Clé de voûte du salut - France Catholique
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L'Église dans l'attente
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Clé de voûte du salut

La doctrine du péché originel suscite l’embarras de nombreux croyants et théologiens. Il est même devenu difficile de savoir exactement ce que l’Église croit et enseigne. L’éclairage du frère Philippe-Marie Margelidon, o.p.
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Adam et Ève chassés du jardin d’Eden, Michel-Ange, chapelle Sixtine.

Adam et Ève chassés du jardin d’Eden, Michel-Ange, chapelle Sixtine.

Qu’est-ce que le péché originel ?

Frère Philippe-Marie Margelidon : La doctrine catholique du péché originel est une vérité essentielle de la foi. Elle a son fondement dans l’Écriture (Gn 2-3 et Rm 5, 12-19) et la Tradition. Écoutons le Catéchisme de l’Église catholique : « L’homme, tenté par le diable, a laissé mourir dans son cœur la confiance envers son créateur (cf. Gn 3, 1-11) et, en abusant de sa liberté, a désobéi au commandement de Dieu. C’est en cela qu’a consisté le premier péché de l’homme (cf. Rm 5, 19). Tout péché, par la suite, sera une désobéissance à Dieu et un manque de confiance en sa bonté » (CEC n° 397). Ce premier péché fut donc un acte libre de désobéissance, sur la suggestion du démon, qui a consisté à se préférer soi-même plutôt que de s’en remettre à Dieu. Ce qu’explique saint Maxime le Confesseur : « Par la séduction du diable, il a voulu “être comme Dieu” » (cf. Gn 3, 5), mais « sans Dieu, et avant Dieu, et non pas selon Dieu. » Cette doctrine s’est précisée surtout au Ve siècle, en particulier sous l’impulsion de la réflexion de saint Augustin, et au XVIe siècle, en opposition à la Réforme protestante.

Le péché originel est-il un récit mythique et poétique d’un événement qui n’a pas réellement existé, pour expliquer le mal présent dans le monde ?

Le récit biblique est imagé, il ne faut pas lui demander plus qu’il ne veut nous dire. C’est un récit dont tout le sens et la portée sont religieux. Cependant, le Catéchisme est très clair sur ce sujet : si « le récit de la chute (Gn 3) utilise un langage imagé […] il affirme un événement primordial, un fait qui a eu lieu au commencement de l’histoire de l’homme […] » (CEC n°390). Cet événement – le péché des origines – n’est donc pas un mythe : il s’inscrit dans l’histoire, et non hors d’elle. Il a été précédé du péché des anges commis hors de l’histoire humaine, mais qui interfère avec elle (cf. CEC, n°392-393). C’est ainsi qu’Adam et Ève, nos premiers parents, au commencement de l’histoire, à un moment que nous ne pouvons pas connaître, ont perdu l’état d’amitié et de grâce avec Dieu, ce qu’on appelle aussi « grâce de la sainteté originelle » (cf. CEC, n° 399). Cet état d’harmonie n’est pas à chercher dans un moment quelconque de développement ou d’évolution de l’homme. Nous n’en savons rien. Nous savons par la Révélation que l’homme, qui est naturellement mortel, comme tous les êtres composant le monde terrestre, avait été préservé par le don de la justice originelle de la souffrance et de la mort.

Vous parlez d’un « événement primordial », mais concrètement, Adam et Ève ont-ils vraiment existé ?

Oui, il y a bien un couple originel qui est la cause de ce désaxement de la nature humaine par rapport à la fin surnaturelle, à la vocation divine de l’homme. Si on ne peut nier purement et simplement l’historicité d’Adam, en revanche rien ne nous est dit du lieu, du moment.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.