La France, terre mariale - France Catholique
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La France, terre mariale

Notre-Dame de Liesse, du Saint-Cordon, de Malaise... L’omniprésence des sanctuaires mariaux souligne la place éminente de la Vierge dans notre pays.
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Notre-Dame du Saint-Cordon, portée en procession à Valenciennes. © Facebook / Ville de Valenciennes

Une des caractéristiques de la fille aînée de l’Église réside dans le culte marial répandu dans toutes ses régions. Il n’est pas un seul diocèse qui ne dispose de son sanctuaire dédié à la Vierge Marie. Ainsi dans le diocèse de Soissons, auquel je suis lié par ma naissance, les fidèles sont particulièrement attachés à Notre-Dame de Liesse, avec sa statue médiévale qui ressemble à celle qui est vénérée au Puy-en-Velay. Le village qui porte ce nom est situé à quelques kilomètres de la célèbre colline de Laon, la colline couronnée, elle-même dominée par sa superbe cathédrale dédiée à la Mère de Dieu. Chaque année, le lundi de la Pentecôte, un grand rassemblement diocésain autour de l’évêque de Soissons, Mgr de Dinechin, permet des retrouvailles pour des catholiques venus de l’ensemble de l’Aisne. Fin mai, c’est un pèlerinage pour les musulmans convertis qui est organisé. Un de mes souvenirs d’enfance, particulièrement ancré dans ma mémoire, est lié à la cérémonie solennelle au cours de laquelle l’évêque d’alors, Mgr Pierre Douillard, procéda au recouronnement de Notre-Dame de Liesse, la couronne d’origine ayant été scandaleusement dérobée.

Tour du Saint-Cordon

En remontant vers le nord, l’attention se porte sur la grande procession qui a lieu chaque année à Valenciennes, le deuxième dimanche de septembre. Appelée Tour du Saint-Cordon, elle se réfère au cordon écarlate angélique qui entoura la ville pour la protéger de la peste, à la demande de Marie lors d’une apparition. Depuis plus d’un millénaire, la procession du Saint-Cordon se déroule au milieu d’une grande ferveur. Elle est pour Valenciennes une marque d’identification historique, même civique, à tel point qu’elle a été classée à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de France en 2023.

Pour des raisons familiales, je serais tenté d’associer à Notre-Dame du Saint-Cordon un autre lieu de pèlerinage du diocèse de Cambrai, beaucoup plus humble mais dont l’origine mystérieuse lui confère une certaine valeur. Tout un quartier du village d’Odomez a reçu le nom de Notre-Dame-au-Bois, signe que la piété mariale lui était attachée de longue date. Il y avait d’ailleurs au sein de ce quartier une chapelle dédiée à Notre-Dame de Malaise, un nom singulier dont on avait de la peine à discerner le véritable sens, sauf à l’attribuer simplement à la protection à l’égard des maladies.

Notre-Dame de Malaise. © Ville d’Odomez

Trésor du XIIIe siècle

À l’intérieur de cette chapelle, se trouvait une statue engoncée dans une niche, vénérée sans doute mais dont nul n’imaginait à quel point il s’agissait d’un inestimable trésor artistique du XIIIe siècle. C’est l’abbé Gaston Coustenoble, nommé curé de la paroisse à la veille de la Seconde Guerre mondiale, qui, sortant la statue de sa niche, découvrait quelle merveille elle était. Même son visage d’une extraordinaire finesse au sourire maternel était resté caché dans l’obscurité et l’on ignorait tout du drapé de sa robe. Il s’agissait d’une Vierge à l’Enfant, qui avait échappé jusqu’à l’inventaire des lieux historiques et que nul récit ne reliait à ses origines et à sa création.

Mais l’abbé Coustenoble, mon oncle et parrain, décida qu’il y avait lieu d’attiser la piété de la paroisse autour du culte de cette précieuse statue, laquelle réapparut dans sa splendeur, notamment au cours d’une grande procession organisée le 15 août et précédée d’une neuvaine de prières et de conférences. Se posait toujours la question de ce nom mystérieux de « malaise ». Un article de journal attira un jour l’attention du curé. Il y était question de l’origine médiévale du mot « malaise », qui se référait à une sorte de cage dans laquelle était enfermé un détenu dans des conditions particulièrement malaisées. Invoquer Notre-Dame de Malaise, n’était-ce pas l’implorer pour se délivrer de toutes les prisons où nous sommes enfermés ?