Dès son accession à la charge impériale, Constantin (272-337) se montre ouvert et intéressé par le christianisme, et il devient rapidement son plus grand soutien. Par l’édit de Milan (313), il réaffirme la liberté de culte et de croyance pour tous les habitants de l’Empire, entérinant ainsi la reconnaissance officielle du culte chrétien qui avait eu lieu deux ans auparavant. Par la suite, l’empereur accélère encore sa promotion du christianisme en encourageant tout un corpus de lois pro-chrétiennes.
Le rôle de Constantin dans la prise de décision et l’organisation du concile de Nicée est essentiel. Il ordonne la tenue du concile ; il convoque les évêques dans le palais impérial à Nicée ; il choisit la date du concile afin de l’intégrer dans les cérémonies en l’honneur de son jubilé ; il met à la disposition des évêques les voitures du cursus publicus – la poste impériale –, normalement réservées aux fonctionnaires, afin de leur permettre de voyager gratuitement ; il prononce le discours d’ouverture le 20 mai, ainsi que le discours de clôture du mois de juin.
Cette intrusion de l’autorité civile dans le domaine religieux paraît étrange aujourd’hui, mais elle est tout à fait compréhensible au IVe siècle. En effet, sous l’Empire romain, il appartient au pouvoir civil d’organiser et de contrôler les cultes reconnus par l’État. L’empereur est considéré comme le représentant sur terre des dieux protecteurs de l’Empire. Il est donc du devoir de l’empereur d’aider les chrétiens à mettre de l’ordre dans leur fonctionnement interne. Dans une volonté de rationalisation et de bonne organisation, l’empereur souhaite ardemment unifier le calendrier pascal, qui était jusqu’alors différent dans chaque région. Par ailleurs, il considère que la paix religieuse est un élément constitutif de la Pax Romana.
Lutter contre les hérésies
Tout en facilitant la rencontre des Pères conciliaires, Constantin ne cherche pas à s’immiscer dans les discussions, ni à influer sur les prises de décision. C’est un excellent soldat, courageux et endurant. Mais, nouvellement converti ou en passe de l’être, il ne maîtrise pas les dissensions théologiques et s’en remet totalement à son conseiller spirituel, l’évêque Ossius (v. 256-357). Constantin est un chef d’État pragmatique et efficace. Face au désaccord théologique profond et violent qui divise l’Église, il met tout en œuvre pour permettre aux théologiens de trouver une définition de la structure trinitaire, afin de contenir, définitivement espère-t-il, l’effloraison d’hérésies. C’est bien le sens de son allocution d’ouverture dans laquelle il dit aux évêques sa joie de les voir assemblés, et son désir fervent de voir triompher la concorde et l’unité dans l’Église.
L’universalité, notion romaine
Délivrée des persécutions et reconnue par l’État, l’Église du IVe siècle n’a plus besoin de se préoccuper de sa survie. Elle a le champ libre pour développer sa réflexion théologique et réfléchir à sa structure interne. L’empereur Constantin est d’un secours important dans ce domaine. Il aide les hommes d’Église à prendre conscience de leur liberté nouvelle. Il les pousse à rechercher et à promouvoir l’universalité, notion éminemment romaine, tant dans le domaine organisationnel qu’en matière de théologie.