La jurisprudence Boutin - France Catholique
Edit Template
Pèlerinage de Chartres : Pour que règne le Christ !
Edit Template

La jurisprudence Boutin

Si la renonciation de Christine Boutin à un cumul de rémunérations faisait jurisprudence, son cas passerait de celui de bouc-émissaire à celui de déclencheur d'une révolution...
Copier le lien

Des hauts responsables qui touchent 9500 euros par mois pour une mission et même plus de 18 000 euros en cumulant des retraites ou des fonctions, il y en a en France, dans la politique, l’administration et aussi les grandes entreprises privées mais qui sont administrées par des gens issus des mêmes sérails. Ancien secrétaire d’État aux Affaires européennes et ac­tuel président de l’Autorité des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet a par exemple reconnu que sa rémunération de 300 000 euros par an pourrait être réduite… de 20 à 30 %. Roselyne Bachelot a confirmé qu’elle cumulait sa retraite de parlementaire et son in­demnité de ministre de la Santé, etc.

Alors, pourquoi la réprobation médiatique est-elle tombée juste sur Chris­tine Boutin qui venait de se voir confier une mission gouvernementale, payée 9 500 euros par mois, qui s’ajoutaient à ses 6 000 euros de retraite parlementaire et à son indemnité de conseillère générale des Yvelines ? D’abord parce que quelqu’un de haut placé a probablement transmis le contrat (alors que Christine Boutin ne l’avait pas encore reçu !) au journal satirique Le Canard Enchaîné

Mais pourquoi elle ? « Dé­lit de sale gueule et de sale religion », a dit le chroniqueur Guy Carlier – souvent bien plus méchant – sur Europe 1.

On voudrait pouvoir rap­peler que Chris­tine Boutin n’a commis au­cune faute. Écartée du gou­­vernement alors qu’elle n’avait pas démérité, il semble que le président Sarkozy et son Premier ministre se sont rendu compte qu’elle était plus utile dedans que dehors et lui ont proposé cette mission d’étude dans le cadre de la préparation de la future présidence du G20 par la France.

Il s’est trouvé un chroniqueur catholique pour ironiser sur les compétences de Christine Boutin en matière de mondialisation. C’est mal connaître ses capacités de travail et d’animation des équipes de haut niveau. Ce genre de commentaire vise surtout à accuser Christine Boutin d’avoir « vendu son ralliement » à Nicolas Sarkozy pour les prochaines élections présidentielles…

Devant le tollé, Christine Boutin a aussitôt renoncé à la rémunération prévue. C’était en effet la seule chose à faire.

Ainsi ses ennemis se ré­jouissent-ils car elle aura moins d’ar­gent et sera donc moins ef­ficace. Pour soutenir des associations de défense de la vie par exemple ! Le but qui semble avoir été visé a surtout été de la mettre publiquement en contradiction avec ses fondamentaux chrétiens (solidarité avec les pauvres, éthique du don, opposition à la logique libérale, etc.). Le scandale risque d’assécher les sources de financement du Parti chrétien démocrate qu’elle pré­side. Il y en a que cela arrange.

Cela dit, on comprend aussi que les Français, dont on connaît la passion égalitariste (pour les autres) trouvent que Madame Boutin gagne encore trop, alors qu’on leur promet de suer sang et eau dans un inévitable plan de rigueur à l’allemande…

Et si cette affaire devenait une occasion de réduire vraiment le train de vie de l’État ? Christine Boutin, a émis combativement l’hypothèse que son cas devait faire « jurisprudence », ce qui est poser la question de manière juridique. Dans cette affaire en effet, on est frappé par le fait que respecter la loi n’est plus source de protection et que, dans ces conditions, toutes dérives ou violences deviennent possibles. Sans compter que l’autorité du chef de l’État, par effet de boomerang, est frappée puisque c’est lui qui a décidé cette mission et que les moyens ont été décidés par l’Élysée. Tout cela n’est pas gage de paix sociale…

François Fillon l’a compris, qui a demandé au secrétaire général du gouvernement de « veiller, sans délai, à ce que les rémunérations éventuellement octroyées à des personnalités chargées d’une mission par toute administration de l’État soient cadrées selon une doctrine uniforme afin d’éviter toute ambiguïté. »

Mais revenons à l’aspect purement financier. Ne cherche-t-on pas 100 milliards d’économie ? Éric Woerth ministre du Travail, a suggéré que la retraite parlementaire ne soit plus cumulable avec tout autre revenu public. Mais en vérité c’est le mécanisme de cette retraite parlementaire, dont le déséquilibre excessif est à la charge du contribuable, qui se voit fortement contesté. Et puis tous les grands patrons, les administrateurs des grandes sociétés, sont dans le collimateur.

Sommes-nous à la veille d’une véritable purge des hauts revenus ? Nous aimerions y croire.

— –

http://actu.orange.fr/le-talk/

http://www.linternaute.com