« De la destruction à la résurrection » - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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« De la destruction à la résurrection »

Le 15 avril 2019, la cathédrale prenait feu, suscitant un émoi international. Sa reconstruction fait écho à ces cathédrales qui, au fil de l’Histoire, se sont toujours relevées, comme l’explique Mathieu Lours, historien de l’art et auteur de Notre-Dame des siècles. Une passion française (Cerf).
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L’incendie vu depuis le ministère de l’Enseignement supérieur, à 19 h 38.

L’incendie vu depuis le ministère de l’Enseignement supérieur, à 19 h 38.

© marind – CC by-sa

Trois ans après l’incendie, l’objectif d’une réouverture en 2024 vous semble-t-il tenable ?

Mathieu Lours : Nous sommes passés d’une cathédrale sans charpente, aux voûtes crevées, surmontée d’un échafaudage calciné, tordu et menaçant, à un édifice sécurisé dans lequel travaillent des équipes scientifiques qui effectuent des analyses minutieuses pour connaître son état, et où, parallèlement, on fait des découvertes archéologiques importantes… La France fait ce qu’elle sait faire, notamment depuis la Première Guerre mondiale : restaurer des édifices mutilés ! Aujourd’hui, tout est consolidé. Le temps de l’observation scientifique touche à sa fin et, bientôt, les opérations vont démarrer… L’objectif de pouvoir faire chanter un Te Deum en 2024 dans une cathédrale couverte semble jouable, même si l’on ne peut assurer que la flèche détruite sera reconstruite à ce moment-là.

Peut-on parler d’une « résurrection » de Notre-Dame ?

Oui, vraiment, d’autant qu’elle a brûlé un Lundi saint. Il est impossible de ne pas établir de parallèle entre la destruction, la reconstruction et la résurrection. C’est souvent le cas pour les monuments blessés, soit par les horreurs de l’histoire comme les guerres, soit par des accidents, comme cela a vraisemblablement été le cas pour Notre-Dame. Cet incendie et ce chantier peuvent être envisagés sous les angles patrimonial, historique ou providentiel : les trois ne sont pas exclusifs ! Au Moyen Âge, d’ailleurs, on en était convaincu : on donnait toujours une lecture providentialiste des incendies et des restaurations et l’on se lançait ainsi immédiatement dans des reconstructions ambitieuses, toujours dans un style contemporain. Aucune cathédrale n’a été laissée en ruines après avoir subi un incendie, alors que quasiment toutes en ont subi : Chartres en 1194 et 1836, Laon en 1112, Bourges en 1559, Verdun en 1755, Reims en 1914…

Quant à Notre-Dame de Paris, il faut souligner qu’aucun objet sacré, ni aucune œuvre d’art n’ont été perdus. Il y a seulement eu de l’eau sur les stalles du chœur et le mobilier liturgique des années 1980 a été détruit… Alors même que nous avons eu la conjonction des deux éléments les plus destructeurs : le feu de l’incendie et l’eau des pompiers. On peut vraiment parler d’un miracle !

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.