«Le Magistère n’a jamais varié dans son enseignement sur l’acte conjugal. Au IVe siècle, saint Augustin parlait déjà des deux finalités de cet acte : la procréation et l’unité du couple. Il y ajoutait le remède à la concupiscence. “Même avec la femme légitime, écrivait-il, l’acte conjugal devient illicite et honteux dès lors que la conception de l’enfant y est évitée.”
Coopération à l’acte divin
Mais c’est surtout au XXe siècle, avec le développement des moyens contraceptifs, que les papes ont précisé la doctrine de l’Église. En 1930, Pie XI publie l’encyclique Casti connubii sur le mariage chrétien, soulignant que “l’acte du mariage est, par sa nature même, destiné à la génération des enfants” (lire encadré).
Ce qu’il y a de nouveau, et de révolutionnaire, dans l’encyclique de Paul VI, c’est qu’il parle de la “signification” de l’acte conjugal et non seulement de sa finalité. Dès les premiers mots du texte – Humanæ vitæ – il évoque la grandeur de la vie, à la lumière de laquelle son encyclique doit être lue : par l’acte conjugal, l’homme et la femme peuvent coopérer de manière digne à l’acte divin de donner la vie. C’est le sens du mot procréer.
En évoquant la “signification” de l’acte sexuel, le Saint-Père a voulu souligner que l’homme, par sa conscience et sa connaissance, a la capacité de comprendre le sens objectif de cet acte, qui peut être discerné par son intelligence et choisi par sa volonté. C’est le sens de la loi naturelle. Celle-ci est une participation de l’homme à la loi éternelle, par laquelle Dieu gouverne le monde.
Nos inclinations naturelles nous poussent à agir en conformité avec le bien qui nous convient par nature. La faim et la soif, par exemple, sont des inclinations qui servent à notre survie. De même, le désir sexuel sert à la survie de l’espèce. Mais pour que cet acte soit pleinement humain, il faut que cette inclination passe par la conscience – donc la raison – et soit choisie par la volonté.
La liberté au service de l’amour
Nous sommes inclinés vers le bien proprement humain, mais il faut le développer en agissant en être rationnel, en conformité avec ce bien, avec notre nature et notre raison bien formée. Quand nous agissons ainsi, nous sommes vraiment à l’image de Dieu – imago Dei.
Paul VI insiste donc sur le fait que l’homme est capable de comprendre le sens intrinsèque de l’acte conjugal et de choisir librement le bien de l’amour, sans effacer le bien de la procréation. C’est extraordinaire d’avoir appelé les hommes et les femmes vivant en pleine révolution sexuelle à mettre leur liberté au service de l’amour ! »