La raison libérée - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : Pour que règne le Christ !
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La raison libérée

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André Girard est physicien. Maintenant retraité, il a été directeur scientifique à l’Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales (ONERA). Il est membre de l’Académie Internationale d’Astronautique.

Il a rassemblé dans son dernier livre quelques témoignages des plus grands acteurs de la science expérimentale moderne, des voix peu connues se font entendre, jamais tonitruantes, jamais orgueilleuses, souvent jubilatoires.

La puissance de la raison humaine s’affirme d’autant plus qu’elle ne se revendique pas toute-puissante.

Les périodes d’effervescence intellectuelle sont toujours fortement contrastées. En pleine Renaissance, Giordano Bruno meurt sur le bûcher, à Rome, en 1600, victime du terrorisme exercé par le pouvoir clérical, quatre siècles après François d’Assise, apôtre de la pauvreté évangélique ! Mais cela ne doit pas faire oublier que la science expérimentale naît dans un contexte chrétien : « elle n’a pu naître que là où la transcendance rencontrait l’immanence , autrement dit grâce à l’incarnation » (Michel Serres).

Libérée de la prison cléricale grâce à la bienfaisante séparation de l’Eglise et de l’Etat (après bien des péripéties !), la raison a été ensuite prise au piège de sa déification, à partir du 18ème siècle, jusqu’à la folie paroxysmique des idéologies tueuses du dernier siècle.

Au 19ème siècle, la question clé était : « Comment ça marche ? » Et puisque la réponse était donnée par les sciences de la nature, et particulièrement par la physique, des philosophes en ont conclu, triomphalement, « au nom de la science », que la métaphysique était bonne à mettre au placard.

On sait maintenant que la question était mal posée. Les découvertes des trente premières années du 20ème siècle ont tout changé. Max Planck a fait sauter la serrure. Les somnambules modernes ont soulevé la chape de plomb que les positivistes avaient posée sur les questions qui fondent l’identité de l’humanité depuis son origine.

En découvrant les deux panneaux latéraux du « triptyque univers », les « somnambules » ont réanimé ce débat fondamental et réhabilité le concept de mystère. Le « mécano » du grand horloger de Voltaire…c’est fini, tout comme le simplisme de Fontenelle et le triomphalisme de Renan à Paul Bert. 

Les sciences de la nature ne traitent pas de la question du sens, mais, en y apportant des informations objectives nouvelles, elles « donnent à penser » aux philosophes et aux théologiens qui veulent bien prendre la peine de s’en informer…

L’heureuse et fructueuse auto – limitation du domaine des sciences de la nature élargit, renouvelle, rajeunit, le questionnement métaphysique.
L’occident ne serait – il pas voué à un avenir suicidaire si, renonçant au « principe d’espérance pour tous » grâce auquel il a pris son essor, il se résignait au « principe du bien vivre dans le confort de l’individualisme narcissique » qu’on lui présente maintenant pour tout héritage ?

Une société basée sur l’usage des technologies et la prolifération de  produits culturels  soumis aux lois du marché, serait une caricature de civilisation.

L’usage des technologies n’est pas une fin en soi, et la culture n’est pas un produit.

Ce réductionnisme menaçant résulte d’une inculture entretenue par un enseignement dont nous sommes victimes depuis deux générations : un enseignement coupable d’occulter à la fois la prodigieuse dilatation des perspectives offertes par les révolutions scientifiques du siècle dernier (voir annexe 4), et l’héritage chrétien où l’occident a puisé son dynamisme créateur.

Un arbre coupé de ses racines et de sa branche maîtresse peut-il survivre ?

L’immense prestige acquis par la connaissance scientifique est parfaitement justifié, mais la puissance d’action concrète des techno-sciences qui en découlent ne doit pas éblouir au point de mépriser toute réflexion métaphysique. Il faut plaider pour le respect de la hiérarchie des enjeux, qui n’est pas la hiérarchie des prestiges : l’eau est infiniment plus précieuse que le plus prestigieux des champagnes.

Le pape François fait entendre le bruit d’une source qui coule depuis vingt siècles. Il semble avoir percé le mur de l’hostilité médiatique : la grosse bête tonitruante et cracheuse d’insignifiance a émis un grognement de surprise. Des veilleurs prêtent l’oreille au bruit de la source et agissent localement. On n’entend pas l’herbe qui pousse.

Si ce travail pouvait contribuer, si peu que ce soit, à développer la renaissance d’un dialogue, qui s’amorce timidement, entre science et religion, il ne serait pas complètement inutile. Un dialogue basé, sur un commun esprit de recherche, tendu vers une Vérité inaccessible, par des chemins différents, mais nullement contradictoires.

« Tout ce qui monte converge » (Teilhard de Chardin)

Les chercheurs de vérité sont désormais éloignés de tout triomphalisme : après bien des excès, l’Eglise en est durablement guérie ; et du coté des sciences de la nature, les physiciens font le constat stimulant de « L’ étendue de notre ignorance », titre significatif de l’introduction à « Demain , la Physique » (Ed . Odile Jacob, 2004) : un livre rédigé par les meilleurs spécialistes, qui balaie les derniers débris du scientisme.

Une forme d’humilité leur est commune, « cette science souveraine qui ne souffre pas de contrefaçon » (Paul Baudiquey, à propos d »Erasme).


Rencontre avec André Girard, auteur de « D’un chanoine à l’autre »

http://www.edilivre.com/communaute/2015/02/10/rencontre-avec-andre-girard-auteur-de-dun-chanoine-a-lautre/#.VUHphNrtlBc

http://www.librairieflammarion.fr/livre/7906502-d-un-chanoine-a-l-autre–andre-girard-edilivre-aparis

http://www.leslibraires.fr/livre/7906502-d-un-chanoine-a-l-autre–andre-girard-edilivre-aparis

https://twitter.com/


Vient de paraître :

D’un chanoine à l’autre – De Copernic à Lemaître Des « Somnambules » parlent aux veilleurs

Par André Girard

238 pages, 18,50 euros (11,10 au format PDF)

http://www.edilivre.com/d-un-chanoine-a-l-autre-de-copernic-a-lemaitre-20cf04801d.html#.VUHrNdrtlBc

ISBN : 9782332851994