Du progressisme - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Du progressisme

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« L’élection de Jorge Mario Berloglio comme nouveau pape n’est pas une bonne nouvelle pour les progressistes du monde chrétien ni pour la révolution citoyenne en Amérique du sud » : ainsi s’exprime le militant tourbillonnaire qu’est Jean-Luc Mélenchon : mais, s’il est assurément un ami des citoyens révolutionnaires vivant en Argentine, est-il en mesure de juger de ce qui est bon pour le monde chrétien, fut-il réduit à n’être que celui des susnommés progressistes, si peu nombreux aujourd’hui que leur hebdo préféré se trouve au plus bas1 ? Il est vrai qu’il faut un courage et une persévérance admirable pour tenir des médias chrétiens dans le monde cher à J.-L. Mélenchon…

Je ne crois pas que ses insultes adressées à François, premier du nom, feront vaciller ce prêtre courageux, mais les accusations qu’il porte contre lui, aucun homme respectueux de la nature humaine ne peut se les permettre tant qu’elles ne sont pas reconnues exactes par un tribunal : « Silencieux sous la dictature militaire » (cela signifie-t-il qu’il approuvait la dictature ? Diffamation gratuite et qui pue l’injure), puis [encore silencieux] à l’heure des jugements des militaires criminels, opposant connu aux gouvernements argentins de Nestor puis de Christina Kirschner, tendre pour l’Opus Dei, hostile aux prêtres progressistes, le nouveau chef de l’église catholique devra prouver (mais à qui ? À ce candidat inquisiteur d’avance convaincu de la culpabilité de l’évêque Jorge Mario Berloglio et dont on connaît l’admiration qu’il porte aux bouchers de la Révolution française ?) qu’il n’a pas été élu pour déstabiliser les régimes progressistes de l’Amérique latine ni pour poursuivre les persécutions contre la théologie de la libération. »2

Je note en passant qu’il doit être difficile de persécuter une « théologie »… Ses tenants, sans doute, mais les concepts ?

Que sait-il, ce bon apôtre, des visées de ladite théologie de la libération contre laquelle l’archevêque de Buenos Aires a dû se dresser à l’instar de Jean-Paul II et de Benoît XVI ? Que sait-il de la qualité de son silence vis-à-vis des pouvoirs ? Que sait-il de ses prières ? De son action ? Que sait-il du pourquoi de son opposition aux décisions des gouvernements cités, sinon peut-être qu’elle pourrait parfaitement s’appliquer à certaines des décisions de l’actuel gouvernement français comme de ceux qui l’ont précédés ? Que sait-il qui soit inavouable au sujet de l’Opus Dei qu’il semble détester ? Que connaît-il de la réalité du progressisme français, dont les buts politiques le ravissent assurément, quoique l’entreprise n’est pas allée jusqu’à son terme, l’effacement objectif et durable d’une l’Église de France en train de se réveiller d‘un sommeil trop long ? Est-ce vraiment un désir que peut avouer à demi-mots un ancien ministre dont le devoir est d’être le serviteur de tous les Français, même de ceux qui ne l’approuvent pas dans ce qu’il a fait, pas grand-chose au demeurant ?

Oui, restons vigilants et n’acceptons plus de courber le dos devant les puissants de l’heure : leur puissance est révocable de même que leurs décisions. Mais nous avons plus important à faire, prier pour eux tous, seule façon de vouloir pour eux les fruits de l’amour c’est-à-dire pour chacun d’eux le meilleur qui soit, rien de plus simple en même temps que de plus difficile : leur conversion.

Notre vigilance ne servirait à rien si nous ne portions dans notre prière le nombre infini d’intentions qui se lèvent dans nos esprits : dont la conversion de notre propre pays est l’une des principales.

  1. Il s’agit de Témoignage chrétien.
  2. Information reçue juste à temps : Aujourd’hui, le P. Federico Lombardi a rendu publique une note relative aux accusations qui ont refait surface ses derniers jours contre le nouveau Pape: « La campagne conduite par une revue contre Jorge Mario Bergoglio, qui remonte à des années, est bien connue. Le caractère anticlérical de ces attaques, allant jusqu’à la calomnie et la diffamation des personnes, est bien connu. Les accusations concernant l’actuel Pape remontent à l’époque où il n’était pas encore évêque, mais simplement supérieur des jésuites en Argentine. Elles font référence à deux prêtres enlevés pendant la dictature, et qu’il n’aurait pas protégés. Or aucune accusation formelle et documentée n’a jamais été déposée contre lui. La justice l’a entendu une fois et à simple titre de témoin et le P. Bergoglio n’a jamais été suspecté ou accusé, ayant d’ailleurs fourni les preuves de son extranéité à l’affaire. Il existe d’autre part nombre de dépositions démontrant combien le P. Bergoglio a agi pour sauver des personnes en danger à l’époque. Il est tout autant connu qu’après être devenu évêque, dans l’élaboration de la démande de pardon, Mgr Bergoglio a déploré les défaillances de l’Église argentine face à la dictature. Les accusations en question découlent d’une lecture historique de cette période promue depuis des années par des milieux anticléricaux. Elles n’ont pas lieu d’être ».