Une phrase que je viens de lire de Hans Urs Von Balthasar que je cite ici, j’aurais pu la croire sortie de la bouche de notre pape François : « Le tout du christianisme ne se dissout pas dans son utilité sociale : il y a ce surplus qui ne s’épuise pas, en dépit de notre époque qui raisonne et qui rationne. » Il est vrai que François le Premier s’est nourri notamment de l’œuvre de l’éminent Jésuite suisse1….
Le Pape ne veut pas que la charité chrétienne s’exerce anonymement, c’est-à-dire sans se référer à Celui qui en est la source : je suis fort partisan de ce point de vue capital. L’amour de Dieu n’a pas à être effacé de nos actes d’amour, car il convient de faire savoir que si nous aimons ce ne peut être que sous l’action de l’Esprit Saint.
Bien entendu, l’athée qui aime ne peut de lui-même avoir conscience de cette source qui l’irrigue et pourtant c’est bien ce qui se passe : mais que le chrétien dans ses actes d’amour ne découvre pas et ne signale pas la signature divine, voilà qui est désolant car c’est l’Église même, notre éducatrice à jamais, qui est ainsi banalisée, mise de côté, parfois trahie.
Certes, il ne peut être question de transformer nos actions caritatives en proclamations prosélytes, mais le témoignage s’impose, fut-ce le plus discrètement possible. Faire comme si notre amour du prochain n’avait d’autre source que nous-mêmes, voilà qui serait profondément inqualifiable : car celui qui est ainsi soutenu, sa reconnaissance ne va, de ce fait, qu’à celui dont il reçoit le soutien, alors que celui-ci n’agit que parce qu’il y est poussé intérieurement par la grâce même de Celui en qui il croit et, je le suppose, qu’il aime.
Et s’il L’aime, alors son désir doit être de Le faire connaître, aussi discrètement que possible mais sans confusion.
