La tragique folie de l’évitement - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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La tragique folie de l’évitement

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L’aveuglement des habitants de Sodome, Charles-André van Loo, XVIIIe.

L’aveuglement des habitants de Sodome, Charles-André van Loo, XVIIIe.

[collection privée]

Dans une interview accordée à The Pillar la semaine dernière, on demanda à l’archevêque Timothy Broglio, l’actuel président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), si une manifestation programmée était une réponse publique appropriée à la décision des Docks de Los Angeles d’honorer le groupe anti-catholique de travestis des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence. Sa réponse, à mon avis, a été très regrettable : « Qu’est-ce qui est le plus efficace ? Faut-il accorder plus d’attention à l’événement en protestant, ou est-ce plus efficace de l’ignorer ? Je pencherais plutôt pour l’ignorer. » Il a cité « le danger de la violence », pour laquelle il pensait qu’il y avait « beaucoup de risques ».

Pour être juste, les remarques de l’archevêque ont été faites dans ce que l’article décrit comme une « brève conversation de couloir » et ils ne sont peut-être rien de plus que des propos improvisés. Il n’en reste pas moins qu’il s’adressait à un important media catholique et que ses remarques sont peut-être plus révélatrices que si elles avaient été préparées. Bien que ce qu’il recommande puisse être la voie prudente à suivre dans de nombreux domaines, nous pouvons à juste titre demander : mais sur cette question-là ?

Ainsi, au-delà de la prière et de la condamnation verbale, que l’archevêque, en sa qualité de président de l’USCCB, a formulée, devons-nous rester les bras croisés et ignorer, au moins en termes de de protestation publique, les efforts visant à utiliser les railleries anti-catholiques pour transformer le Dodger Stadium en Sodome et Gomorrhe ? Et quelle preuve y avait-il que la manifestation serait autre que pacifique ? Il s’est avéré qu’elle a principalement consisté en une foule très nombreuse priant la Litanie du Sacré-Cœur et le Chapelet de la Divine Miséricorde. Une action révolutionnaire certes, à sa manière, mais non violente.

En fait, ce qui me frappe le plus dans la remarque de l’archevêque, c’est qu’elle fait écho à un état d’esprit plus large qui frappe l’épiscopat américain – en dépit d’exceptions individuelles – pendant toute la période des retombées d’Humanæ vitæ des cinquante-cinq dernières années. Il s’agit de la réticence à affronter de front la chute de la culture vers la dégénérescence morale, en défendant et en professant hardiment les vertus du sixième commandement. Cette réticence ne s’est guère révélée « efficace ». Au contraire, elle a provoqué un désastre total, à la fois pour l’Église et pour la culture.

Et pour que les choses soient claires, dans « l’ignorer », le « l apostrophe » signifie la Fierté LGBTQ+ que l’on enfonce dans la gorge de tout homme, femme et enfant qui se respecte, en particulier les catholiques, de la manière la plus flagrante et blasphématoire possible. Honorer des travestis qui s’adonnent à la pole dance exhibitionniste et homoérotique sur des croix, pour l’amour du ciel !

Plus généralement, ce « l apostrophe » signifie la détermination des idéologues du genre et des révolutionnaires sexuels – et ils sont légion – de s’arrêter à rien de moins que la répudiation complète de la moralité traditionnelle, une morale fondée sur le témoignage biblique et la loi naturelle. Cela exige une réponse qui ne soit ni molle ni feutrée – du genre de quelque chose comme « l’ignorer » afin d’être « plus efficace ». Il faut au contraire une articulation résolue, sans ambiguïté, de la vérité et de la signification de la sexualité humaine, avec nos bergers assumant le rôle de chef de file.

De plus, faut-il souligner que la réponse molle à la perversion sexuelle du divertissement américain intervient au moment même où les preuves abondent que la résistance totale à l’assaut de la Fierté peut produire des dividendes réels ?

Les Américains consciencieux et civilisés de tous bords ont décidé – enfin – qu’ils en avaient assez, et les pertes financières massives que Bud Light et Target ont subies à titre de conséquence ont amené les entreprises américaines à réévaluer sérieusement le bien-fondé de la promotion de la Fierté.

Avant même le début de la saison, la Major League Baseball, par exemple, a discrètement demandé à ses équipes (à la suite de la décision des Dodgers) de renoncer aux maillots « Pride ». Et les gérants de Starbucks ont demandé à leurs employés de ne pas décorer pour le mois de la fierté. Starbucks, rendez-vous compte !

Cela se serait-il produit si les Américains avaient simplement ignoré la décision de Bud Light d’utiliser le transgenre Dylan Mulvaney comme tête d’affiche, ou la décision de Target d’offrir des maillots de bain féminins « faciles à mettre » aux hommes qui s’identifient comme des femmes ? Les heures consacrées aux histoires de travestis dans les écoles primaires disparaîtront-elles si nous continuons à mettre la pédale douce sur notre opposition à des attaques de plus en plus agressives de la part de la Pride ?

Mais surtout, le principal problème de la réticence à s’attaquer de front à ce que le pape Benoît XVI qualifia de « nouvelle philosophie de la sexualité », c’est qu’elle ne parvient pas à s’emparer d’un moment d’enseignement, voire d’évangélisation.

Ce que je veux dire, c’est : que l’Église ne se contente pas d’agir sur la défensive, mais qu’elle renverse la vapeur et passe à l’offensive. Ne vous y trompez pas : la vision de l’Église sur la sexualité humaine offre une occasion en or de faire progresser la vérité et le sens du bonheur humain, dans ce domaine de la vie humaine qui affiche indéniablement les dégâts du péché.

Après tout, ce n’est pas comme s’il fallait faire beaucoup d’efforts pour montrer que la révolution sexuelle est un projet totalement raté, avec un nombre sans précédent de mariages brisés, de familles brisées, de relations brisées, de vies brisées, et la misère humaine qui l’accompagne.

Depuis de nombreuses années, je donne un cours sur le mariage – en fait, sur le sens et le but de la sexualité humaine – dans mon établissement d’enseignement supérieur. La plupart de mes étudiants arrivent totalement acquis à la culture sur le sexe et le mariage. Pourtant, à la fin du semestre, ils sont frappés par la cohérence intellectuelle, la clarté morale et la beauté – oui, la beauté – de la vision de l’Église sur la sexualité humaine (même s’ils hésitent à s’y engager).

Et combien de fois un étudiant, un étudiant catholique, m’a-t-il demandé : « Pourquoi n’ai-je jamais entendu cela avant ? » Je secoue intérieurement la tête en répétant la question. En évitant « le sixième commandement », parfois comme la peste, les prêtres et les évêques ne réussissent qu’à télégraphier le message que l’Église, faute d’une réponse viable, a abandonné cet aspect de la vie humaine à la culture.

Quelle tragédie ! L’Église possède la vérité, et la vérité les rendra libres.