Immanence et transcendance - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Immanence et transcendance

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1er juillet – Depuis que nous sommes arrivés à Roquebrune, près de Fréjus-Saint-Raphaël, le soleil se dégage de plus en plus des nuages : aujourd’hui, le ciel est d’un bleu parfait. Aucune présence, fut-ce de très légers flocons de plumes ou de coton. Le vent, léger, est d’une douceur idéale. Je reprends ma lecture du livre sur Hitler.

L’ouvrage m’impressionne : comment se fait-il que cet ensemble de données sur « cette » histoire, devenue l’une des trois ou quatre les plus monstrueuses de toute l’Histoire des hommes, soit restée jusqu’à ce jour caché ? Un nombre infini d’articles, de thèses, d’enquêtes, de romans ont pris ce tyran comme sujet d’étude et, jusqu’ici, ont « négligé » – volontairement ? – la piste cachée des anciennes comme des nouvelles sociétés secrétées par l’attirance de l’obscur, de l’occulte, du monde des ténèbres… Certes, l’auteur n’était pas parti sans biscuits : la bibliographie qu’il donne à la fin de son ouvrage est fournie, mais tout de même réduite par rapport aux travaux conventionnels…

Marc Van Mellaert plonge au sein de la nébuleuse de ces sociétés comme des antiques croyances wickings et germaniques : il1 discerne de stupéfiantes survivances souterraines au long des siècles au sein de groupuscules d’initiés aux pratiques magiques inspirées par des connaissances occultes, prometteuses de domination : sociétés qui furent comme les mentors d’un Adolphe Hitler à la recherche d’une « pensée » capable de promouvoir des actes conformes aux pouvoirs extraordinaires rendus alors accessibles.

À la page 116, une citation d’un texte d’Henri Heine me bouleverse, sorte de prophétie hallucinante écrite en 1840, comme une synthèse poétique de ce dont ce livre rend compte comme on découvre l’activité d’une fourmilière en ouvrant ses labyrinthes :

« Le christianisme a adouci la brutale ardeur belliqueuse des Germains, mais il n’a pu la détruire, et quand la croix, ce talisman qui l’enchaîne, viendra à se briser, alors débordera de nouveau la férocité des anciens guerriers. Thor se dressera avec son marteau gigantesque et démolira les cathédrales gothiques.

» Quand vous entendrez les vacarmes et le tumulte, soyez sur vos gardes, chers voisins de France, la pensée précède l’action comme l’éclair le tonnerre. Le tonnerre d’Allemagne est allemand à la vérité. Il n’est pas très leste et roule avec lenteur.

» Mais il viendra et quand vous entendrez un craquement comme jamais craquement ne s’est fait entendre dans l’histoire du monde, sachez que le tonnerre allemand aura enfin touché le but. On exécutera alors un drame auprès duquel la Révolution française n‘aura été qu’une innocente idylle… »

Mais les labyrinthes des sociétés occultes sont autrement plus difficiles à dévoiler que ceux ouverts par les fourmis, tant ces sociétés veillent à ce que leurs secrets ne puissent être supposés, connus ou trahis.

Me restent à lire quelques 650 pages : un rien ! Mais à chaque jour suffit sa peine. Cependant, je veux noter un point essentiel : si Hitler a voulu détruire le peuple juif, ce n’est pas essentiellement parce qu’il était juif, c’est singulièrement, comme pour les catholiques, parce qu’ils maintenaient haut la flamme de la transcendance divine. Ses inspirateurs de l’ombre se prenaient, en leur immanence, pour des dieux et ne supportaient pas la concurrence du transcendant…

Pour assurer le triomphe de cette sorte de gnosticisme enfoncé dans l’immanent, de cette pensée luciférienne en puissance d’une victoire sans équivalent dans l’histoire, il fallait que soit extirpée la prédominance, dans le monde des nations développées, de cette transcendance inaccessible, inatteignable, qui laisserait toujours craindre le retour du Dieu de Moïse et du Dieu de Jésus-Christ.

J’ai cru deviner comme des rapprochements entre cette « philosophie » hitlérienne et celle développée par Vincent Peillon : notamment la même répulsion pour ce qui touche à la transcendance divine. L’analogie n’est évidemment pas à pousser plus loin : les situations n’ont rien de comparables. Mais d’un côté comme de l’autre l’adversaire principal demeure le christianisme : en témoigne la haine constante envers la foi chrétienne éprouvée par les maîtres du GOdF….

Hitler pouvait penser porter des coups mortels au judaïsme dès le début, il ne pouvait imaginer la destruction de la pensée chrétienne en éliminant les catholiques par dizaines ou centaines de millions qu’une fois devenu le maître du monde.

  1. Ouvrage déjà cité : Hitler et la philosophie occulte dans l’histoire européenne, Éditions Bénévent.