« La Croix : notre trésor et notre espérance » - France Catholique
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« La Croix : notre trésor et notre espérance »

Nouveau recteur du nouveau sanctuaire de la Vraie Croix d’Anjou (cf. FC N°3869), le Père Romuald Fresnais est installé le 14 septembre.
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© Pierre Sabatié

Quelle est la vocation du sanctuaire de Baugé-en-Anjou, qui a été inauguré le 8 juin dernier ?

Père Romuald Fresnais, C.S.C. : Ce sanctuaire n’a pas d’autre raison d’être que la présence de la relique de la Vraie Croix d’Anjou. Notre évêque, Mgr Emmanuel Delmas, tient à ce qu’il soit un lieu de compassion et de miséricorde, avec la possibilité de se confesser facilement, discuter et repartir avec une certaine consolation. C’est un lieu accueillant où chacun, touriste ou pèlerin, peut être nourri spirituellement.

Membre de la congrégation de Sainte-Croix, vous serez installé comme recteur lors de la fête de la Croix glorieuse, le 14 septembre. Est-ce à dire que vous entretenez un lien particulier avec la spiritualité de la Croix ?

C’est une date qui me parle beaucoup en effet : qu’un Père de Sainte-Croix devienne recteur du sanctuaire de la Vraie Croix, c’est beau et m’oblige à une conversion personnelle ! La spiritualité des Filles du Cœur de Marie, « O Crux ave, spes unica », rejoint la devise de notre congrégation et rappelle que la Croix est notre unique espérance.

Comment faire rayonner un jeune sanctuaire dans un monde sécularisé ?

Il faut faire connaître le trésor de la Vraie Croix. La dimension patrimoniale de la relique peut être une bonne amorce pour nos contemporains. Il y a une catéchèse à développer autour de la Croix du Christ en revenant aux fondamentaux : que me dit la Croix sur le Salut que le Christ m’a offert par sa Passion, sa mort et sa Résurrection ? Nous avons tendance à gommer la réalité de la Croix. Les chemins de Croix sont fréquentés certes le Vendredi saint, mais un peu moins les autres vendredis de l’année. On attache moins d’importance à faire maigre le vendredi, alors que la Croix fait partie de manière constitutive de notre foi. Dès le baptême, nous sommes marqués du signe de la Croix. Notre emblème, en pendentif, est souvent la Croix, c’est notre signe de ralliement. Elle nous rappelle, de manière insigne et unique, jusqu’où le Seigneur nous a aimés. Comment est-ce qu’aujourd’hui je peux comprendre l’amour du Christ qui s’est manifesté pour moi, comprendre que ce Salut acquis il y a 2 000 ans est encore opérant aujourd’hui ? Comme écrit saint Paul : « Le langage de la Croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte ; pour ceux qui vont vers leur Salut, il est puissance de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile. » Pour saint Paul, la Croix est indissociable de tout le message de l’Évangile.

Comment intégrer la Croix dans notre vie quotidienne ?

Demandons-nous : comment est-ce que je fais mon signe de Croix ? Distraitement ou dignement ? Comment la Croix est-elle représentée dans ma maison ? Est-ce que je prie devant ? Comment la Croix du Christ nous permet-elle de mieux vivre nos propres croix ? La Croix fait partie de nos vies. En liant nos croix à la Croix du Christ, en les vivant en communion avec lui, elles deviennent fécondes. Nous sommes appelés à être avec Marie au pied de la Croix. Le Christ a pris sur lui la malédiction qui aurait dû nous tomber dessus. Nous sommes appelés à cette contemplation du Seigneur qui donne tout pour nous.

Vous êtes aussi professeur dans un lycée, vous connaissez les aspirations des jeunes. Comment les conduire à la Croix de Jésus ?

J’enseigne les Lettres modernes au lycée Saint-Charles Sainte-Croix du Mans, qui a été fondé il y a plus de 150 ans par le fondateur de notre congrégation (cf. encadré). Lorsque le thème de la Passion est abordé en classe – et la littérature peut le proposer –, il faut d’abord faire connaître aux élèves la réalité de la Passion. Le jour du Vendredi saint, je leur ai rappelé ce que ce jour représentait. Il y a eu un silence incroyable dans la classe. De fait, quand on évoque la souffrance d’une personne, cela suscite toujours un grand respect, mais les élèves comprennent que, là, cela signifie davantage. D’un point de vue pédagogique, il faut leur expliquer ce qu’est la Passion du Christ et ce qu’elle traduit de l’amour de Dieu pour nous. J’ai remarqué que, quelle que soit leur confession, les élèves ont toujours un grand respect par rapport à la Croix du Christ et cette réalité du message de l’Évangile.

Basile Moreau : enseignant et missionnaire

La congrégation de Sainte-Croix a été fondée par le bienheureux Basile Moreau (1799-1873), prêtre au Mans après la Révolution française, afin de regrouper des prêtres et des frères pour répondre aux besoins nés des ravages subis par l’Église. Aujourd’hui, la congrégation compte plus de 1 500 membres dans le monde au service de l’éducation, des paroisses ou des missions étrangères. En Amérique du Nord, ils sont notamment présents à l’Oratoire Saint-Joseph (Montréal) et à l’université de Notre-Dame (Indiana). Leur dernière mission s’est ouverte en 2024 en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à la demande du Saint-Siège. 
I. B.