L'Église persécutée en Inde - France Catholique
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L’Église persécutée en Inde

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Après la décolonisation d’avec la Grande Bretagne en 1947, l’Inde, pays de un milliard deux cents millions d’habitants, institua une République Démocratique laïque garantissnt aux citoyens la liberté de pratiquer et répandre leur foi.
La chrétienté en Inde remonte à l’époque des Apôtres [Saint Thomas y a porté l’Évangile], mais ne compte de nos, jours que 2,5% de la population. En tout, dix-neuf millions et demi de catholiques.

Hélas, au vingt-et-unième siècle, la clause de liberté religieuse de la constitution indienne est méprisée par les fondamentalistes hindous qui ont planifié, coordonné, exécuté des progroms anti-chrétiens. Le jour de Noël 2008, par exemple, plus de 100 églises et bâtiments chrétiens furent pillés, saccagés ou détruits, et plus de 400 maisons de chrétiens mises à sac.

Depuis 2008, les terroristes hindous se sont focalisés sur le village de Kandhamal dans la jungle de l’État d’Odisha (ex-Orissa). Plus de 56.000 des 117.000 chrétiens habitant par là furent chassés de leurs habitations, 6.000 maisons furent réduites en cendres. Trois cents églises et lieux de culte ont été profanés ou détruits.

Les chrétiens sont persécutés non seulement en raison de leur foi, comme en Égypte ou en Syrie, mais parce qu’ils refusent d’embrasser la religion hindoue. En conséquence, des milliers d’indiens, dont des prêtres, des religieuses et des religieux, ont été sadiquement torturés. Beaucoup ont perdu un membre, d’autres ont été brûlés vifs. On compte plus de cent martyrs pour la foi.
En réaction à ces crimes odieux, S.E. Oswald Gracias, Cardinal Archevêque de Bombay, a déclaré: « Le sang des martyrs a toujours été une semence pour la Chrétienté. C’est un des mystères de la Croix! Je ne doute pas que de grandes bénédictions divines seront répandues sur les populations de l’État d’Odisha et toute l’Inde par la souffrance des chrétiens de Kandhamal. »

Mais le prix en sera lourd à payer. Dans son ouvrage « Early Christians of the Twenty-first Century » (Les premiers chrétiens du vingt-et-unième siècle) le célèbre journaliste indien Anto Akkara, qui est allé seize fois à Kandhamal, rapporte comment fut orchestrée la violence contre les chrétiens, et cite les témoignages de victimes et de leurs familles. Le livre récapitule une collection de plus de cent témoignages au Christ noyés dans le sang, éprouvés et purifiés par des souffrances indicibles.

Akkara parle des policiers détournant leur regard pendant la destruction d’églises et, plus loin, cite les nombreux refus d’enregistrer des morts comme causées par des meurtres. Pour éviter les poursuites, les terroristes hindous camouflent les preuves. Les corps des martyrs sont incinérés, ou jetés dans des marigots dans la jungle. Quant aux rares cas aboutissant aux tribunaux, des jugements express relaxent ou acquittent les fanatiques hindous pour absence de preuves.

Mgr Raphaël Cheenath, Archevêque de Cuttack-Bhubaneswar à leur tête, une douzaine de responsables s’adressèrent au Premier Ministre Mammohan Singh, protestant contre la violence orchestrée. Singh reconnut publiquement que c’était une « honte nationale », mais ne prit guère de mesures pour rétablir la confiance de la communauté chrétienne.

Pour les fidèles, la liberté de religion et l’égalité devant la loi garanties par le constitution ne sont que des slogans vides de sens.

Il y a bien des récits bouleversants dans le livre d’Akkara, mais j’ai été spécialement frappé par ce qui a atteint un prêtre de 56 ans et une religieuse de 28 ans.

Le Père Thomas Chellan, directeur du Centre Pastoral de Divyajyoti, et son adjointe, Sœur Meena, réussirent à s’échapper en sautant un mur de leur établissement alors que des terroristes hindous le détruisaient, église, immense dortoir, et autres bâtiments.

Ils furent capturés le lendemain, et, juste avant que ne soit enflammée la chevelure imprégnée d’essence du Père Chellan, une nouvelle torture fut inventée: une cinquantaine d’hindous s’acharna à flageller le prêtre et la religieuse. « Un préambule à la crucifixion », se rappelait le Père Chellan.

Puis leurs tortionnaires les dévêtirent et se mirent à violer Sœur Meena. Ils exposèrent ensuite leurs prisonniers à moitié nus par les rues, et donnèrent au Père Chellan l’ordre de violer la religieuse. « Devant mon refus, ils continuèrent à me frapper et nous menèrent devant la préfecture. Une douzaine de policiers assistait tranquillement à l’évènement.»

Finalement, un officier de police les emmena au poste de police à 12 km de là, et leur épreuve prit fin. Le lendemain, ils furent évacués par avion à Mumbai pour être soignés.

Sœur Meena, remise de l’épreuve, refusa de se taire. Elle se présenta au public, tint une conférence de presse devant 200 caméras de télévision à La Nouvelle Delhi et appela à l’ouverture d’une enquête sur son viol. Elle décrivit tout en termes terrifiants et révéla comment la police tenta de la dissuader de déposer une plainte après l’expertise médicale accablante prouvant le viol.

« Dieu voulait peut-être que par ma souffrance avec notre peuple je devienne un porte-parole pour la population baillonnée de Kandhamal.» déclara-t-elle à la presse. Pour conclure, Sœur Meena remercia Dieu « de lui avoir accordé la grâce d’affronter cette humiliation et de lui avoir permis de souffrir pour la population de Kandhamal. J’ai eu la chance de subir une forme de crucifixion.»

La foi inébranlable de Sœur Meena et de milliers d’autres a incité Anto Akkara à écrire son livre. Pour lui, ils méritent d’être appelés « les premiers chrétiens du vingt-et-unième siècle » car ils se sont accrochés à leur foi « au milieu d’une cruauté diabolique, dans une impunité rampante, et sous l’apathie gouvernementale ».


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/the-persecuted-church-in-india.html

Photo : Protestation en Inde.