Hors de l’Église, point de salut - France Catholique
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Avec les aumôniers du jour J
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Hors de l’Église, point de salut

Voilà sans doute l’une des phrases les plus mal comprises de toute la théologie ! Pourtant elle n’a jamais été désavouée. Au contraire…
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Le chemin du salut, XIVe s, Andrea di Bonaiuto, chapelle des Espagnols, basilique Santa Maria Novella, Florence.

Le chemin du salut, XIVe s, Andrea di Bonaiuto, chapelle des Espagnols, basilique Santa Maria Novella, Florence.

Pour l’oreille commune, qui a quelques excuses, cette sentence semble signifier que toute personne dépourvue d’un certificat de baptême en bonne et due forme est tout simplement vouée aux flammes de l’enfer. Allez, après cela, parler de la religion d’amour ! Il ne sera pas superflu de tout reprendre à la base.

Quand Cyprien de Carthage, dans l’une de ses lettres (Epistula 4,4), écrivit ce célèbre adage « Salus extra Ecclesiam non est », que voulait-il dire ? Fondamentalement ceci : que le salut passe nécessairement, exclusivement, par l’incorporation au corps mystique de Jésus-Christ, qui s’appelle l’Église (Col 1, 18).

Les voies plurielles du Seigneur

Pour qui reconnaît Jésus-Christ comme unique sauveur des hommes, cette phrase est donc en fait une évidence, pour ne pas dire une lapalissade : si un homme est sauvé, c’est-à-dire racheté, baigné de la grâce sanctifiante, réconcilié avec Dieu et prêt à Le voir face à face, il est ipso facto membre de l’immense corps collectif dont Jésus-Christ est la tête, membre de l’humanité rachetée, donc membre de l’Église.

Toute la question est de savoir comment l’on devient membre de ce grand corps collectif, comment l’on reçoit la grâce, comment l’on vit de la charité de Dieu. Or, il y a pour cela plusieurs voies.

La première, la voie royale, la voie privilégiée, consiste à recevoir le baptême, à entendre la parole transmise par les apôtres, à recevoir les sacrements institués par Jésus-Christ, et à vivre réellement de tous ces dons, dans la foi, l’espérance et la charité. Si cette voie était absolument exclusive, il faudrait entendre la maxime de saint Cyprien en un sens restrictif : le baptême et les sacrements seraient des conditions nécessaires – quoique non suffisantes – du salut. Et l’on pourrait dire qu’il faut absolument être membre visible de l’Église, de l’Église institutionnelle pour être sauvé.

Mais jamais l’Église institutionnelle n’a affirmé une chose pareille. Elle sait bien que tout le monde n’a pas le privilège d’avoir entendu la Bonne Parole de l’Évangile. Confiante dans le fait que Dieu veut sauver tous les hommes (1 Tm 2, 4), elle a au contraire toujours pris le soin de réserver la possibilité d’une appartenance invisible à l’Église pour tous ceux qui, « sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle » (Lumen gentium, 16).

Déjà le concile de Florence, en 1442, ménageait la possibilité du salut pour les infidèles : « Aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l’Église catholique ne peuvent devenir participants à la vie éternelle à moins qu’avant la fin de leur vie ils ne lui aient été agrégés » (Denz. 1351). Ce dernier membre de phrase a ensuite été explicité et développé par le magistère.

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