Bonnet rouges et blancs bonnets - France Catholique
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Bonnet rouges et blancs bonnets

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Le mouvement des Bonnets Rouges, qui tient son nom d’une révolte survenue au XVIIème siècle pour protester contre l’introduction de nouveaux impôts et notamment de la gabelle en Bretagne, ne semble pas vouloir désarmer. En dépit de la négociation du Pacte d’avenir pour la Bretagne soutenu à la fois par l’Etat et la Région, les initiateurs du mouvement poursuivent l’organisation de manifestations plus ou moins pacifiques avec un seul mot d’ordre: le retrait définitif de l’écotaxe.

Pour calmer le jeu, alors que la Bretagne s’enfonce dans une crise agroalimentaire qui est en fait la conséquence d’un modèle économique désormais inadapté, le gouvernement a décidé de suspendre l’écotaxe, c’est-à-dire d’en repousser une nouvelle fois la mise en œuvre prévue jusque là pour le 1er janvier 2014. De fait, l’écotaxe n’est en rien dans la crise actuelle qui secoue la Bretagne puisqu’elle n’est pas encore effective et que son principal défaut est d’arriver au mauvais moment, dans un contexte de lassitude fiscale exacerbée. Car pour le reste, l’écotaxe, en dehors de son mode de perception, ne mérite certainement pas l’accablement dont elle est l’objet. Adoptée à l’unanimité du Parlement dans le sillage du Grenelle de l’environnement, elle constitue l’une des composantes, encore bien modeste ne serait que par son montant de surcroît réduit de moitié pour la Bretagne, de l’indispensable changement de paradigme pour parvenir à une économie plus économe à la fois en ressources et en émission de gaz à effet de serre.

Mais, indépendamment de son contenu, le mouvement des Bonnets Rouges est intéressant à regarder comme phénomène sociologique. A cet égard, il n’est pas sans rappeler le mouvement de la Manif pour Tous destiné à contester le droit au mariage et à l’adoption pour les personnes homosexuelles. Dans les deux cas, il s’agit d’un soulèvement spontané, constitué en dehors des partis politiques et des organisations syndicales et dont la capacité de mobilisation doit beaucoup à l’Internet et aux réseaux sociaux. Christian Troadec, le maire divers gauche de Carhaix, est ainsi sorti soudainement de l’anonymat comme Frigide Barjot quelques mois plus tôt.

A chaque fois, ces mouvements suscitent le même embarras de la part des pouvoirs installés. On se souvient de la prudence des partis de droite peu enclins à s’afficher dans les manifestations du printemps dernier tout comme les syndicats de gauche il y a quelques jours qui ont préféré organiser une manifestation parallèle plutôt que de défiler à Quimper. Et que dire de la presse qui se décrit rebelle mais donne dans le conformisme le plus total.

Dès lors, en effet, que la pensée dominante semble remise en cause, elle préfère se faire la docile porte-parole du pouvoir en place. De même qu’elle ne comptait au printemps, comme le Ministère de l’Intérieur, que 300 000 manifestants à Paris là où il y en avait manifestement 1 million, elle ne s’attarde guère sur les protestataires bretons. Il en va pareillement du traitement réservé par la presse à l’affaire Léonarda qui n’aurait sans doute pas été le même sous un gouvernement de droite.

Il y a donc fort à parier que, de même que la Manif pour Tous n’a pu empêcher l’adoption du mariage homosexuel, les Bonnets Rouges ne parviendront pas à supprimer l’écotaxe et, plus généralement, à réduire la pression fiscale.

Reste à savoir si, dans un cas comme dans l’autre, ils sauront transformer l’essai qu’ils ont néanmoins marqué pour s’installer durablement dans la vie politique et sociale et la transformer en profondeur.