La musique de la crèche - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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La musique de la crèche

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« Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! »

© Pascal Deloche / Godong

«Bergers, écoutez la musique angélique des anges du grand Dieu. Il vient de naître en ce lieu un Seigneur doux et pacifique. » Depuis la petite enfance, ce cantique de Noël résonne en moi et, aujourd’hui encore, me renvoie au pied de la crèche, pour la prière du soir en famille. Mon père devait sans doute l’avoir appris dans sa propre enfance. J’ignore son origine, peut-être pas si ancienne qu’Entre le bœuf et l’âne gris qui daterait du XVIe siècle. Mais depuis des générations, nos cantiques de Noël peuplent notre imaginaire, façonnant une sensibilité que l’on a bien tort de sous-estimer ou de mépriser.


Dans les hymnes et les cantiques


Maurice Barrès avait repris une expression de saint Thomas d’Aquin dans son Lauda Sion : « Loue ô Sion, ton Rédempteur, ton chef et ton pasteur dans les hymnes et les cantiques. » In hymnis et canticis ! Expression magnifique, que l’écrivain trouvait significative de l’éveil du plus jeune âge à une perception du monde. La meilleure pédagogie passe d’abord dans la formation délicate de l’âme, avec la poésie des mots, des sons et des images. Voilà, certes, qui nous renvoie très loin d’une conception rationaliste de l’éducation, même si l’éveil à la raison est, d’évidence, aussi important. Mais un équilibre s’impose entre les deux domaines de la rationalité et de la sensibilité. C’est ce qu’on a ignoré souvent dans les années post-conciliaires, avec une sorte de rage iconoclaste qui s’en prenait surtout aux plus humbles témoignages de l’art populaire. Combien de statues brisées ou remisées dans les coins sombres ! Et les crèches faisaient aussi l’objet d’un même ostracisme, trop suspectes de nous éloigner de ce qu’on appelait « un christianisme adulte ». Pour vider les églises, on n’avait pas trouvé de moyen plus efficace.


Peut-être a-t-on dépassé ce moment iconoclaste, avec la réhabilitation des crèches et même leur présence dans l’espace public, jusqu’aux portes des mairies. La fureur d’une minorité de « libres penseurs » n’empêche pas une large adhésion populaire, très au-delà des catholiques pratiquants ou non. À Béziers, par exemple, toutes les autorités religieuses assistent à l’inauguration de la crèche municipale. Les populations sont avides de renouer avec ce qui fonde leur personnalité culturelle, en continuité avec un passé inscrit dans leur paysage et jusque dans le moindre des villages.


Mais il nous faut revenir aussi au foyer domestique, à la crèche installée à la veille de Noël dans la maison jusqu’au 2 février, fête de la Présentation de Jésus au Temple. Elle est bien là, présente dans sa naïveté touchante. L’Enfant Jésus couché dans sa mangeoire, sous le regard aimant de Marie et sous la protection de Joseph qui, bientôt, sera contraint d’emmener l’enfant et sa mère en Égypte. Les anges aussi sont présents dans les hauteurs, conformément au récit évangélique : « Il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : “Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime.” » Les bergers sont là accourus à l’appel du premier d’entre ces anges.


Pédagogie directe


Tout cela est représenté de la façon la plus concrète aux enfants qui contemplent le mystère en pleine lumière. Et le cantique accompagne l’Évangile en images de terre cuite : « Après les pasteurs des villages, les mages sont venus en ces lieux pour adorer le roi des Cieux et lui rendre tous leurs hommages. »


Quelle catéchèse plus efficace pourrait remplacer cette pédagogie directe, qui nous place devant l’évidence de Dieu qui s’incarne ? Mais la musique angélique souligne le message venu du Ciel sur notre terre. Et de génération en génération, on reprend à la suite tous les cantiques qui célèbrent la grande nouvelle : « Aujourd’hui nous est né un Sauveur ! »