Entretien avec MARC ET FLORENCE DE LEYRITZ - France Catholique
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Le saint Curé d'Ars
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Entretien avec MARC ET FLORENCE DE LEYRITZ

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1) Quels sont pour vous les trois traits marquants de l’expérience et des échanges du synode.

Le premier trait marquant est l’expérience de la catholicité de l’Église. Cela paraît aller de soi, mais en arrivant dans la salle synodale, en voyant les 262 évêques des cinq continents, on réalise ce qu’est l’universalité et les différences de perspectives pastorales. Les problématiques européennes de décroissance contrastent avec la situation de la majorité des évêques que nous rencontrons, qui doivent gérer des problématiques de croissance rapide: ouverture de séminaires avec fixation de numerus clausus, construction d’églises, formation de catéchistes (qui sont des leaders laïcs) et création d’instances de coordination à l’échelle continentale, spécialement en Amérique Latine et en Afrique. Ensuite, nous sommes saisis par l’unanimité dans l’expression de l’importance d’une rencontre personnelle avec le Christ, qui, aussi bien dans les termes que dans le fond, n’aurait pas obtenu ces suffrages il y a dix ans. Cela recouvre la compréhension que la foi chrétienne passe par une rencontre personnelle, vivifiante et vitale avec le Christ vivant, par l’Esprit Saint. Enfin, nous avons réalisé que nous n’avions pas pris toute la mesure de l’ampleur des persécutions et des violences que vit l’Eglise dans de nombreux pays. Des rencontres bouleversantes avec des évêques et des chrétiens pakistanais ou du moyen-orient nous ont fait toucher du doigt l’héroïsme quotidien de tant de catholiques.

2) Quelle intervention des Pères synodaux vous a le plus interpellés ?

De nombreux orateurs se sont fait l’écho de l’importance d’une première annonce de l’Evangile conduisant à une expérience directe et personnelle de l’amour de Dieu. L’un des participants a utilisé une image heureuse de deux mi-temps d’un match de football: la première annonce (le kérygme) constituant la première partie, l’enseignement du catéchisme et la formation de disciples représentant la seconde mi-temps. Malheureusement, ajoutait-il, nous jouons souvent la seconde mi-temps sans avoir joué la première, ou pire, à la place de la première. Nous avons nous-même utilisé l’expression de « désert kérygmatique » pour désigner la situation de nombreuses communautés chrétiennes où aucun outil concret n’est disponible pour proposer d’explorer la foi à ceux qui n’ont aucun lien avec l’église.

Ce qui marque tout particulièrement, c’est que les évêques ont été nombreux à rappeler le besoin de conversion personnelle des évangélisateurs eux-mêmes, ce renouvellement personnel précédant la conversion de la pastorale, qui implique un renouvellement des attitudes et des méthodes.

3) Que retirez-vous personnellement en tant que couple de cette expérience unique de participer à un synode?

L’invitation qui nous a été faite arrive après 15 années d’un engagement en commun, parfois difficile, avec des hauts et des bas, mais dont la fécondité est absolument liée au fait de l’avoir vécu et mené à bien à deux. A notre surprise, l’intervention devant le synode et le Saint-Père a reçu un accueil attentif et chaleureux, peut-être lié au thème que nous abordions, celui du gouvernement pastoral, mais surtout à l’étonnement des évêques d’entendre une intervention faite à deux voix. Nous nous reconnaissons dans l’accent mis par plusieurs pères synodaux sur le fait que le couple et la famille sont autant sujets de l’évangélisation que milieu de l’évangélisation. Il n’y aura pas de nouvelle évangélisation sans les laïcs et les couples. L’enjeu pour l’Eglise est de susciter et de déployer le potentiel missionnaire des baptisés dans les communautés chrétiennes locales.