Bilan d'un voyage - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Bilan d’un voyage

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Que le voyage du Pape aux États-Unis ait été un extraordinaire succès, il est difficile de ne pas en convenir. Partout où il s’est rendu, où il s’est exprimé, François a été chaleureusement applaudi, aussi bien à la tribune du Congrès, à celle de l’ONU, qu’auprès des foules de la rue et celles des grands rassemblements. Sa popularité pouvait, d’avance, faire présager un tel succès. Cet homme touche les cœurs parce que sa bonté est manifeste à tous. Lorsqu’il opère des mises au point sur des sujets délicats, il procède sur un ton calme et mesuré, qui ne saurait blesser ceux qui pourraient se sentir visés. Pourtant, il n’élude rien des sujets les plus controversés. Je pense notamment à la question des migrants, qui soulève chez nous une discussion acharnée et qui touche autant les États-Unis que les nations européennes. Il n’y a pas qu’en Hongrie que l’on construit des obstacles le long des frontières. On en discute abondamment dans la campagne des primaires en cours en vue de l’élection présidentielle.

Ceci nous invite d’ailleurs à mesurer les effets réels de la parole de François. Écouté avec bienveillance, objet même d’ovations, il n’est pas sûr qu’il soit toujours approuvé. Il n’a pas hésité, par exemple, à mettre en cause la politique américaine au Proche-Orient, avec les conséquences terribles qui ont suivi la déstabilisation de toute la région. Les politiques responsables sont sans doute très loin de consentir à une révision déchirante de leurs décisions passées. Autre point délicat : la défense de la famille réaffirmée avec vigueur par le Pape constituait une critique implicite de certains arrêts de la Cour suprême des États-Unis ainsi que des motifs idéologiques qui inspirent une certaine culture sociétale propre à l’ONU.

Une querelle d’interprétation est née à partir d’une formule par laquelle le Pape dénonçait directement une nouvelle forme de colonisation idéologique qui impose des modèles de comportement à des peuples qui n’en veulent pas. François visait-il la théorie du genre et toutes ses désinences ? C’est probable, même si le concept de colonisation offre d’autres perspectives, notamment dans l’ordre de la politique ou de l’économie. Combattant désarmé ne désirant que la paix et la concorde, le Pape n’est pas pour autant un partenaire prêt à avaliser les compromis ambigus. De ce point de vue, il continue ses prédécesseurs et on s’interroge déjà sur la suite pastorale qu’il entend donner à ses convictions les plus avérées.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 28 septembre 2015.