L’autre jour, j’ai reçu une leçon du genre de celles qu’on déteste recevoir. Mais j’imagine qu’il est important de traverser la vie en gardant les yeux ouverts sur la réalité.
Depuis un certain temps j’avais entendu dire que malgré tous les rapports qui ont été faits, le pourcentage de prêtres pédophiles n’est pas plus élevé que celui de la population en général. De la façon dont le New York Times et le Boston Globe traitent le sujet, vous avez parfois l’impression que tous les pédophiles sont des prêtres, et que tout prêtre est un pédophile potentiel.
Les rangs du clergé catholique sont-ils un particulièrement terrible refuge pour tous les délinquants sexuels reconnus ? Non, en fin de compte. Et c’est là qu’intervient ma douloureuse leçon.
Je discutais de ces choses avec un ami quand il demanda à brûle-pourpoint : « Où est ton ordinateur ? regarde donc un site appelé crimereport.com. »
« Pourquoi ? » demandais-je, n’étant pas le genre de personne à aller consulter un site internet inconnu rien que pour le plaisir. « Fais moi confiance » a-t-il dit, ce qui n’était pas beaucoup plus persuasif.
Mais c’est un ami, alors j’ai décidé de me prêter à sa fantaisie. Avec le recul, je souhaiterais presque n’en avoir rien fait. Mais il y a des moments où il faut voir la vérité en face.
J’ai donc tapé l’adresse internet — crimereports.com — et une carte de ma petite ville est apparue, constellée de douzaines et de douzaines de peits triangles. « Ce sont sans doute tous les crimes répertoriés dans l’année. Est-ce qu’on clique sur l’un d’entre eux pour savoir de quel crime il s’agit ? » « Non, a répondu mon ami. Ce ne sont pas tous les crimes répertoriés. Ce sont uniquement les agresseurs sexuels qui vivent dans ton voisinage. »
« Chacun de ces triangles, a-t-il expliqué — et il y en avait plus d’une centaine dans un rayon de deux miles autour de ma maison — représente un délinquant sexuel fiché par l’État. Regarde, tu passes la souris dessus et l’image s’affiche. »
Effectivement, des images de types s’affichaient comme je déplaçais la souris ici et là sur l’écran. Je n’y ai pas passé beaucoup de temps, je le reconnais : ainsi que le suggère T.S. Elliot dans The Four Quartets : « l’humanité ne peut pas supporter une forte dose de réalité. »
Durant le temps que j’y ai passé, je n’ai pas vu l’image d’une seule femme. Je ne dis pas qu’il n’y en avait pas, simplement, je n’en ai pas vu. Ce qui était choquant, et instructif, c’était le nombre stupéfiant de ces petits triangles disséminés sur l’écran : des centaines. Et pas seulement dans les « mauvais quartiers ».
J’ai montré ce site à un autre ami qui vit dans une charmante grande maison de classe moyenne supérieure, dans un quartier chic pour classes moyennes supérieures, où les enfants vont dans le lycée le plus huppé du secteur. Il n’a pas été aussi surpris que moi. Mais il a été plus qu’à moitié contrarié de découvrir l’un de ces triangles à deux pâtés de maisons de son domicile dans une direction et un autre à trois pâtés de maisons dans l’autre sens.
Il a vite passé la souris sur chaque triangle et a été soulagé que ce ne soit pas une de ses connaissances. Mais je suis quasiment sûr qu’il a mémorisé les visages, au cas où.
Essayez. Tapez crimereports.com dans votre navigateur et voyez si vous n’êtes pas stupéfait du nombre de déliquants sexuels qui vivent dans votre ville, à peu de distance de chez vous.
Et tant que vous ne vivrez pas dans un monastère ou un lotissement uniquement peuplé de prêtres vous devrez affronter le fait que :
(A) il y a beaucoup de délinquants sexuels dans votre environnement, et
(B) ils ne sont pas tous prêtres.
Ne me comprenez pas de travers : je ne désire pas que les prêtres coupables de pédophilie ou les supérieurs qui les protègent échappent aux poursuites. Les prêtres qui commettent des péchés de cette sorte font pleurer les anges. (<
NDT :La loi est beaucoup plus sévère aux USA : un adolescent de 19 ans qui a des relations sexuelles consenties avec sa petite amie de 16 ans est un délinquant sexuel fiché. Ce qui explique le nombre très élevé de faits relevés.
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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/mapping-our-disordered-desires.html
