Pourquoi ce Dictionnaire Jésus ?
Père Renaud Silly : On n’a jamais fini de découvrir du neuf sur Jésus. Grâce à une archéologie israélienne hyperactive, particulièrement focalisée sur l’époque du Christ, et à la découverte des manuscrits de la mer Morte, le contexte est beaucoup mieux connu qu’il ne l’était il y a encore quelques dizaines d’années. Tous ces travaux ne doivent pas rester confinés dans des publications confidentielles en langue étrangère. Il était urgent de les mettre à disposition du public francophone, qui n’accède souvent qu’à des productions scientifiquement périmées, ressassant à l’infini les mêmes « arguments » repris de Renan dans sa Vie de Jésus (1863).
La figure de Jésus a-t-elle été travestie dans la période moderne ? Dans quel but ?
Une science hésitante, peu consciente de ses limites, a cru possible de déterminer objectivement l’identité de Jésus. Elle croyait ainsi donner au christianisme la caution du savoir moderne. En sont issus les portraits de Jésus les plus contradictoires : révolutionnaire violent pour les uns, doux rêveur idéaliste pour les autres, entre les deux une grisaille hésitant entre mille nuances. L’échec de ces tentatives n’est pas celui de la science, excellente dans son ordre, mais de sa contrefaçon : le scientisme, idéologie selon laquelle la maîtrise de la matière et de ses lois peut répondre à toutes les aspirations de l’homme.
En l’espèce, on s’est permis de définir Jésus à partir de critères étrangers à sa personne : revendications populaires, quête « spirituelle », etc. Cette voie ne mène nulle part. Jésus domine son temps de très haut, et pas seulement le sien.
