Tous les dimanches les catholiques récitent le Symbole de Nicée (dont les termes seront légèrement modifiés le 27 novembre 2011), et, faisant ainsi, nous prononçons des paroles qui sans aucun doute font bondir les bons esprits matérialistes. Exemple: « Il descendit du ciel; par l’Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.»
Ainsi énoncée, l’Incarnation apparaît comme une base fondamentale — sinon LA base fondamentale — de notre foi. Et ô combien cet événement miraculeux va-t-il produire?: essentiellement, bien plus de miracles.
Presque tous les samedis en hiver, ma femme et moi allons faire un tour sur un marché de maraîchers devant une église Épiscopalienne (NDT: équivalente aux États-Unis de l’Église anglicane au Royaume-Uni) quelques kilomètres au nord de chez nous. Des légumes cultivés hors sol, sous serre, et du poisson tout frais sorti des eaux glaciales de l’Atlantique. Sur un lopin herbeux (souvent enneigé) près du parking de l’église, une statue de saint François d’Assise. Les épiscopaliens vénèrent les saints, et il se trouve que cette église n’est pas dédiée à saint François. Il n’empêche que parmi les églises épiscopaliennes saint François est le vingtième parmi les saints dont le nom est donné à l’une d’elles (le nom le plus répandu est « Christ Church »). La statue représente saint François prêchant aux oiseaux. Selon la tradition, son confrère saint Antoine de Padoue a prononcé un sermon pour les poissons dans une rivière proche de Rimini, et nos frères matérialistes demanderaient sans doute :
« Croyez-vous vraiment qu’au Moyen-Age les Franciscains pouvaient prêcher pour les étourneaux ou les maquereaux?»
Et la réponse — à donner avec un large sourire épanoui — serait: « OUI !».
Un rationaliste pourrait demander: «Prétendez-vous que les oiseaux comprenaient l’italien, et les poissons le portugais?» (saint Antoine est né à Lisbonne).
Ma réponse : « Voyons, n’avez-vous jamais dit des mots doux à un chat? Et le chat n’a-t-il pas ronronné en se frottant à vous ?»
Quand ces premiers saints franciscains proclamaient Jésus-Christ à une faune diverse, les animaux ressentaient — et comprenaient — l’amour de leur Créateur. Les homélies de Saint François et de Saint Antoine faisaient vibrer leurs os et leurs cerveaux frustes; n’ayant pas la conscience d’humains (bénis sont les animaux), ils pouvaient sentir dans les paroles de ces va-nu-pieds en haillons la Vérité de leur création.
Moïse a-t-il écarté les flots ? Le figuier s’est-il desséché ? Lazare a-t-il ressuscité ? Serai-je sauvé? « pour les humains, tout cela est impossible, mais Dieu, Lui, peut tout.»
Si vous ne croyez pas cela, vous ne croyez pas. Point final.
J’ai la main verte avec les rosiers et la lavande de mon jardin. Est-ce ma foi qui fait éclore mes plantes? Non. Dans la mesure où j’y suis pour quelque chose, c’est une action logique : mettre de l’engrais, arroser, tailler au bon moment. Si je voulais planter un oranger devant ma maison à New York, pourrait-il pousser ? Non. Peut-être n’ai-je pas une foi suffisante. Car si elle était assez forte je pourrais cultiver dans un verger des oranges, des bananes, des mangues, des papayes juste là, dans le sixième ; avec une telle foi on pourrait bien se demander pourquoi je m’occuperais de faire pousser des fruits. Je ferais bien mieux de guérir les malades.
« Vous croyez, dites-vous, qu’en imposant les mains, ou par toute autre action, un saint pourrait rendre la vue à un aveugle ? Faire marcher un estropié ? Éradiquer un cancer du pancréas ? »
Oui, Jésus et Ses Apôtres et Ses saints sont souvent intervenus dans le code génétique et l’ont réécrit. Crick et Watson peuvent bien avoir « découvert » les premiers la structure de l’ADN, c’est Dieu qui a créé ces acides nucléiques, qui se soumettent à Sa volonté, et il en est de même pour les Apôtres et les saints, et voilà pourquoi ils sont capables de réaliser ce que nous autres ne pouvons faire.
Cette église au marché de maraîchers s’appelle Saint-Thomas, l’apôtre qui doutait, puis a vu et a cru, et à qui le Seigneur a dit: « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Avoir la foi de nos jours, avec tout ce que la science — et la médecine en particulier — nous offre chaque jour comme miracles rationnels, est plus difficile pour nous que ce ne l’était pour saint Thomas. Pouvoir guérir quelqu’un en tendant la main… sentir en moi une énergie incompréhensible émanant de mon âme, de mes doigts, pour effacer la maladie aussi facilement qu’un retour en arrière sur mon clavier corrige mes fautes de frappe. Que je puisse éprouver un tel amour…
Lorsque le centurion vint vers Jésus et demanda au Seigneur de guérir son serviteur malade (et Jésus accepta d’aller à la maison du Romain), le militaire prononça ces mots que nous connaissons de l’ordinaire de la messe (ces termes seront modifiés aussi en Novembre): « Seigneur, je ne mérite pas que tu entres sous mon toit, ; mais dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri.» Et le centurion ajouta :
« Car moi, qui ne suis qu’un subalterne, j’ai sous moi des soldats, et je dis à l’un: Va !, et il va, et à un autre: Viens !, et il vient, et à mon serviteur: Fais ceci !, et il le fait.»
Matthieu écrit que Jésus fut dans l’admiration. Imaginez ! Épater Dieu ! Peut-être que Matthieu a entendu la phrase suivante avec autant d’étonnement : « En vérité, je vous le dis, chez personne je n’ai trouvé pareille foi en Israël. »
Comment un chef de section Romain voyait-il — avec une telle acuité — ce que même les plus proches du Christ ne voyaient pas ? Comment un païen pouvait-il reconnaître le pouvoir divin sur toutes choses ? Voici un militaire plein de bon sens qui ne se serait pas offusqué de voir nager des oiseaux ou voler des poissons! Ou de voir des pécheurs rassemblés pour la plus grande gloire de Dieu.
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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/credo.html