Dans l'attente de la sentence de la Cour Suprême sur le mariage - France Catholique
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Dans l’attente de la sentence de la Cour Suprême sur le mariage

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Avant que paraisse mon prochain article, et que le coq ait chanté trois fois, le Juge Kennedy aura pris sa décision : daignera-t-il sauvegarder pour le peuple Américain l’institution du mariage en tant qu’union d’un homme et d’une femme ?

Comme l’a déclaré lui-même le Juge Kennedy, cette disposition a été nôtre depuis des millénaires. Et pourtant la balle est entre ses mains, car il y a à la Cour Suprême quatre juges disposés à imposer pratiquement comme une obligation constitutionnelle n’importe quelle lubie de la Gauche intellectuelle au nom du « progrès » et de la « libération ». Le simple ajout du vote de Kennedy peut entraîner, par une majorité de cinq personnes, le bouleversement de nos lois et ruiner une institution qui s’est soumise aux lois « depuis que nous avons des lois ».

C’est tout-à-fait le même genre de problème dénoncé par Lincoln lors de son discours inaugural à propos de la sentence de la Cour Suprême dans l’affaire Dred Scott [1857 : aucun noir, esclave ou libre, ne pourrait prétendre à la aationalité Américaine]] : deux requérants, peut-être complices, pouvaient obtenir une mince majorité de la Cour, entraînant un bouleversement politique de toute la nation. Du coup, le terrain juridique s’ouvrait pour étendre l’esclavage à tout le pays et contraindre la nation à réunir une majorité extraordinaire afin de surmonter ce jugement par une révision constitutionnelle.

Mais Lincoln et le Congrès à majorité Républicaine n’attendirent pas une révision de la Constitution. Le Congrès adopta, et Lincoln promulga un texte abolissant l’esclavage sur l’ensemble des États-Unis, contredisant la sentence de l’affaire Dred Scott. La Cour aurait ainsi l’occasion de réfléchir, et si elle ne fléchissait pas, le pouvoir politique pourrait lui imposer alors un amendement à la Constitution.

Bien sûr, ce qu’on peut dire de l’affaire Dred Scott peut être redit avec plus de tristesse et un décompte plus serré des voix dans l’affaire Roe v. Wade [à propos de la légalisation de l’avortement]. Et la rumeur court que le Juge Kennedy préfèrerait conclure, dans le cas du mariage, sans déclencher une nouvelle affaire Roe v. Wade. Avec les décisions déjà prises, Kennedy et ses collègues gauchistes ont mis en branle de nombreux juges dans les cours fédérales pour avancer l’affaire et instaurer le « mariage pour tous » sans que la Cour Suprême en fasse davantage.

Mais si le Juge Kennedy s’arrête pile, comment s’y prendrait-il? Il pourrait reprendre son opinion de l’affaire Windsor, où il avait radicalement et invraisemblablement soutenu que le Gouvernement fédéral n’était invest d’aucune autorité pour se prononcer sur la signification du mot « mariage ». Il pourrait tenter à nouveau de soutenir que le mariage doit être soumis aux lois des États.

Mais alors il pourrait achever de démolir ce qui reste de l’Acte de Défense du Mariage [promulgué en 1996, partiellement abrogé en 2013], élément que j’avais noté comme étant la clé de voute de l’Acte lorsque je participais à son élaboration : les États ne seraient pas tenus de considérer comme valides des mariages homosexuels contractés dans d’autres États. Sans cette restriction, un État pourrait étendre à tout le pays la reconnaissance du mariage homosexuel. Un couple pourrait simplement se marier dans un État reconnaissant un tel « mariage » puis « importer » son mariage dans son État d’origine. J’imagine que la Cour Suprême pourrait prétendre contraindre les États à admettre ces « mariages » célébrés en un autre État, même si la majorité des habitants de l’État d’origine reste attachée à la forme traditionnelle du mariage.

Mais on pourrait probablement s’attendre à une redite de ce qui vient de se passer dans l’Indiana. Il y aura des menaces pour faire annuler les conventions dans l’Ohio pour en faire changer les lois. Les chefs d’Entreprises se joindront aux appels pour que les États soient plus accueillants envers leur personnel (gay et lesbiennes) par l’acceptation du « mariage de même sexe ». Des entreprises menaceront de délocaliser vers des États ouverts à ce « mariage », et une campagne au niveau national pourrait être trop difficile à supporter par les élus locaux. Alors que demeure une chance de préserver les lois actuelles relatives au mariage, la question sera débattue dans l’arène politique, et peut encore être soumise aux suffrages du public.

Ainsi donc, dans le cas où le Juge Kennedy se défile en laissant surgir le pire, il sera fort important qu’une personnalité politique de fort calibre se dresse et joue le rôle essentiel qu’avait joué Lincoln à la suite de l’affaire Dred Scot.
La sentence étant rendue sur cette affaire, Lincoln commença sa critique dévastatrice qui enfla en un mouvement de toute la nation afin de contrer et annuler cette sentence. Il nous a montré que le rôle d’un homme d’état consiste à mettre en évidence les questions fondamentales — et ainsi il nous montre comment les gens du peuple peuvent s’exprimer sur le sujet dans l’arène politique.

Par un cri du cœur et de la pensée, sur la chaîne CNBC, M. Rick Santelli a dit les mots de morale indignée soulevant le mouvement « Tea Party ». Et se pose la question : y a-t-il un personnage politique capable de s’élever après que le Juge Kennedy aura agi, et de dire les mots qui rassemblent les sentiments de la plupart des gens dans ce pays, et les incitent à dire leurs convictions dans un vaste élan — à dire « suffit ! ».

16 juin 2015.

Photo : Le Juge Anthony Kennedy


Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/06/16/waiting-for-the-decision-on-marriage/


Note : le Professeur Hadley Arkes était un des architectes de l’Acte de Défense du Mariage que la Cour Suprême semble se préparer à détruire ce mois.