Pourquoi Dieu a-t-il permis le mal ? - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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Pourquoi Dieu a-t-il permis le mal ?

C’est une question maintes fois rebattue, et qui suscite toujours bien des débats : pourquoi Dieu a-t-il permis le mal ? La réponse de Frédéric Guillaud.
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L'ange déchu, Alexandre Cabanel.

Prenons les choses dans l’ordre : la seule fissure par où le mal puisse s’infiltrer dans la création, c’est la liberté. Il n’existe en effet pas de substance intrinsèquement maléfique ; il peut seulement exister des substances – en elles-mêmes bonnes – mais capables de dévier de leur finalité naturelle. Dieu, donc, n’a pas pu créer un être absolument mauvais. Il n’a pas pu le faire, tout simplement parce que c’est impossible. Le seul mal absolu, c’est le néant. Ce qui, en revanche, est possible – et en l’occurrence réel – c’est qu’un être spirituel, intelligent et libre, ce que la théologie nomme un « ange », se soit révolté contre Dieu et ait choisi de combattre partout la Gloire de Dieu, qui brûle son orgueil et mortifie son désir d’autosuffisance. Rébellion contre Dieu d’autant plus furieuse qu’elle est impuissante !

« Nous ne sommes pas du conseil de Dieu »

Mais une nouvelle question se pose : pourquoi Dieu a-t-il permis que cet ange se révolte ? Sur ce point, il faut être très prudent. « Nous ne sommes pas du conseil de Dieu » disait Descartes. Tentons tout de même quelques mots. Nous pourrions d’abord dire que les motifs précis, au cas par cas, qui poussent Dieu à permettre tel ou tel mal nous sont inconnus. C’est la leçon constante de l’Écriture, et singulièrement du livre de Job, où tous ceux qui échafaudent des justifications aux calamités sont congédiés et renvoyés au caractère insondable des desseins de Dieu : « Où étais-tu quand je fondais la terre ? Dis-le, si tu as de l’intelligence » (38, 4). De même chez Isaïe (55, 8) : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel. » De même encore chez Paul : « Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles ! » (Rm 11, 33).

Si, positivement, nous ne pouvons pas connaître exactement les motifs de telle ou telle permission divine, il en est tout de même que la Révélation nous impose d’exclure : Dieu ne saurait vouloir le péché, ni directement, ni indirectement. Cela signifie que Dieu n’a pas pu vouloir la chute de Satan comme moyen pour en tirer un plus grand bien. Car il est immoral de faire délibérément le mal pour atteindre un bien : la fin ne justifie pas les moyens (Rm 8, 3) !

De même, soulignons-le au passage, les maux physiques n’ont – le plus souvent – rien d’une justice immanente : ils tombent véritablement « au hasard », comme la tour de Siloé sur ses habitants ou la maladie sur l’innocent (Lc 13, 4 ; Jn 9, 1). D’où la conclusion de saint Thomas d’Aquin dans son Commentaire de Job : « L’adversité temporelle n’est pas la peine propre des péchés personnels. » C’est si vrai que l’Église, par la voix du pape saint Pie V, a condamné la proposition suivante de Baïus – hérétique annonciateur du jansénisme – : « Toutes les afflictions des justes sont à tous égards des punitions pour leurs péchés ; c’est pourquoi Job et les martyrs qui ont souffert, ont souffert à cause de leurs péchés » (Ex omnibus afflictionibus, 1567).

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