son Annonciation et son Assomption dans le 16e, elle se couvre de blancs manteaux dans le Marais et protège le faubourg des Batignolles… Mais il faut s’arrêter dans certains hauts lieux plus particulièrement pour mesurer la présence de la Vierge, sainte patronne de la France, dans sa capitale.
Notre-Dame-de-Boulogne
Commençons par l’ouest où dans une banlieue immédiate, à Boulogne-Billancourt, les rois ont fait sculpter une réplique de Notre-Dame de Boulogne auprès de laquelle ils se rendaient en pèlerinage. Boulogne-sur-Mer, en effet, n’est pas seulement la capitale de la dynastie comtale qui régna un temps sur l’Angleterre, ou l’un des plus grands ports de pêche français, mais c’est aussi le lieu d’un grand pèlerinage marial dont la statue, brûlée à la Révolution mais restaurée après, traversa la France pour y répandre ses grâces à chaque moment malheureux de son histoire. C’est donc tout naturellement que les monarques voulurent la rapprocher de Paris.
En plein cœur de la ville, dans le 6e arrondissement, la chapelle de la Médaille miraculeuse attire elle aussi une foule de pèlerins dont la ferveur pour ce lieu des apparitions à sainte Catherine Labouré ne se dément jamais. Au pied de l’autel de cette chapelle, toutes les grâces sont répandues et chacun peut venir demander celle dont il a besoin. Chacun peut aussi offrir à Marie l’œuvre qu’il a commencée ou qu’il continue. On y voit ainsi des hommes politiques, des écrivains, des fondateurs d’œuvre, des religieux, comme des mères et des grand-mères issues des quatre continents qui viennent prier pour leur famille. Le pape Jean-Paul II, quand il vint à Paris en 1980, avait tenu à faire ce pèlerinage comme il fera plus tard celui de Lourdes, en 1983. Notons bien que la prière figurant sur la Médaille miraculeuse : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous » évoque la révélation que Notre-Dame demanda à sainte Bernadette de porter à son curé, lui disant en patois lourdais qu’elle était l’Immaculée Conception.
La place cathédrale
C’est cependant à Notre-Dame de Paris que revient la place cathédrale, elle qui « s’élève au cœur de la Cité,/Dans sa royale robe et dans sa Majesté/Dans sa magnificence et sa noblesse d’âme » comme le disait Péguy dans sa Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres . Nous gardons au cœur l’image de ces foules venant de partout prier sur les bords de la Seine quand l’incendie menaçait de détruire complètement la cathédrale. La consécration de sa renaissance en décembre dernier a manifesté ce rayonnement universel. La vieille dame à la robe chargée de souvenirs est revenue comme la jeune fiancée de l’Écriture parée pour son époux, plus belle qu’elle ne fut jamais. Le chantier de sa reconstruction fut rempli de grâces pour tous ceux dont les mains participaient à cette grande œuvre d’Église et de civilisation. Charles Péguy a chanté les Parisiens courbés sur leur galère au pied de Notre-Dame et a magnifié Notre-Dame de Paris comme porte d’envoi vers l’autre Notre-Dame qui domine la Beauce – à Chartres.
C’est donc de son parvis que pourront à nouveau s’élancer, nous l’espérons, les pèlerins qui chaque année plus nombreux, vont prier sur les routes entre les deux grandes cathédrales pour confier la France et sa jeunesse à la mère du Sauveur !
