Euthanasie : quel rapport de force ? - France Catholique
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Euthanasie : quel rapport de force ?

Le 27 mai, les députés voteront sur deux textes : l’un sur les soins palliatifs, l’autre sur « l’aide à mourir ». Si le premier fait consensus, les avis sont divisés sur le second.
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© Romain Vincens / CC by-sa

La gauche, qui milite sans états d’âme pour le suicide assisté et l’euthanasie, devrait massivement approuver la proposition de loi sur le « droit à l’aide à mourir ». La France insoumise y voit une liberté fondamentale, Jean-Luc Mélenchon estimant même qu’elle devrait être écrite dans la Constitution, comme l’avortement. Chez Les Écologistes, la députée Sandrine Rousseau raconte avoir hâté la mort de sa mère, atteinte d’un cancer.

À droite, les députés LR sont plutôt défavorables au texte sur l’aide à mourir. Le médecin urgentiste Philippe Juvin dénonce un projet marquant « une rupture anthropologique majeure ». Mais la liberté de vote prévaudra. Le Rassemblement national n’est pas favorable au texte actuel et Marine Le Pen espère convaincre ses députés de voter contre.

La République en marche suit la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, qui a soutenu ce texte dans l’Hémicycle. Elle a réintroduit un amendement pour rétablir le principe selon lequel les patients devront s’autoadministrer le produit létal dans le cadre du suicide assisté, sans forcément recourir au personnel soignant. Sur la philosophie générale du texte, le Premier ministre, François Bayrou, n’a lui jamais caché ses réserves, et le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dénoncé un texte « du renoncement et de l’abandon », le jugeant « profondément déséquilibré ».

Une vidéo de l’ancien député LREM Jean-Louis Touraine, détaillant la « stratégie du pied dans la porte », a circulé parmi les députés. « Dans la première loi, il n’y aura pas de mineurs, de maladies psychiatriques et de maladie d’Alzheimer. Après on pourra étendre les choses », dit-il. Ce qui n’a pas dissuadé les députés d’approuver, le 17 mai, l’article 2 créant le « droit à l’aide à mourir », par 75 voix contre 41.

Obstination d’Emmanuel Macron

Quoi qu’il en soit, le texte sera examiné au Sénat en principe à la mi-septembre, et avec la navette parlementaire, la loi ne sera pas entérinée avant février 2026. L’organisation d’un référendum, évoquée par Emmanuel Macron pour débloquer la situation si le texte s’enlisait au Sénat, paraît peu plausible. Il s’agissait surtout de lancer un avertissement aux parlementaires : le chef de l’État a affirmé vouloir que ce projet aboutisse.

Au Sénat « beaucoup d’indécis »

Comment le Sénat va-t-il se positionner ?

Alain Milon, sénateur LR du Vaucluse et médecin généraliste : À titre personnel, je suis contre l’euthanasie et le suicide assisté, et pour le développement des soins palliatifs, y compris à domicile. La loi Claeys-Léonetti répond à toutes les situations. Pourquoi en changer ?

La liberté de vote étant laissée à chacun, sans consigne émanant des groupes politiques, je pense que le Sénat sera divisé, avec beaucoup d’indécis. L’examen du texte permettra de mettre devant leurs responsabilités les sénateurs favorables au suicide assisté et à l’euthanasie. Accepteraient-ils d’appuyer sur la seringue pour s’injecter un produit létal ?

J’espère que nous serons nombreux dans l’Hémicycle pour en débattre. À l’Assemblée nationale, nous avons vu trop de sièges vides, les discussions ont eu lieu uniquement entre connaisseurs du sujet. Beaucoup de députés qui participeront au vote solennel le 27 mai n’auront pas assisté au débat. Ce n’est pas sérieux. 

Propos recueillis par V. J.