Crise économique. Quelles réponses ? - France Catholique
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Crise économique. Quelles réponses ?

par Alexandre Da Silva .
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Avec une vitesse étonnante, la crise se répand dans le monde entier et touche à la fois le système financier, l’économie et la monnaie. Les réponses apportées depuis un an sont ponctuelles. Mais divers économistes ont déjà indiqué ce que pourrait être une politique générale de lutte contre la crise.

Comment remédier à la crise ? Le débat dure depuis plus d’un an. Face à la crise du crédit hypothécaire, le gouvernement américain avait très rapidement décidé de financer un plan de relance ; puis on s’était mis en quête, en Europe, des meilleurs moyens de réaliser la « transparence » des opérations bancaires – surtout après le scandale de la Société générale – et de mieux « réguler » le système capitaliste tout en le moralisant.
L’aggravation de la crise, à partir de septembre 2008, a conduit à l’injection massive de liquidités dans le système bancaire et à divers plans de soutien aux banques – par rachat de créances douteuses, refinancement ou nationalisation – et par l’élaboration de nouveaux plans de relance, aux Etats-Unis, en Chine et en Europe de l’Ouest. Ces diverses mesures sont d’ordinaire mises au compte du « pragmatisme anglo-saxon ». Elles sont puisées dans le catalogue des recettes keynésiennes (politique du déficit public) et néo-keynésiennes (nationalisations) mais la théorie économique de référence reste néolibérale.

D’où une ambiguïté qui s’est manifestée lors de la rencontre (G 20) de vingt chefs d’Etat et de gouvernement à Washington le 15 novembre dernier. Les membres du G 20 souhaitent des plans de relance économique, la transparence financière, le contrôle international des opérations financières faites par les « centres non coopératifs » (on n’ose pas parler de paradis fiscaux) et une réforme du système monétaire international : cela signifie qu’on entérine des mesures d’intervention des Etats dans l’économie. Mais, par ailleurs, le G 20 a réaffirmé sa fidélité aux principes de l’économie de marché et manifesté sa totale opposition aux mesures protectionnistes.

Aux réponses libérales tempérées par des interventions publiques ponctuelles ou limitées à la période de récession, s’opposent en France les propositions communes des économistes keynésiens et de plusieurs libéraux qui rejoignent Keynes sur certains points. Ce qui est publiquement préconisé dans divers ouvrages et publications scientifiques contredit point par point la pensée économique dominante depuis un quart de siècle :

Acceptation d’un fort déficit public (8 à 10%) pour financer la politique industrielle en vue du retour à une forte croissance ;
Programme complet de nationalisation du secteur bancaire afin de nettoyer chaque banque de fond en comble, d’interdire le retour à des paris suicidaires sur les produits financiers et de participer efficacement au financement de l’économie et à la distribution à taux modérés de crédit aux particuliers ;

Politique résolue d’inflation salariale, l’augmentation des salaires – à commencer par les plus modestes – permettant de développer à nouveau la consommation et de relancer, par cet autre biais, l’économie ;
Réduction de la dette des ménages : effacement de tous les dossiers de surendettement des particuliers et politique du crédit permettant de faciliter le retour des ménages endettés à la solvabilité ;
Adoption par les Etats membres de l’Union européenne d’un nouveau tarif extérieur commun – autrement dit politique de protection douanière ;
Remboursement de la dette publique par émission de billets de banque (« monétisation de la dette », déjà envisagée par le président de la banque centrale américaine) ce qui suppose l’établissement de nouvelles règles pour les Banques centrales nationales et pour la Banque centrale européenne – les missions de cette dernière devant être redéfinies en fonction des nécessités de la croissance et du plein emploi.

Ces mesures font sursauter beaucoup de ceux qui professaient depuis un quart de siècle la rigueur salariale, un taux de chômage à 9% (chômage dit d’équilibre) et le libre échange généralisé.

Mais qui pouvait croire en juillet 2007 que les Britanniques en viendraient à nationaliser des banques et que la Commission européenne entérinerait un plan de relance d’allure keynésienne ? Et, surtout, comment ne pas prendre en considération le retour au bien-être général qui serait rendu possible par la mise en œuvre de ces propositions communes ? A travers les mesures techniques envisagées, c’est la justice sociale qui est clairement souhaitée.