Bilan bioéthique - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Bilan bioéthique

La navette parlementaire a donné son caractère définitif — pour quelques années — à la loi sur la bioéthique. Occasion pour nous de dresser un bilan.
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Le texte final, issu de la conciliation entre quatorze parlementaires, a été adopté le 15 juin, voté par les 7 UMP contre les 6 socialistes, la représentante centriste s’étant abstenue. Ce texte devait être adopté dans chacun des deux hémicycles les 21 et 23 juin.

Sur un point de forme important, la posture du Sénat l’a emporté : la loi devra être révisée tous les sept ans, et, tous les cinq ans, des états généraux de la bioéthique devront faire le point sur les nouvelles évolutions des techniques. Comment interpréter cette perspective ? Les promoteurs du respect de la vie hésitent. Constatant que les deux dernières révisions se sont traduites par de nouveaux glissements, certains dénoncent l’instabilité des règles éthiques. Pour eux, le système de révision est un piège.

Une troisième modification de la loi ne risque-t-elle pas d’avaliser les dérives que la seconde a évitées ? On pense à la gestation pour autrui, au droit à la procréation artificielle pour les personnes homosexuelles et à l’autorisation explicite de la recherche sur l’embryon. Mais d’autres observateurs soulignent que le dispositif législatif actuel contient déjà de graves transgressions, qui ne peuvent satisfaire. La « surproduction industrielle » des embryons humains va être intensifiée ; le don de gamètes sera davantage banalisé ; l’eugénisme va être accéléré par le développement du diagnostic prénatal ; et c’est un laxisme croissant en matière de recherche sur l’embryon que le principe d’interdiction symbolique assorti de dérogations élargies va instaurer. De plus, on peut craindre qu’en se défaussant sur des instances judiciaires, administratives ou gouvernementales, les parlementaires n’assument par leur responsabilité bioéthique. Certains pays comme la Belgique ont dérivé sans loi… C’est peut-être le premier mérite de la législation bioéthique française que de reconnaître que la bioéthique est un sujet politique crucial pour l’avenir de l’humanité.

Ce second processus de révision a d’ailleurs fait émerger un solide groupe de parlementaires « personnalistes », selon l’expression d’un de leurs leaders, le député Xavier Breton. Formés et engagés, ils ont résisté avec courage à leurs adversaires. Grâce à eux, de nombreux mouvements et personnalités partageant leur approche ont été auditionnés, formellement ou informellement. Le long processus de révision de la loi a par ailleurs provoqué certains retournements heureux, comme celui qui a vu le parti socialiste se positionner officiellement contre le système des mères porteuses, prenant à contre-pied médias et sondages d’opinion, même si de nombreux élus de gauche (et quelques-uns de la majorité présidentielle) ont tenté de légaliser cette pratique.

Le processus inauguré en 2009 par les états généraux de la bioéthique a finalement marqué un rééquilibrage des débats. Les chrétiens ont joué un rôle majeur en contrant les petits groupes qui revendiquaient les nouvelles trans­gressions. La qualité de l’apport de l’Église catholique a surtout marqué les esprits. Des parlementaires se sont appuyés sur ses arguments pour contester ceux qui récusaient toute idée de régulation éthique de la pratique scientifique. Le lobby scientiste nie, sans preuve, l’humanité de l’embryon et professe une idéologie prométhéenne résolument antichrétienne. Ses relais ont donc attaqué l’Église dans les hémicycles, mais c’est parce que celle-ci avait su appuyer là où ça fait mal. Et les chrétiens sont restés unis et cohérents, défendant le bien universel, au nom de la justice pour tous, de la défense des plus vulnérables et du vrai progrès scientifique. Ils n’ont donc rien à regretter. D’autant que l’interdiction (symbolique) de chercher sur l’embryon n’a été réaffirmée qu’à trois voix près, au Sénat.

A l’arrivée, le résultat concret reste mitigé puisque la loi bioéthique 2011 est moins éthique que sa version 2004… Mais cela aurait pu être pire. Les débats ont au moins permis d’entamer des prises de conscience, notamment sur le scandale de l’éradication prénatale des personnes trisomiques… Cette loi devrait donc être promulguée, mais le débat bioéthique doit continuer. Il est de plus en plus infesté par l’idéologie du genre, celle qui nie que l’humanité soit faite d’hommes et de femmes et entretient l’illusion que le bonheur passe par toutes les transgressions et tous les artifices procréatifs. Cette idéologie sera un enjeu des présidentielles de 2012. Ennemi numéro 1 de la nature humaine, de la sexualité et de la famille, le « Gender » est l’antithèse de l’écologie… humaine.