Les résultats d’un sondage lu dans un journal : l’impression d’être pauvres est ressentie par 37% des Français ! 44% disent ne l’avoir jamais connue mais 58% des jeunes craignent d’avoir à subir ce malheur.
La pauvreté est-elle un malheur ? La misère assurément car elle détruit le cœur de l’homme, mais la pauvreté ? Sans doute est-elle éprouvée ainsi parce que le roi des pensées humaines, aujourd’hui davantage encore qu’hier, est l’argent, l’or, les billets de banque ! On oublie facilement la pauvreté culturelle qui est pourtant pire, mais on y supplée par ce qu’offre la télévision, si misérable que ce soit trop souvent…
Chacun ou presque pense que sa dignité dépend de son niveau de vie, ce qui est d’une bêtise suprême qu’instille en chacun de nous la plupart des films, des journaux, des divertissements publics !
De quoi parle-t-on d’abord dans nos médias ? Qu’est-ce qui « compte » au final ? La croissance, le crédit, la puissance du porte-monnaie, le prix des choses indispensables et de celles qui le sont beaucoup moins ou pas du tout. La jalousie porte ses flèches en premier sur la richesse de l’autre, un voisin, un personnage huppé « vu à la télé ». Il a un plus bel appartement, des tableaux qui valent une fortune, « des » voitures qu’il change tous les ans, une résidence secondaire en Provence, une autre à la Martinique, une troisième à New York…
L’adoration manifestée aux étoiles des sports, surtout à celles du piedballon, pour imiter la formation des mots en anglais puisque cette langue est devenue également une idole, semble une ivresse incontrôlable et par là maléfique, qui peut aller jusqu’au crime : ces étoiles en fausse monnaie touchent des sommes fabuleuses qui dépassent l’imaginable, plus outrées que les prix atteints par les toiles les plus emblématiques du génie humain…
– Oui, mais monsieur, les piedsballeurs dont vous parlez, eux aussi ont du génie, celui de la foulée, du « ziguezague », de la frappe, de l’anticipation, du coup d’œil ultra rapide…
– Sans doute, sans doute, mais cela passe à la vitesse de la mort ; l’œuvre de Van Gogh subsiste, son coup de pinceau, sa vision intérieure, quelque chose de son âme immortelle… Et lui, ce peintre, il a vécu dans la misère… Ce n’est qu’après que ceux qui le connurent vivant purent enfin faire valoir cette vision unique et géniale…
Souvent, la pauvreté est difficile à vivre parce que ce que l’on gagne par son travail ne suffit pas à se procurer la plupart des « machins » qu’inventent les industriels : le « smartphone » dernier cri, ou l’« iPhone » de dernière génération, dont les coups d’usage sont fort élevés, et c’est pourquoi je n’en veux pas. Mais quel diable pousse mes contemporains à croire qu’il faut sans cesse s’appeler d’un bout de la rue à l’autre ? S’envoyer par centaines des essemesses qui ne disent rien ou quasi ? Que de temps perdu qui le reste à jamais alors qu’on en a si peu et que notre vocation est de le vivre, nos de le rêver. D’autant qu’existent plein d’astuces pour aller de l’avant : les bibliothèques municipales par exemple, sous-visitées, n’existent que parce que l’on n’a pas les moyens de s’offrir une collection de livres qui d’ailleurs seraient la plupart du temps impossible à caser dans les minuscules espaces qu’on offre à la plupart d’entre nous si nous avons le malheur de ne pas habiter à la campagne.
Etc.. Car le sujet est presque infini…
Je ne nie pas que la pauvreté est exigeante et que l’on n’a pas tous les jours la force de l’affronter : mais je la considère parfois comme une véritable amie, qui empêche de perdre ce temps précieux. Je ne dirai certes pas la même chose de la misère.
Le malheur qui devrait être au centre de toutes les préoccupations est celui-là, celui de la misère. La pauvreté, chez un être fort, debout, lucide, vivant d’autre chose que du matérialisme si cher à l’Occident apostat, est capable de la porter avec dignité, courage, endurance, mais la misère !… Il faudrait être un surhomme pour la vivre sans couler au fond du désespoir ! Ou du fatalisme ! Ou de l’indifférence envers tous les autres comme envers soi-même, comme envers tout. Mais je vois que dans notre pays des milliers d’êtres humains, hommes et femmes, n’ont pas de chambre la nuit pour y dormir. Ne vivent que de mendicité car ne trouvant aucun travail ou bien parce qu’ils sont inaptes à tout travaux.
Je connais l’objection : « L’homme doit vivre à la sueur de son front ». Mais celui dont je parle ne connaît pas la joie de pouvoir essuyer son front plein de sueur, ne fut-ce que virtuellement… Le labeur des mains vaut le labeur des neurones, ne serait-ce que les mains ont besoin des neurones… Je tape mes textes à deux doigts sur le clavier de l’ordinateur : je suis, on le voit, dramatiquement maladroit, ce qui m’autorise à parler du travail manuel avec vénération et admiration.
Je ne sais rien des solutions qu’un gouvernement digne de ce nom devrait mettre en œuvre pour que la misère n’existe plus, à part construire assez de logements adaptés aux cas de chacun pour que plus personne ne vive dehors ou bien à cinq ou six et même plus dans un gourbi de 12 mètres carrés ;… à part mettre sur pied des organisations humanitaires en mesure de tout récupérer de ce qui est récupérable afin que cesse le scandale immense du rejet en poubelle de 50% de nos productions agricoles ; à part remettre en selle par des formations adaptées à chacun l’homme épuisé moralement afin qu’il puisse au moins tenter de trouver ou retrouver un « boulot », la dignité d’un travail capable de le sortir de cette misère tombale !
Quand je retrouve un document où sont notées, noir sur blanc, les exactions financières, aux montants si fabuleux qu’on n’en croit pas ses yeux, commises ces dernières années – inutile de remonter le temps car ce fut toujours ainsi probablement – et que, sur notre planète, nombre de gouvernants continuent de s’applaventrir devant ces criminels – j’excepte naturellement ceux qui refusent de s’agréger à ces mafias ou qui ne parviennent pas à imposer les solutions indispensables pourtant – il m’arrive de croire que seule la violence serait la solution : alors j’ai tort, certes, car la violence suppose des armes, les armes supposent que l’on s’en serve, et si l’on s’en sert on trouvera toujours quelqu’un pour élargir le cercle et faire entrer le monde entier dans la grande cuve d’un nouvel enfer, comme ce qui est en trains de se passer en Syrie, où aucune solution n’apportera la paix, ni le dictateur actuel ni les islamistes qui noyautent l’armée rebelle.
Ce qui est inadmissible, messieurs du Pouvoir central, c’est que la Justice n’a pas été saisie, c’est-à-dire que vous avez refusé en connaissance de cause de lui donner les arguments juridiques nécessaires, par exemple séparer drastiquement tout ce qui touche à la spéculation de tout ce qui concerne le service aux particuliers. Et formuler des principes forts comme des murailles afin que soit parfaitement circonscrit (ou presque, la perfection n’étant pas humaine) l’espace dans lequel cette spéculation pourrait s’exercer librement quoique, en premier lieu, utilement pour l’ensemble de l’humanité. Et interdite l’usure pharamineuse1 dont usent les banques lorsqu’elles accordent des prêts : cette usure, je la connais, elle m’a obligé à vendre la maison que ma femme et moi avions « élevée » comme devant être le sanctuaire de notre famille… L’usure est un poison qui pollue tout vie économique : il conviendrait de lui appliquer le fameux slogan jamais respecté : « Aux pollueurs de payer ».
L’utopie, je le sais, a un bel avenir devant elle…