LA LOI NATURELLE A ENCORE DE L'AVENIR - France Catholique
Edit Template
Rechristianiser la France
Edit Template

LA LOI NATURELLE A ENCORE DE L’AVENIR

Copier le lien

La dernière livraison de la revue Liberté politique est consacrée à la loi naturelle. Bonne occasion pour se pencher sur le sujet, car la formule a traversé les époques mais sa notion a connu des évolutions voire des interprétations différentes pour ne pas dire contradictoires et même opposées.

Une première définition que l’on peut donner de la loi naturelle est celle d’une loi de la nature qui ne souffre aucune exception, au motif que si une même cause entraîne toujours le même effet, on peut dégager une « loi » que suit les choses. On est là dans une approche mathématique. Si, au fil du temps, la loi de la nature semble évoluer alors que la réalité n’a pas changé, c’est simplement parce que les découvertes et les avancées scientifiques permettent de mieux la décrire. L’homme n’impose pas de « lois immuables à la nature » car ces lois existent indépendamment de lui qui se contente d’en donner des descriptions qui, à mesure du temps, en rendent mieux compte.

Une autre définition appelle à dépasser cette approche. La loi naturelle n’est plus seulement, dans ce cas, la « loi de la nature » mettant en évidence, par les sciences du vivant, les structures physico-chimico-biologiques du réel mais une notion théologique qui traduit avant tout la conviction que tout ce qui existe, loin d’être le résultat aléatoire du « hasard et de la nécessité », reflète, à travers son organisation même, une intention créatrice fondamentalement bonne. Comme l’écrit le Père Dominique Foyer, professeur de théologie morale, ce dessein d’amour de Dieu est perceptible par l’intelligence humaine et l’humanité est appelée à y participer par le travail de sa raison et de sa volonté. Des normes éthiques et morales peuvent alors s’enraciner dans cette loi naturelle: ce qui existe est porteur de sens et indique une direction pour l’action humaine. Étant donné que la loi naturelle est accessible à la raison humaine qui se penche sur le réel pour l’observer et le comprendre, elle est – au moins en droit – compréhensible et recevable par tout être humain de bonne volonté, ce qui lui imprime, d’emblée, un caractère d’universalité.

En investissant le champ philosophique et politique, la loi naturelle s’est vu apporter de nouvelles définitions. Si, en théologie, la loi naturelle est compatible avec la raison, pour le philosophe anglais Thomas Hobbes, elle est une découverte de la raison sur laquelle se mettent d’accord les individus et qui, de ce fait, revêt un caractère prescriptif qui n’est pas séparable de l’ordre divin. Ainsi la loi naturelle, ou plus exactement les lois naturelles, constituent-t-elles un ensemble de contraintes qui sont commandées par la raison pour assurer à l’homme sa bonne conservation, la première d’entre elles étant l’élaboration d’un contrat social par lequel chacun renonce à des droits en vue d’établir la paix et le respect de la justice, ce que contestera plus tard Jean-Jacques Rousseau qui, répondant à la question posée par l’Académie de Dijon « Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les hommes et est-elle autorisée par la loi naturelle ? » répondra que le contrat social, bien loin d’établir la paix, est le moyen de pérenniser les inégalités injustes. En fait, pour lui, il n’y a plus de loi naturelle dès lors que l’homme est sorti de l’état de nature.

Aujourd’hui, « dans une époque où la mondialisation tend à aligner les comportements moraux et les législations sur la seule règle de la tolérance relativiste, le risque est de renvoyer la recherche des repères moraux à la sphère religieuse, au cercle idéologique ou à la sphère privée. Dès lors, comment élever les sociétés à dépasser l’inertie grégaire pour concevoir politiquement l’exigence du meilleur ? » s’interroge Liberté politique. Pour la revue, la réponse est dans l’enseignement du magistère de l’Église mais chacun donnera la sienne propre. Pour autant, nul ne peut nier que la recherche collective et rationnelle du bien à désirer et du mal à éviter reste au cœur de l’homme et de tout projet de vie en société.

La loi naturelle, comme éthique universelle pour le plus grand bien de tous, éclairée par une saine raison et portée par une transcendance, a encore de l’avenir.