La signification des origines du Seigneur - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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La signification des origines du Seigneur

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Si quelqu’un à Capharnaüm ou à Jérusalem avait demandé à l’époque au Seigneur : « Qui es-tu ? Qui sont tes parents ? A quelle maison appartiens-tu ? – Il aurait pu répondre avec les mots de l’Evangile de saint Jean : « Amen, amen, je vous le dis, avant qu’Abraham fut, je suis. » (8 :58) ; ou indiquer qu’il était « de la maison de la famille de David » (Lc 2 :4)

Comment les évangélistes commencent-ils leur relation de la vie de Jésus de Nazareth qui est le Christ, l’Oint du Seigneur ? Pour l’origine de Jésus Jean sonde le mystère de l’existence de Dieu. Son évangile s’ouvre ainsi : »Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui… Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, et le monde ne l’a pas reconnu… Et le Verbe s‘est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1 :1-14).

La révélation montre que le Dieu simplement unitaire trouvé dans le judaïsme postchrétien, dans l’Islam, et partout dans la conscience moderne, n’existe pas. Au cœur du mystère que l’Eglise exprime dans son enseignement de la trinité de personnes dans l’unité de vie, se tient le Dieu de la Révélation.
C’est ici que Jean cherche la racine de l’existence du Christ : dans la seconde des Très Saintes Personnes ; le Verbe (Logos), dans lequel Dieu Celui qui dit révèle la plénitude de son être. Celui qui dit et Celui qui est dit, cependant, se penchent l’un vers l’autre et sont un dans l’amour de l’Esprit Saint. La Seconde « Expression » de Dieu, ici appelée Verbe, est aussi nommée Fils, puisque Celui qui dit le Verbe est reconnu comme Père.

Dans le message d’adieu du Seigneur, l’Esprit saint reçoit les noms de Consolateur, de Défenseur, car il veillera à ce que les frères et sœurs dans le Christ ne soient pas orphelins par sa mort. Par le Saint esprit le Rédempteur est venu à nous, directement du cœur du Père céleste. Le Fils de Dieu devient homme – non seulement descendu du Ciel habiter un corps humain, mais « devient » homme – littéralement ; et pour lever absolument tous les doutes (que, par exemple, on ne puisse jamais affirmer que le Christ, dédaignant la bassesse du corps, ne s’est uni lui-mêmequ’à l’essence d’une âme sainte ou à un esprit exalté), Jean spécifie abruptement : Christ « s’est fait chair ».
C’est seulement dans la chair et non dans l’esprit nu que l’histoire et le destin arrivent à l’existence… Dieu est descendu vers nous dans la personne du Sauveur, Rédempteur, pour avoir un destin, pour devenir histoire. Par l’Incarnation, le fondateur de la nouvelle histoire est venu parmi nous. Avec sa venue, tout ce qui avait été avant a trouvé sa place historique « avant la naissance de Notre Seigneur Jésus Christ », qui anticipe ou prépare cette heure-là ; tout ce qui devait à être, a été confronté au choix fondamental entre l’acceptation et le rejet de l’Incarnation.

Il a « habité parmi nous », « il a planté sa tente parmi nous », selon une des traductions. La « Tente » du Logos, qu’est-elle sinon le corps du Christ : le pavillon saint de Dieu parmi nous, le tabernacle originel du Seigneur au milieu de nous, le « temple » que signifiait Jésus quand il disait aux pharisiens : « Détruisez ce temps, et je le rebâtirai en trois jours » (Jn 2 :19).
C’est quelque part entre ce commencement éternel et cette vie temporelle que se trouve le mystère de l’Incarnation. Saint Jean la présente de façon austère, avec la plénitude de son poids métaphysique. Rien ici de la richesse de la description aimanle et du détail intime qui enrichit et fleurit fleurit le récit de saint Luc. Tout est concentré sur les choses essentielles, ultimes, toutes puissantes : Logos, chair, entre dans le monde ; l’origine éternelle, la réalité terrestre tangible, le mystère de l’unité.

Tout différent est le traitement de l’origine du Christ dans les évangiles de Mathieu, Marc et Luc. Saint Marc ne mentionne pas l’Incarnation. Ses huit premiers versets parlent du Précurseur ; puis immédiatement : « En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et Jean le baptisa dans le Jourdain. » (Mc 1 :9)

Mathieu et Luc de leur côté tracent avec soin la généalogie de Jésus, le cours que prit son sang à travers l’histoire. Dans Matthieu cette ligne descendante ouvre l’évangile. Elle commence avec Abraham, conduit via David et la succession de rois de Judée et passe par Joseph « l’époux de Marie. » (Mt 1 :16) Dans Luc la généalogie se trouve au troisième chapitre après le récit du baptême de Jésus : « « Et Jésus passait pour le fils de Joseph », dont la lignée remonte à travers Heli, Mathat, Levi par des noms dont nous ne connaissons rien sinon le son, remonte à David ; puis par ses ancêtres à Juda, Jacob, Isaac, et Abraham, qui à leur tour sont rattachés aux géants spirituels des âges préhistoriques – Noé, Lamech, Hénoch, et finalement par Adam jusqu’à Dieu (Lc 3 : 23-38).

On demande souvent comment deux généalogie si différentes ont pu être rapportées… L’étude des généalogies fait réfléchir… Il est entré pleinement dans tout ce que représente l’humanité – et les noms dans les anciennes généalogies suggèrent ce que cela signifie d’entrer dans l’histoire humaine avec son fardeau de destin et de péché.

Jésus de Nazareth ne s’est rien épargné. Dans les longues années paisibles de Nazareth, il peut avoir pesé le poids de ces noms. Il doit avoir senti profondément ce qu’est l’histoire, sa grandeur, le pouvoir, la confusion, la misère, les ténèbres et le mal qui étaient à la base de sa propre existence, et qui le pressaient de tous les côtés de la recevoir dans son cœur pour qu’il puisse en répondre devant Dieu.

Jeudi 24 décembre 2015