Déficit français : l'épreuve de vérité - France Catholique
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Déficit français : l’épreuve de vérité

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De même que le gouvernement a longtemps cherché à cacher que 2009 serait une année de récession, en affichant des prévisions positives de croissance auxquelles personne ne croyait, de même il s’est longtemps voilé la face à propos des déficits. Même après le vote du plan de relance, les chiffres étaient sous-estimés. Quelques semaines à peine après avoir voté le budget 2009, le gouvernement doit déjà présenter un projet de loi de finances rectificative ; du jamais vu.

Le conseil des ministres a donc adopté le projet de loi de finances rectificative pour 2009. Bien entendu, tout cela est masqué par un discours général : «  Ce projet de loi est destiné à mettre en œuvre les mesures exceptionnelles de solidarité et de soutien à l’activité annoncées récemment en complément au plan de relance ». Toute cette dérive est pour la bonne cause. Bref « Il constitue tout d’abord la traduction des mesures de justice et de solidarité destinées à aider les populations les plus fragiles à faire face à la crise », tout cela à la suite de la rencontre avec les partenaires sociaux.

Résultat de cette œuvre de justice et de la chute des recettes due à la récession (enfin admise officiellement : – 1,5% pour le PIB en 2009) : le solde budgétaire après ce collectif est négatif de 103,8 milliards d’euros, sans précédent. Plus du double de celui prévu au départ pour le budget de l’an dernier (-41,7 milliards, devenus en cours d’année – 49,4). Pour 2009, on était parti dans le projet de septembre 2008 avec -52 milliards de déficit, portés peu à peu à – 67, puis – 79 ; nous voilà à – 103,8 ! On imagine ce que ce sera en fin d’année, puisque les prévisions gouvernementales minimisent toujours les déficits à venir.

Or le budget de l’Etat comprend, en dépenses, moins de 400 milliards d’euros (381): le déficit représente donc désormais plus de 25% du budget : quand l’Etat a 75 de recettes, il dépense 100. Les comptes sociaux connaitront eux aussi un déficit sans précédent. Selon les chiffres arrêtés par le gouvernement, le déficit public total (budget de l’Etat et sécu) atteindrait, en 2009, 5,6% du PIB. Il y a six mois, on annonçait moins de 3%, il y a deux mois, 4%, nous voilà à 5,6%. Parions qu’en fin d‘année on aura dépassé les 6%, certains experts disent même 7%.
Mais cela ira mieux demain. Enfin, plutôt après-demain. C’est ainsi que la dernière promesse faire à Bruxelles (un quasi retour à l’équilibre en 2012) se transforme désormais en un déficit ramené à 3% en 2012. C’est déjà ce que l’on avait promis à Bruxelles pour 2008, puis 2009. Gageons que les foudres de Bruxelles se déchaîneront après les élections européennes de juin. Quand aux pays de l’Est, du moins ceux qui veulent entrer dans l’euro, ils apprécient peu qu’on exige d’eux un déficit budgétaire inférieur à 3% pour entrer dans le zone euro et que des membres se permettent d’avoir un déficit double !

Inutile de dire que dans ces conditions la dette publique va exploser ; elle est déjà sensiblement au dessus du maximum autorisé (60%) : on est à plus de 66%. Elle dépassera cette année les 70% (73,9% officiellement) et Le Figaro fait état d’une étude qui annonce une dette de 80% du PIB en 2010 (sans compter bien sur une dette équivalente pour retraites publiques non provisionnées). On était à 20 000 euros par habitant ; on sera à plus de 24 000 ! Beau cadeau légué à nos enfants et petits enfants. Et il s’agit d’un cercle vicieux, car le seul paiement annuel des intérêts va approcher les 50 milliards par an : c’est le second poste du budget, après l’éducation et avant la défense, et il absorbe à lui seul tout l’impôt sur le revenu…
Ces prévisions ont été transmises à Bruxelles à l’occasion de l’Eurogroupe et de l’Ecofin les 9 et 10 mars. On imagine la réaction de Bruxelles, qui, dès l’étape précédente, avait ouvert une procédure pour déficit excessif ! Et certains songent déjà à un nouveau plan de relance, qui finirait de nous mettre en faillite. Après les élections européennes, que se passera-t-il si Bruxelles nous condamne ? Nous aurons droit à…une amende, qui aggravera encore le déficit. Peut-être faudra-t-il attendre la banqueroute pour comprendre que même un Etat ne peut vivre éternellement au dessus de ses moyens !

Jean-Yves Naudet