La coupe de cheveux : un compte rendu de Samson - France Catholique
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La coupe de cheveux : un compte rendu de Samson

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En 1935, Cecil B. DeMille paya à Harold Lamb, auteur de romans historiques, l’équivalent 2018 de 150.000 dollars pour une « adaptation » (environ une douzaine de pages) de l’histoire de Samson, tirée du Livre des Juges – si populaire était l’épopée biblique. Et le Samson et Dalila de DeMille fut un énorme succès, bien qu’il n’ait été porté à l’écran qu’en 1949. Ce film fit les plus grosses recettes de l’année 1950 et fut le précurseur du film du même réalisateur, qui eut encore plus de succès, Les Dix Commandements (1956), un remake de son propre film de 1923 du même titre (Son Roi des Rois de 1927 est à mon avis un des meilleurs films du cinéma muet). DeMille qui a presque fondé Hollywood, n’a jamais cessé de recourir à l’inspiration de la Bible.

Rendant compte des Dix Commandements pour le New York Times, Bosley Crowther a écrit : 

« Indiscutablement c’est un film qu’il faut voir en y cherchant quelque chose de plus que du divertissement si l’on veut en retirer le maximum de profit. Mais ceux qui entreront complètement dans son fondamentalisme, le trouveront saisissant et peut-être même spirituellement profond. »

Par « fondamentalisme » on peut supposer que Crowther veut parler de la fidélité du film à sa source biblique et qu’il serait probablement d’accord avec le jugement de Variety qui décrit Samson et Dalila comme « un film fantastique pour notre temps par sa dimension, sa somptuosité, la manière « à l’eau de rose » de raconter l’histoire et sa technique « vieux jeu ».

Ces jugements sont pertinents pour la plupart des films à grand spectacle inspirés par la Bible – au moins jusqu’au Jésus de Nazareth de (1977) Franco Zefirelli qui fut un pont entre ceux que Variety, deux décennies plus tôt avait appelés « les smarties et les hinterlanders ». J’en viens dans une minute à Mel Gibson.

Il est surprenant que l’histoire de Samson n’ait pas été reprise au temps du culturiste Schwarzenegger et des films qui se voulaient héroïques.
Peut-être est-ce parce que la connaissance de l’Histoire sainte a diminué chez les chrétiens américains. Notre Seigneur Jésus Christ, nous le connaissons bien, d’où le succès de La Passion du Christ (2004) de Mel Gibson – et le succès presque assuré du film qui va sortir La Résurrection, qui va sortir… si Gibson tient bon, ce dont je le crois capable, comme son succès avec Hacksaw Ridge (2016) le prouve. (Et bonne chance à Jim Caviezel qui interprète Jésus trois jours plus tard – quinze années plus tard – et sans être cette fois frappé par un éclair !)

De toute façon, pour réapparaître sur les écrans, Samson a attendu 2018 une année où – pour juger du Samson de Bruce Macdonald – l’énergie du péplum biblique est pratiquement épuisée. Tant pis parce que l’histoire de Samson est l’une des plus remarquables de toute l’Écriture, et vraiment, si vous n’avez pas lu Juges 13-16, vous vous devez de le faire.

Le film de Macdonald suit à peu près ce qu’il y a dans la Bible, mais il suit surtout et strictement les grandes lignes de ce récit terrible. Il est, pour parodier une phrase populaire, biblique sans être religieux. Et il n’y a pas non plus d’emprunt au Samson Agonistes de Milton, qui donc peut reposer en paix.

(Milton a écrit : « La promesse était que Moi/je devrais délivrer Israël du joug des Philistins ;/demande pour cela maintenant un grand Libérateur, et trouve-le/ sans yeux à Gaza au moulin avec les esclaves… » Je suis déterminé à utiliser ce dernier vers la prochaine fois que ma femme m’enverra ce texto : « Où T ? »

Le Samson de Samson (Taylor James) est un bagarreur, davantage comme John L. Sullivan ou bien un personnage de Fight Club plutôt qu’un homme qui remplit une mission divine, le dernier des Juges d’Israël. Nous apprenons que c’est un « nazirite pour Dieu » − un homme consacré à Dieu et voué à ne pas boire de vin, à ne jamais se couper les cheveux, et à toujours s’abstenir de toucher un cadavre. Bien sûr, Samson – biblique et cinématographique – ignore à peu près tout cela, sauf si vous croyez qu’il s’est toujours arrangé pour maintenir la distance d’une mâchoire d’âne entre lui et les corps des nombreux, nombreux Philistins, qu’il a massacrés. Et une coupe de cheveux et une coupe de vin entraînent sa perte.

Bien sûr le côté positif après le négatif − capture, aveuglement et emprisonnement, − c’est qu’il réussit finalement à faire la volonté de Dieu.

James est un Samson sérieux, bon dans les séquences de combat, mais la scène la plus remarquable du film, fidèle à la Source, est celle des renards enflammés qui courent dans la nuit. Le Livre des Juges nous raconte que Samson attrape 300 renards (des chacals dans certaines traductions), les lie deux par deux, attache aux queues des 150 couples ainsi formés des torches enflammées puis les laisse aller dans les champs des Philistins. Beau spectacle dans les ténèbres de la nuit.

Quant à la nuit, beaucoup de scènes de ce Samson sont tournées dans le noir, une technique que Mel Gibson n’emploie jamais dans ses films bien documentés, sans compter que Mel n’a jamais rien à cacher, ce que fait le noir, économisant de précieux dollars. Les séquences d’action du film − Samsonis contra omnes – sont trop longues et répétitives.

DeMille, un bon épiscopalien High-Church, appréciait le luxe de l’imagerie religieuse dans l’art occidental et le procédé du technicolor lui apporta une parfaite palette pour des récits bibliques. Mais, bien que Samson et Dalila soient en couleurs, le film est fade, entre autres parce que le Seigneur en est absent. La star, Victor Mature, prie mais à la fin son triomphe est plus une question de muscles que de foi. Tout de même, DeMille a fourni les fonds pour l’écran.

En matière de dépenses, le poste le plus important dans le Samson de Macdonald semble avoir été le budget de barbes. Les acteurs masculins – ceux qui jouent les Israélites en tout cas – commencent avec des barbes, reviennent avec des barbes plus longues, et reviennent encore avec d’encore plus longues barbes, sorte de gag involontaire qui concurrence le meilleur des Monty Pythons.

Samson est une façon tout à fait anodine de passer un bon moment. Mais on se dit que cela aurait pu être bien plus, je veux dire : plus, comme le font ces quatre précieux chapitres du Livre des Juges. Plus pour la foi en Dieu.

Samson a été produit par Pure Flix Entertainment et est évalué PG-13 [accord parental souhaitable, déconseillé aux moins de 13 ans NDT] quant à l’accumulation de cadavres, qui sont nombreux, toutefois moins nombreux que dans le film Die Hard. Je suppose que les renards qu’on a fait flamber dans le tournage de ce film étaient le résultat d’« effets spéciaux ». Avec Lindsay Wagner et Rutger Hauer comme parents du superman, Billy Zane comme méchant roi Balek et Caitlin Leahy comme Dalila. Elle est jolie, mais ce n’est pas Hedy Lamarr.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/02/19/the-haircut-a-review-of-samson/

Bande annonce du film

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=257224.html

https://www.imdb.com/title/tt6951892/videoplayer/vi502642713?ref_=tt_ov_vi

Lundi 19 février 2018