École hors-contrat : « Transmettre les fondamentaux » - France Catholique
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École hors-contrat : « Transmettre les fondamentaux »

Alors que la France compte près de 2 600 écoles hors-contrat, quel avenir pour ces établissements ? Entretien avec Michel Valadier, directeur général de la Fondation pour l’école, qui fête ses quinze ans.
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© Philippe Lissac / Godong

Le nombre d’écoles hors- contrat ne cesse d’augmenter. Dans quelle mesure ce succès souligne-t-il l’échec de l’Éducation nationale ?

Michel Valadier : La création des écoles hors-contrat et leur développement manifeste l’échec de l’Éducation nationale à transmettre les fondamentaux et à réaliser sa mission. Son succès est une réaction constructive et minoritaire de parents, d’éducateurs et d’enseignants face à trois décennies de pédagogisme, où l’on a mis dans la tête des professeurs qu’ils n’étaient pas là pour transmettre. Une partie du corps social a donc généré des anticorps en se disant que, puisqu’ils n’arrivent pas à être entendus, alors ils préfèrent sortir du système et créer leurs propres écoles. Ce phénomène, qui était totalement marginal il y a 30 ans, s’est considérablement développé : nous sommes passés, en quinze ans, d’une dizaine d’écoles hors- contrat en France à 2 600 !

Vous diriez que l’intuition principale du hors-contrat, c’est cette notion de transmission, ou plutôt de l’attention, qui est portée à la transmission ?

Oui, ainsi que le fait de retrouver dans l’école la cohérence avec ce qui est enseigné et transmis à la maison. Il y a dans toutes ces écoles des fondamentaux : au primaire, lire, écrire, compter et, dans le secondaire, respecter la chronologie en histoire ou encore s’appuyer sur de beaux textes de la littérature française. Pour les écoles de confession chrétienne, l’enjeu est également d’entendre à l’école un discours qui est le même que celui que les parents tiennent à la maison sur le plan des principes et des valeurs.

Les relations entre le hors-contrat et les pouvoirs publics sont pour le moins mouvementées…

Depuis la loi Gatel de 2018 et la loi séparatisme votée il y a deux ans, les pouvoirs des préfets ont été accrus : désormais, un préfet peut fermer une école par simple décision administrative. Auparavant, si un inspecteur constatait des éventuels dysfonctionnements dans une école, il rédigeait un rapport transmis au directeur, lui demandant de les corriger sous trois mois à six mois. Désormais, certains inspecteurs se sont transformés en commissaires politiques et ont fait pression sur les directeurs des écoles qui ont été visitées un peu partout en France. À la Fondation pour l’école, nous avons eu des remontées provenant de tous les rectorats et signalant des comportements d’inspecteurs totalement inacceptables qui, lorsque les directeurs refusaient d’accéder aux exigences démesurées, se voyaient répondre : « Si vous ne coopérez pas, le préfet fermera votre école » !

À quoi faites-vous référence ?

Certains inspecteurs demandaient à parler aux élèves en particulier, en dehors de la présence d’un adulte, ou bien les interrogeaient sur ce qui se passait chez eux à la maison, leur demandant s’ils allaient au restaurant ou s’ils parlaient de sexualité ! Cela montre l’état d’esprit de certains inspecteurs qui considèrent vraiment ces écoles comme une anomalie, occupées par des gens qui ne sont pas normaux et dont il faut aller vérifier jusqu’à la vie domestique. Nous avons dénoncé ces pratiques totalitaires au mois de mai et je dois dire que les inspections du mois de juin se sont très bien passées.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.