La médecine, comme si le catholicisme était concerné. - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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La médecine, comme si le catholicisme était concerné.

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J’ai passé deux journées merveilleuses fin octobre à la convention annuelle de l’Association Catholique de la Médecine, qui se tenait cette année à Santa Barbara, en Californie. Pas mal du tout — les professionnels catholiques de la médecine sont loin d’être nuls. Mais le plus appréciable était de se trouver parmi 500 participants, médecins, infirmières, pharmaciens, chiropracteurs, soignants divers, passionnément consacrés à l’art des soins, et tout autant à la foi catholique.

Oui, vous avez bien lu, ils étaient 500, seulement ceux qui avaient pu se libérer pour y participer. Si vous ne prêtez attention qu’aux jugements de sources laïques, vous pourrez croire qu’ils font tous leur trou, ou vont le faire, avec les édits du Ministère de la Santé et des Affaires Sociales, jouant un jeu ambigu avec les questions de vie posées par ses règles et essentiellement différentes de leur fondamental.

Erreur, sans doute — comme je m’étais moi-même trompé. Il existe en fait une part significative de la communauté médicale catholique attachée aux principes et soucieuse de bien marquer ce qu’être catholique implique de nos jours.

Ne soyez pas étonnés qu’ils aient sollicité des membres de l’équipe de « The Catholic Thing » et autres amis pour intervenir: Matt Hanley, du Centre National Catholique de Bioéthique, Christopher Kaczor, de l’Université Loyola de Marymount, et Andreas Widmer, de l’Université Catholique d’Amérique, parmi bien d’autres.

Matt Hanley a prononcé deux excellentes conférences associant, comme il l’a fait souvent pour « The Catholic Thing » une soigneuse réflexion morale à des preuves d’expérience dans le domaine de la santé publique. Par exemple, saviez-vous qu’aucune étude n’apporte la preuve que le « Programme de Réduction de Risque — par exemple la fourniture de préservatifs pour stopper la diffusion du Sida en Afrique — ait eu des effets mesurables sur cette épidémie, sauf peut-être d’encourager les gens à adopter un comportement à risque en croyant être protégés?

En contraste, dans plusieurs pays d’Afrique où on n’a pas pris les gens pour trop arriérés et où on a enseigné comment éviter le risque — fidélité et chasteté — au lieu de chercher des solutions techniques par le « programme de réduction de risque », il y a eu une nette régression des effets du Sida et de sa propagation.

À propos, S.S. Benoît XVI l’a bien noté voici quelques années, comme montré par des recherches pratiques, et sous la moquerie et les ricanements de beaucoup. Notre culture n’a nul besoin de science pour apprendre ce qu’on sait déjà.

Le principe soutenu par Hanley de traiter les gens en responsables, même de pauvres Africains, fut renforcé par Andreas Widmer, ancien Garde Suisse, auteur d’un article paru dans « The Catholic Thing », et qui a publié un livre sur son expérience d’entraineur sous le pontificat de Jean-Paul II. Ces dernières années, il s’est efforcé de réunir les principes catholiques sur la personne humaine et le devoir de développement en des régions comme l’Afrique.

Le cas de l’Afrique est instructif. 12% de la population mondiale reçoit un tiers des dons philanthropiques du monde. Et, pourtant, elle est toujours relativement sous-développée. Pourquoi? Pour Widmer la situation dépendrait, au moins initialement, de questions et de conseils. En cas de crise, on fait face, mais l’aide doit rendre son bénéficiaire auto-suffisant. Sinon, on crée une situation de dépendance.

C’est sans doute valable pour ceux qui ne considèrent pas que tous les êtres humains sont libres, responsables, créés à l’image de Dieu. Ou pour les célébrités bien-pensantes mais mal conseillées, comme Bill et Melinda Gates ou le rocker Irlandais Bono (catholique), selon Widmer. Mais l’aspect humain du donateur comme du bénéficiaire doit être soigneusement pesé afin que la personnalité de chacun soit toujours respectée. La philanthropie a un rôle certain dans ces régions troublées, mais son but final devrait être de faire disparaître sa propre raison d’être en aidant les gens à acquérir la maturité nécessaire pour se prendre en mains.

Je n’ai pas cité — je voulais traiter d’abord ces propos — un des thèmes traités lors de la convention de cette année, « médecine et justice sociale ». Mais les organisateurs n’ont pas fait appel aux clichés habituels. Ils ont tout placé, comme vous pouvez l’avoir senti avec ce qui précède, sous l’emprise d’une authentique pensée catholique sociale. Mgr. Robert Vasa, Évêque de Santa Rosa, personnage de plus en plus influent aux États-Unis, célébra la messe chaque matin, et en toute bonne foi déclara, ayant entendu les conférences fort bien structurées sur la médecine et la justice, être encore plus émerveillé que précédemment.

Et c’est tant-mieux, car contrairement aux opinions répandues cil ne s’agit pas de simples questions soulevées par Obamacare, qui voudrait donner des leçons au monde entier. Mais l’Association Médicale Catholique est allée de l’avant, lançant l’alarme devant les menaces injustes qui se profilent à l’horizon.

J’ai souvent pensé que nous décrire comme allant vers un « destin de mort » et autres horribles perspectives ouvertes par les réformes en cours du système médical était un brin éxagéré. Ayant écouté un intervenant passionné parlant du « POLST » (Programme médical d’accompagnement en fin de vie) ), je ne doute pas, je suis certain qu’il faut être extrêmement vigilant à propos de tels programmes. « POLST » est présenté comme le plus efficace moyen de recueillir auprès de personnes en fin de vie leurs désirs exacts de mode de traitement. Mais les médecins bons catholiques ont constaté — et s’en sont inquiétés — comment ce système est mis en œuvre pour restreindre les traitements des vieillards sans qu’un médecin ait jamais entendu leurs souhaits. Et ils savent même comme ces façons de faire trompeuses sont subtilement incluses dans les programmes privés de traitements médicaux.

Au-delà de la qualité des intervenants, des ouvertures spirituelles, des informations, j’ai été frappé par l’esprit dominant de cette assemblée — non seulement soucieux d’informer les participants (déjà engagés dans cet esprit). Mais c’est un groupe conscient d’agir contre une culture opposée à la grande tradition de la médecine depuis les origines du Serment d’Hippocrate jusqu’à nos jours.

Ils auront bien des combats à mener. Mais quel bonheur de savoir que des professionnels de la médecine, hommes et femmes bons catholiques œuvrant dans le domaine de la santé ont à cœur et à l’esprit de faire quelque chose contre la contrainte dominante.


Logo de l’Association Catholique de la Médecinee.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/medicine-as-if-catholicism-mattered.html