La culture de la précipitation, ou bien être à la bourre, ou bien s’agiter frénétiquement en tous sens, – les deux sont peut-être interconnectés – représente beaucoup plus Marthe et beaucoup moins Marie dans la vie. Marthe et Marie, comme vous le savez, étaient les deux sœurs qui recevaient Jésus chez elles dans l’Evangile de Luc. Jésus a montré que la meilleure part était celle de Marie contemplant Jésus, plutôt que celle de Marthe s’agitant pour préparer leur repas. Cette rencontre de Jésus avec les deux sœurs ressemble à un scénario d’une autre époque.
A l’heure actuelle, cependant, la rencontre avec le Christ implique la célébration de l’Eucharistie, ou la confession, ou un mariage. Ce sont des événements liturgiques. faits d’un tissu de mots, signes et actions qui se sont construits dans le temps.
Bâclez les considérations de temps, détournez les mots de leur sens, supprimez les silences et vous sabotez le sens de cette expérience.
Ces simples mots et actions ont une certaine puissance qui pénètrent jusqu’aux profondeurs de nos âmes, à condition que nous donnions à ces mots et à ces actions la part de notre attention qui leur est due et que nous savourions la justesse des mots et la plénitude de notre amour du Seigneur. Les liturgies ne sont pas tant des signes d’une autre époque que des signes empreints d’un sens authentique indépendamment de l’époque. Ils manifestent ce que c’est que d’être humains, à cet endroit précis, devant nos yeux.
Dans une société sans presqu’aucun moment formel qui se différencie de la culture jeans et chaussures de sport, la liturgie est le dernier bastion où les postures et les actions humaines, les paroles et le silence ont un sens authentique. Ce devrait être le lieu où nous retrouvons le sens profond de la vie. Nous pouvons apprendre comment nous tenir respectueusement, comment nous agenouiller avec dévotion, comment mettre notre cœur et notre âme dans les mots que nous prononçons, à être silencieux et à ouvrir nos cœurs à ce que nous entendons et voyons. Nous pouvons apprendre comment nous habiller pour montrer que nous avons véritablement conscience de en présence de qui nous sommes.
Dans la liturgie, nous sommes exposés et vulnérables sans aucun appareil électronique pour dresser des barrières numériques entre Dieu et les autres hommes. Bien sûr, nous dressons encore des barrières sociales pour essayer de réduire notre présence dans la communauté autant que nous le pouvons. Nous sommes pécheurs, nous ne devrions donc pas nous attendre à moins. Nous évitons de nous joindre aux chants ou aux réponses. Mais même dans ce cas, un petit ryon de lumière passe, un mot frappe, un sentiment persiste en nous lorsque nous nous en allons.
Les liturgies nous permettent de goûter le cours du temps. Une belle liturgie bien exécutée montre comment on fait bon usage de la langue authentique, – point de jurons, point d’insultes , point de propos désobligeants. La langue de la liturgie est noble et respectueuse comme devrait être toute réelle communication. Imaginez ce que cela pourrait produire si 50 millions de catholiques parlaient respectueusement. !
Par ailleurs il y a des phrases entières que les gens doivent dire. Quant au contenu- il y a tant de majesté dans le contenu concernant notre place dans le plan de notre Dieu aimant et généreux ! Tout est fait dans l’espoir que nous exposer à cette merveille, nous orientera, nous guérira et nous élèvera. Le contenu assez riche pour nourrir le reste de la journée. Le football, c’est bien, mais ce contenu de la liturgie est meilleur, il peut être médité, intériorisé et contrairement au football, il sauve..
La notion du temps dans la liturgie contraste totalement avec la notion du temps habituelle complètement divisée entre travail et loisir. La vie c’est beaucoup plus que cela. La liturgie nous le montre. A un mariage, spécialement quand on a passé plus de temps pour les tenues et le placement des invités que pour le spirituel, la liturgie parvient encore à mettre les gens en face à face avec l’union d’un homme et d’une femme incarnant l’union du Christ avec son Eglise. Toute personne présente si elle a été bien instruite, sait ce qu’elle doit attendre de ce couple pour le reste de leur vie : de vivre l’union du Christ avec son Eglise.
Cela vaut la peine de le dire : la liturgie n’est pas commerciale. Les meutes de pressions qui nous transforment en consommateurs passifs de valeurs et des produits qui remplissent le temps sont éteints dès que nous entrons dans une église. Nous pouvons laisser derrière nous toutes les questions futiles, à moins, bien sûr que nous les portions avec nous dans nos têtes, tel un virus qui nous attaque jusque dans les lieux saints. Quel courriel ai-je reçu depuis que j’ai quitté mon ordinateur, il y a une heure ? Ai-je bien éteint mon fourneau ? Pourquoi porte-t-elle ce chapeau ?
Voilà ce qui est le plus important : les liturgies nous rappellent notre participation au salut qui continue à se dérouler en nous et autour de nous. Nous participons et pendant un court instant, nous avons conscience de ce qui est vraiment important.
Nous voyons, éclairés par la grâce, quelle est notre place dans ce grand drame. Si c’est moi qui me marie, alors c’est ce que cela signifie, – il me faut oublier ce que j’ai vu : à la tv dans Oprah ou the Kardashians. Si je suis la marraine pour un baptême, je sais, grâce à la liturgie, ce que je dois faire, parce que je ne suis pas un « pot de fleurs » à cette cérémonie, ni d’ailleurs après. A la messe nous apprenons quelle est la voie à suivre pour nous pour le reste de notre vie.
La liturgie est le point de repère de la vie.
Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/03/08/liturgy-the-benchmark-of-life/
Tableau : « Le Christ dans la maison de Marthe et Marie » de Johannes Vermeer, 1655 [National Gallery of Scotland, Édimbourg]
