L’on imagine mal, en nos temps de tiédeur religieuse, le choc causé, en 1291, à travers la catholicité, par la chute aux mains de l’islam de Saint-Jean d’Acre, dernière place forte du royaume latin de Jérusalem, et la perte définitive des Lieux saints. Brusquement, toute possibilité de se rendre en Terre sainte et de suivre les traces du Christ, de sa Mère et des apôtres est anéantie. Certes, quelques courageux, prêts à braver tous les risques, continueront à tenter l’aventure, à leurs risques et périls, en obtenant de haute lutte des dérogations des autorités locales. Mais pour l’immense majorité des croyants, la route est fermée et le deuil immense.
C’est dans ce contexte que l’Église, face au désarroi des fidèles, recentre la piété autour du Saint-Sacrement, rappelant que le Christ est présent chaque jour parmi les siens, mais aussi autour des nombreuses reliques rapportées d’Orient depuis le IVe siècle, plus spécialement celles de la Passion, telle la Couronne d’épines rachetée par saint Louis. A-t-on pu rapatrier également en chrétienté des monuments entiers ? La question, âprement disputée, se pose à propos de la Santa Casa, la Sainte Maison de Lorette.
Au XIVe siècle
En 1313, l’on commence à signaler, non loin d’Ancône, dans les Marches italiennes, un afflux croissant de pèlerins au lieu-dit Loreto, dans un bois de lauriers. On y vénère une statue de la Vierge en bois de cèdre, donc d’origine orientale, et une icône attribuée au pinceau de saint Luc. Mais ce sont moins ces objets de piété qui attirent les foules que l’endroit les abritant.
