Comment analysez-vous l’implication de la jeunesse dans le mouvement de contestation ?
Olivier Vial : Nous sommes entrés dans la phase d’une véritable mobilisation des étudiants et des lycéens. Jusqu’à présent, les appels du député de La France insoumise Louis Boyard, qui s’était lancé dans un tour de France des universités, et ceux des syndicats traditionnels comme l’Unef et la Fage, trouvaient peu d’échos sur les campus. Dans les lycées, les agitateurs se concentraient sur les épreuves anticipées du baccalauréat.
Mais le 49-3 a servi de détonateur. Sur les réseaux sociaux, des « influenceurs », très écoutés des jeunes, ont pris position contre la réforme des retraites et, surtout, contre le recours à cet article. Ils ont jeté dans la rue à Paris, Nantes et Rennes, des étudiants inconnus des services de police, manipulés par des activistes plus aguerris. À Bordeaux, trois des incendiaires de la porte de l’Hôtel de Ville sont âgés de 25 ans ou moins, le quatrième est même mineur.
Ces jeunes casseurs sont-ils de plus en plus radicalisés ?
Oui. Nous observons depuis 2018 un phénomène : les structures militantes se sont non seulement massivement radicalisées, mais l’une d’entre elles, La Jeune Garde, un mouvement « antifa » – pour antifascistes –, s’est nationalisée. Elle a des antennes dans toutes les facultés, elle possède un logo et elle ne cache pas sa proximité avec La France insoumise. Ce nouveau visage d’une jeunesse radicalisée s’est imposé pour la première fois dans les rangs de certains syndicats, des antifas ont fait partie de services d’ordre dans les manifestations. À Strasbourg et Montpellier, ils ont collaboré avec le service d’ordre de la CGT.
Quel est le profil des jeunes qui composent les cortèges et qui sont prêts à en découdre avec la police ?
Les mouvements antifas sont composés de militants issus de l’université qui considèrent comme fasciste tout ce qui est de l’ordre de la « domination capitaliste » : le patriarcat, le post-colonialisme…
Ils sont abreuvés de féminisme et de théorie du genre. Nous les retrouvons à la pointe des luttes écologiques, comme la contestation des méga-bassines de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, où les affrontements avec les gendarmes ont été très violents le 25 mars.
Sociologiquement, les activistes étudiants sont plutôt des femmes diplômées de milieu favorisé et urbain. Ces activistes grossissent parfois les rangs des black blocs [groupe de casseurs d’extrême-gauche et ultraviolents NDLR], car ils sont formés à l’occupation de rue en étant mobiles et non repérables pour combattre les forces de l’ordre.
Comment expliquer qu’une partie de la jeunesse exalte la violence en politique ?
La violence politique est enseignée dans des facultés françaises et européennes.