Foudroyé par la grâce - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : la jeunesse de l'Église
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Foudroyé par la grâce

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Le Christ, entouré de Paul et de Pierre, basilique Saint-Vital de Ravenne (VIe siècle).

Le Christ, entouré de Paul et de Pierre, basilique Saint-Vital de Ravenne (VIe siècle).

© Pascual Gargiulo/ CC by-sa

André Frossard, converti célèbre que j’ai eu la chance de connaître, sera prochainement mis à l’honneur par la télévision catholique KTO. J’ai été ainsi heureux, sous la conduite de Régis Burnet, d’échanger avec la propre fille de l’écrivain, Isabelle Pallot-Frossard. Un titre de ses livres est resté célèbre, Dieu existe, je l’ai rencontré (1969). Il y faisait part de la survenue imprévue et surprenante de Dieu dans sa vie. Comment un jeune homme, d’une famille rigoureusement athée, entrant à l’improviste dans une chapelle du Quartier latin, en était ressorti intimement sûr de l’existence de Celui auquel il n’aurait jamais songé donner la moindre adhésion.

Il est difficile de rendre compte d’une telle expérience. Pour l’intéressé, si elle tenait d’un véritable « foudroiement », elle pouvait néanmoins se définir comme « une silencieuse et douce explosion de lumière ». Sa vie entière, journaliste et écrivain, il se consacrera complètement à témoigner de la certitude qui s’était imposée à lui et qui fait penser à la conversion de Paul sur le chemin de Damas.

Vérité du catholicisme

Personnellement, depuis l’enfance, j’avais toujours entendu parler d’André Frossard, et d’abord par mon propre père qui était son lecteur fervent et quasi quotidien. Comment n’aurais-je pas été séduit par celui dont je deviendrai le confrère, qui montrait tant de talent, de virtuosité même, et s’exprimait avec un humour qui n’était qu’à lui. Mais il y avait ce point de départ : « Je n’ai pas foi en Dieu : je l’ai rencontré. Toute la vérité se trouve dans l’Église catholique. La vérité c’est quelqu’un, c’est Jésus-Christ. Que puis-je y faire si le catholicisme est vrai, si cette vérité est le Christ qui veut être rencontré ! C’est nous qui avons perdu la passion de convaincre, de témoigner, de convertir. »

Catéchiste limpide

Ce n’est qu’en 1982 que j’eus l’occasion de faire sa connaissance. J’avais rendu compte dans Le Quotidien de Paris de son livre intitulé N’ayez pas peur !, qui consistait en un long dialogue avec le pape Jean-Paul II, dont il était devenu l’ami très proche. Je n’avais pu que louer ce qui constituait la plus limpide des catéchèses qui, reprenant les grands articles de la foi, les donnait à comprendre avec la certitude de l’autorité magistérielle mais dans le langage le plus accessible. Il m’avait été reconnaissant de mon article, et peu de temps après nous nous étions retrouvés chez un ami commun, avec son épouse et sa fille Marie-Noëlle. Je garde aussi le souvenir d’un déjeuner à Rimini sur la côte Adriatique, où il m’avait entretenu de sa passion pour les mosaïques de Ravenne.

Je me souviens aussi d’un long entretien avec lui, à la suite de son témoignage au procès Barbie à Lyon en 1987. Il y avait défini ce qu’était le crime contre l’humanité : « Il y a crime contre l’humanité lorsqu’on tue quelqu’un sous prétexte qu’il est né. » Lors de cet entretien, j’avais été frappé par l’extrême précision de sa pensée, qui s’énonçait en des termes que l’on pouvait qualifier de définitifs et qui, du coup, ne souffraient aucune glose. Mais c’était la qualité même de son style, de ses articles et de ses livres.

C’est le cardinal Lustiger qui devait présider ses obsèques à l’église Notre-Dame de Versailles. Les relations de ces deux fortes personnalités n’avaient pas été simples au début, mais très vite Frossard avait été conquis par la stature spirituelle du cardinal. Lorsque je lui avais annoncé qu’il voulait rendre tout son lustre à la Fête-Dieu pour honorer l’Eucharistie, il avait réagi : « Mais je vais lui faire un triomphe ! »

KTO. « La foi prise au mot ». Série d’Avent sur quatre convertis : G. K. Chesterton, Léonard Foujita, André Frossard et Blaise Pascal.