La plupart des gens continuent de se représenter la matière, je veux dire ce qui constitue toute la réalité physique, comme des petites boules très denses, les protons et les neutrons, autour desquels tournent des boules encore plus petites, les électrons. Quant aux relations entre toutes ces particules, nous les imaginons volontiers sur le mode du « choc » entre des boules de billard, ou de « l’attelage », par les fameux « atomes crochus ». Une sorte de gigantesque et minuscule jeu de construction à base de microbilles.
Cet imaginaire, issu des atomistes de l’Antiquité, est complètement faux. On le sait depuis maintenant plus d’un siècle, mais la vision populaire du monde n’a pas changé. Elle retarde. C’est le premier mérite du livre d’Yves Dupont, agrégé et docteur en physique, ancien expérimentateur au CEA et professeur en classes préparatoires au lycée Stanislas, que de proposer une mise à jour complète de notre imaginaire, pour que nous nous fassions une vision moins fausse de la matière fondamentale.
Mais il ne s’arrête pas là. Parce qu’en plus d’avoir la bosse des maths, il a la veine philosophique, il montre, de manière très suggestive, que les paradoxes de la physique des particules – la « mécanique quantique » – trahissent l’existence d’une source immatérielle et intelligente de toute réalité. Il ne s’agit pas là de spéculations hasardeuses. C’est tout le contraire. La démarche est patiente, sobre et scientifiquement irréprochable.
Le comportement des particules
Venons-en au fait. Contrairement à ce que l’on croit souvent, l’électron n’est pas comme un satellite autour du noyau de l’atome, mais plutôt comme un nuage de « probabilités ». Il faut simplement cesser de vouloir s’en faire une représentation imagée. Seules les mathématiques sont fiables en l’espèce, car elles permettent de prévoir le comportement de ces entités étranges alors même que nous ne pouvons pas les « comprendre » au sens habituel du mot.
Mais il y a plus étonnant encore : deux particules ayant interagi l’une avec l’autre restent « liées », quelle que soit la distance qui les sépare ensuite. Elles ne forment plus qu’un seul « tout ». Si l’on pratique une mesure sur l’une, cela a un effet instantané sur l’autre, sans qu’il existe aucune action matérielle entre les deux. En outre, les expériences d’Alain Aspect dans les années 1980 – qui lui ont valu le prix Nobel de physique en 2022 – ont montré que cette corrélation ne pouvait pas non plus s’expliquer par un autre facteur comme des « variables cachées » internes aux particules.
Une intelligence éternelle
Tout se passe en fait comme si la réalité matérielle était la manifestation spatio-temporelle de quelque chose qui dépasse l’espace et le temps. Ce qui est bouleversant pour notre compréhension de la réalité. Car cela signifie qu’en deçà d’une certaine échelle, la « matière » est littéralement faite de structures mathématiques, qui se jouent du temps et de l’espace, et régissent les phénomènes. Or, suggère Yves Dupont, les structures mathématiques sont des objets abstraits, qui ne peuvent subsister que dans une pensée. Et comme ces structures n’ont pas attendu la pensée des hommes pour exister, il n’est pas interdit d’en conclure qu’elles résident dans une intelligence éternelle et infinie. Dieu !
L’Empreinte de Dieu dans le monde quantique. À la recherche de l’Esprit créateur au-delà de la matière, Yves Dupont, éd. Trédaniel, avril 2025, 324 pages, 22 €.