DEUX NATIONS, L'UNE AVEC DIEU - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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DEUX NATIONS, L’UNE AVEC DIEU

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Il y a plus de quarante ans, la Cour Suprême a adopté la date anniversaire de ma mère en tranchant le cas Roe v Wade, le 22 janvier 1973. Outre et au-delà de ses convictions pour la protection de la vie, cet anniversaire inopportun place l’annuelle Marche pour la Vie du mois de mars, à un niveau élevé sur l’écran de radar de ma mère. Récemment, elle a rencontré un employé de magasin qui, après avoir vérifié son identité pour un achat, remarqua : « oh, nous avons le même anniversaire ! » En réalité il était né le 22 janvier, 1973, et il confia, « je déteste avoir mon anniversaire le jour où l’avortement a été légalisé « .

La date, ainsi que la sinistre réalité qu’elle représente, et l’énorme mémorial annuel des victimes que représente la Marche pour la Vie à Washington (environ 400 000 marcheurs y prirent part l’année dernière dans le District de Columbia – soit un résultat étonnant pour un effort de résistance qui date de plus de 40 ans) sont aussi très élevés sur l’écran de radar des partisans pour la vie en général et pour un grand nombre de paroisses catholiques sponsorisant des autobus, ainsi que pour des centaines et des centaines d’universités et de collèges qui y envoient des groupes.

Certains aspects de cette Marche attirent aussi l’attention de nombreux travailleurs de Washington, qui font face à une circulation accrue d’autobus, et à des jeunes arborant des affiches obstruant leurs wagons de métro ou de bus et à une foule matinale d’enfants fréquentant la zone de restauration de « l’Union Station » après avoir campé dans le sous-sol d’une église voisine ou dans l’amphithéâtre d’une école.

Cependant, même á peu de distance de l’itinéraire de la Marche, la plus grande partie de la population de la ville s’arrange pour ignorer en partie ou totalement l’événement. Celui-ci a tendance à ne recevoir qu’une faible couverture médiatique, et aujourd’hui la plus part des gens qui reçoivent les informations en ligne ignorent facilement les événements sur lesquels ils préfèrent ne pas se concentrer.

Et en réalité nous avons tous tendance à ignorer les événements sur lesquels nous ne voulons pas nous concentrer. Il y a quelques jours, par exemple, mon fils de trente ans est venu pour la soirée, et a branché l’émission sur la remise des prix des Golden Globes. Cela fait des années que je n’avais pas volontairement regardé une émission de remise de prix, et je pense que je n’avais jamais regardé les Golden Globes avant, mais j’ai éventuellement compris qu’ils couvrent á la fois le cinéma et la télévision.

N’ayant pas beaucoup d’indices concernant les pratiques de la télévision, que je ne regarde pas souvent, j’ai constaté que presque tout ce qui avait été nominé dans le secteur de la télévision m’était étranger, bien que j’ai appris que le titre de « Transparent » est un jeux de mots car il décrit une situation transgenre. J’ai compris cela lorsque les primés, en recevant leur trophée, exprimèrent leur profond sentiment pour les droits des transsexuels, et à quel point ils ont de la compassion pour eux.

En outre il y avait des références éparses – en partie dans le contexte du « Jeu d’Imitation », le film sur Alan Turing, le briseur de codes, de la 2ème guerre mondiale – à la lutte pour la reconnaissance des droits des homosexuels et pour le mariage gay. A part les expressions de solidarité avec les Français et une plaisanterie au dépens de Bill Crosby, ce furent les premières remarques « éthiques  » exprimées dans l’heure de mon écoute.

Ceci me fit me demander ce que, à part le Super Bowl et le nombre décroissant des autres zones culturelles démilitarisées, les mondes des marcheurs pour le Droit à la Vie et les nominés du Golden Globe avaient en commun. (Oui, je sais que de nos jours il y a un faible contingent de Gays et de Lesbiennes parmi les Marcheurs, bénis soient-ils. Mais sur un diagramme de Venn, leur nombre ne représenterait qu’une petite tranche de ceux qui s’identifient par leur préférence sexuelle).

Bien entendu, parler de « Deux Nations », ce qui tend à déconstruire des affiliations et des alliances complexes, laisse souvent de côté beaucoup de choses pour en expliquer peu. Les riches et les pauvres, le Nord et le Sud, le blanc et le noir, les états rouges et les états bleus, sont des catégories qui laissent souvent de côté ou simplifient trop les gens, les familles et les communautés dans toute leur variété. Dans la vrai vie nous sommes bien conscients combien, de façon irritante (parfois charmante), les gens peuvent être inconsistants dans leurs opinions et leurs actions.

De plus, il est difficile d’imaginer une période (sauf peut-être pendant la guerre civile – ce qui ne présage rien de bon) où les Américains ont aligné leur compas moral sur de si nombreux sujets d’une telle importance tellement opposés les uns aux autres.

Vie et mort? Un camp soutient l’avortement, le suicide assisté et l’euthanasie alors que l’autre camp s’y oppose. Structure familiale et « gender »? Un camp soutien le mariage homosexuel et identifie une collection grandissante (de leur point de vue) de genres opprimés, alors que l’autre apporte son soutien au mariage, tel qu’il est traditionnellement reconnu, et n’a aucun problème à distinguer le bien du mal, le normal de l’anormal.

Dieu: Un camp se méfie fondamentalement de Lui et de Ses partisans, á moins que Lui, et Ses partisans, ne soient confinés à un rôle purement « spirituel « , alors que l’autre camp reconnaît Dieu comme Créateur et Seigneur, et évalue les plans et les actions des humains en fonction de la manière dont ils correspondent aux lois et aux desseins de Dieu.

Il est difficile d’imaginer de question plus fondamentale que celle-ci. C’est encore plus difficile, malheureusement, d’imaginer un compromis, ou même une coexistence pacifique à long terme, entre de telles « l’une ou l’autre » catégorie. Et soyons clairs : dans les circonstances actuelles, je pense que le camp qui rompra la sorte de paix que nous avons encore – le camp qui a déjà rompu la paix en termes légaux et rhétoriques – est le camp qui soutient ce que Saint Jean Paul II avait, il y a longtemps, pointé du doigt comme étant la Culture de Mort.

Les jeunes présents en majorité dans la Marche pour la Vie rayonnent, comme c’est souvent le cas avec les jeunes, d’un optimisme porteur. Ils en auront besoin dans les temps á venir.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/01/20/two-nations-one-god/


Photo : « Certains des 400 000 participants à la 2014 Mars pour la vie à Washington, DC »


Ellen Wilson Fielding est rédacteur en chef de la « Human Life Review » et réside dans le Maryland.