DIALOGUE AVEC NOS LECTEURS : RÉFUTATION (*) - France Catholique
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DIALOGUE AVEC NOS LECTEURS : RÉFUTATION (*)

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J’ai lu avec un très grand intérêt les articles […] concernant la psychiatrie et notamment le livre d’Ellenberger réfutant les thèses de Freud, Marcuse et autres (a). Je viens vous demander

1. Comment faire pour m’en procurer un exemplaire ?

2. Comment agir en vue de [sa] diffusion ? Je crois que […] la responsabilité des catholiques soucieux de l’avenir de la jeunesse trompée par des « malades mentaux » ainsi que vous le dites, est engagée – et que chacun dans sa sphère doit faire quelque chose dans le domaine de la diffusion […].

Il faut absolument détruire le complexe freudien qui intoxique non seulement la jeunesse mais le corps médical qui a trouvé là un moyen commode d’escamoter les disciplines nécessaires à la civilisation apportée par le Christ. Dans la mesure où Freud et ses congénères sont parvenus à complexer les hommes, dans la même mesure les préceptes de la Bible confirmés et précisés par Jésus, reculent et sont tenus pour non valables.
En ce qui me concerne, je crains fort que la plupart de nos évêques et de nos prêtres soient trop occupés de la fameuse ouverture au monde, un monde érotique matérialiste, à tendance athée par conséquent. Pendant ce temps, car « on ne peut pas, comme disent nos bons paysans, être à la procession et sonner les cloches », il n’est plus question des commandements de Dieu, de l’Église, ni des sacrements.
[…]

Jean Paulet, 51–Rilly.

Monsieur,

1. Il y a parfois un exemplaire du livre d’Ellenberger aux Presses Universitaires de France de la rue Soufflot à Paris (b). Je ne sais comment on se procure ce livre en France autrement que par un libraire (c ).

2. Ellenberger a démontré que les idées de Freud, Jung, etc., sont nées d’une « psychose créatrice ». Cela ne veut pas dire (et ne dit pas) qu’il n’y ait pas quelques vérités dans leurs « trouvailles ». Einstein aussi fit une telle psychose au moment où il découvrit la relativité restreinte.

L’inconscient existe. Simplement, il n’est pas tel que l’a vu Freud. Celui-ci est une caricature.

3. Je ne pense pas que Freud ni même Marx aient jamais égaré personne : on a toujours dit des sottises, la question est de savoir pourquoi on les gobe. Freud et Marx n’auraient pas existé que les choses n’en seraient guère différentes, à mon avis. Leur réfutation a été faite cent fois. Ce qu’il faudrait pour effacer leur audience, ce n’est pas une réfutation : c’est un changement des esprits qui les rende à chacun indigestes comme ils le sont à vous et à moi. Le monde actuel ne se jette pas dans leur œuvre sous l’effet d’une fascination gratuite, mais parce qu’il y trouve sa propre image, une description fidèle de son désordre intérieur, un modèle qui « lui botte », des guides qui le suivent.

4. À mon avis, donc, la seule réfutation convaincante serait le caractère exemplaire des hommes que la religion inspire. S’il y avait plus de saints, d’hommes vertueux, bons, charitables, leur lumière détournerait les autres de leur erreur.

5. C’est pourquoi (toujours à mon avis qui n’est pas infaillible !) la polémique, qui souvent m’amuse, ne doit guère être prise au sérieux, mais seulement la vie intérieure et l’amour des hommes.

Aimé MICHEL

(*) Texte n° 49 – F.C. – N° 1289 – 27 août 1971. Extrait du chapitre 8 « Freud et la psychanalyse » de La Clarté au cœur du labyrinthe.

Notes de Jean-Pierre Rospars

(a) Cette lettre fait suite à l’article n° 23 La psychanalyse : connaissance ou chimère ? paru ici la semaine dernière.

(b) Cette excellente librairie internationale offrait un large choix de livres en langue anglaise. Elle a fermé ses portes à la fin des années 70 ou au début des années 80.

(c ) A l’époque où Aimé Michel faisait connaître l’ouvrage, aujourd’hui classique, de Henri Ellenberger au public francophone, il n’était disponible qu’en langue anglaise. Une première édition en français (SIMEP) est parue en 1975 et une seconde (Fayard) en 1994. Cette dernière est, je pense, toujours disponible.

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Rappel :

Entre 1970 et sa mort en 1992, Aimé Michel a donné à France Catholique plus de 500 chroniques. Réunies par le neurobiologiste Jean-Pierre Rospars, elles dessinent une image de la trajectoire d’un philosophe dont la pensée reste à découvrir. Paraît en même temps, une correspondance échangée entre 1978 et 1990 entre Aimé Michel et le sociologue de la parapsychologie Bertrand Méheust. On y voit qu’Aimé Michel a été beaucoup plus que le « prophète des ovnis » très à la mode fut un temps : sa vision du monde à contre-courant n’est ni un système, ni un prêt-à-penser, mais un questionnement dont la première vertu est de faire circuler de l’air dans l’espace confiné où nous enferme notre propre petitesse. Empli d’espérance sans ignorer la férocité du monde, Aimé Michel annonce certains des grands thèmes de réflexion d’aujourd’hui et préfigure ceux de demain.

Aimé Michel, « La clarté au cœur du labyrinthe ». Chroniques sur la science et la religion publiées dans France Catholique 1970-1992. Textes choisis, présentés et annotés par Jean-Pierre Rospars. Préface de Olivier Costa de Beauregard. Postface de Robert Masson. Éditions Aldane, 783 p., 35 € (franco de port).

Aimé Michel, « L’apocalypse molle ». Correspondance adressée à Bertrand Méheust de 1978 à 1990, précédée du « Veilleur d’Ar Men » par Bertrand Méheust. Préface de Jacques Vallée. Postfaces de Geneviève Beduneau et Marie-Thérèse de Brosses. Éditions Aldane, 376 p., 27 € (franco de port).

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