Bruits de bottes… - France Catholique
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Le journal de la semaine

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Bruits de bottes…

La France est-elle sur le point de s’engager dans un conflit de haute intensité ? À écouter de nombreuses déclarations, l’hypothèse n’a plus rien d’extravagant. Elle mérite cependant d’être mise en perspective. Et sans doute nuancée.
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© Pascal Deloche / Godong

Les Français n’en sont pas encore à stocker des pâtes, du sucre et de l’huile. Mais à lire la presse, la possibilité de faire face à un conflit intense commence à s’inscrire durablement dans l’esprit d’une partie de la population. Dans Le Figaro (05/12), une septuagénaire explique ses projets au cas où la France interviendrait pour soutenir un allié de l’OTAN entrant en conflit avec la Russie : « Je compte embarquer mes enfants et mes petits-enfants dans un avion direction le Canada où vivent des cousins. […] Le Canada c’est bien parce que c’est suffisamment loin de la Russie et on y parle français. » Quelques lignes plus loin, une jeune femme s’inquiète : « Si nous sommes en guerre, nous n’aurons plus la même qualité de vie, ça me pousse à vivre l’instant présent »

À lire ces deux propos, on se dit qu’ils n’annoncent rien de bon en cas de dégradation de la situation, si elles sont représentatives de l’état d’esprit général des Français. Préparer sa fuite et préserver son confort ne sont sans doute pas les attitudes les plus appropriées pour faire face à une agression et la surmonter…

Mais il faut reconnaître que les autorités ne font rien pour atténuer la peur : en témoigne par exemple la diffusion venue de nulle part, voici trois semaines, du guide Tous responsables dans lequel on apprend à confectionner un sac contenant tous les effets nécessaires à la survie dans les 72 heures qui suivent le déclenchement d’une crise, dont une « menace en lien avec un engagement majeur de nos forces armées en dehors du territoire national ». Enfin, lorsque le chef d’état-major des armées, le général Fabien Mandon, déclare au congrès des maires de France le 18 novembre que « si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, […] de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense […], alors on est en risque », l’anxiété monte en flèche.

Faut-il pour autant considérer le risque comme nul ? Se rassurer en imaginant que les ambitions territoriales de Vladimir Poutine se limitent à la zone d’influence russe ? Que la clé du conflit repose à Washington et que, fort de sa puissance, Donald Trump finira par obtenir une cessation des hostilités entre Kiev et le Kremlin ? Que la petite musique d’une guerre à venir n’est qu’une diversion orchestrée à l’Élysée pour masquer la faiblesse politique de son occupant ? Ou même qu’Emmanuel Macron serait possédé par un attrait irrépressible pour le chaos ? Ce serait assurément imprudent. Le risque est réel, son contour et son origine mal cernés. Une certitude : le rêve kantien d’une paix perpétuelle est une chimère.

« Sur notre propre sol » ?

Dans son livre Pour le succès des armes de la France (Fayard) attendu mercredi en librairie, le général Pierre de Villiers dit les choses sans ambiguïté : « Il est prioritaire de donner, à la France et à ses armées, les moyens de ses ambitions. C’était une nécessité il y a huit ans ; désormais c’est une urgence. » Car pour lui, la guerre est désormais possible, « y compris sur notre propre sol » Comment ? En reprenant la méthode éprouvée des « 3M » chère aux militaires : identification des Menaces, définition des Missions, fourniture des Moyens. Tout est à reprendre, sans tarder, sans panique, en conservant toujours à l’esprit cette règle qui ne connaît pas d’exception : la violence ne cède que devant la force