Avortement : 12 femmes témoignent auprès de parlementaires - France Catholique
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Avortement : 12 femmes témoignent auprès de parlementaires

Des témoignages pour éclairer le vote. Alors que le Congrès doit se réunir le 4 mars pour se prononcer sur l’inscription de l’avortement dans la Constitution, le European Center for Law and Justice (ECLJ), ONG installée à Strasbourg, part à la rencontre de sénateurs et de députés, accompagnée de douze femmes souhaitant témoigner de la douleur – et de la détresse – suscitées par leur avortement.
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Douze femmes témoignent auprès de sénateurs de l'avortement qu'elles ont subi. © P Deliss

Caroline (les prénoms ont été changés) avait 19 ans lorsqu’elle a avorté. La gorge nouée, laissant parfois couler des larmes, elle raconte d’abord comment « le monde s’est écroulé » lorsqu’elle apprend sa grossesse, qu’elle décide cependant immédiatement « d’assumer ». Lorsqu’elle l’annonce au père de l’enfant, « le monde s’écroule une deuxième fois », à tel point qu’elle ne se souvient plus aujourd’hui de la teneur de la discussion. Seul demeure le souvenir d’une « violence verbale » terrible, qui la pousse à se rendre à l’hôpital pour avorter. Là, « aucune alternative » ne lui est proposée jusqu’à ce qu’elle prenne un cachet et que son enfant soit « évacué », selon le terme que lui ont tenu les médecins à l’époque. « Aujourd’hui, mon enfant aurait eu 18 ans et j’aurais aimé que la République lui garantisse son droit fondamental à vivre » explique-t-elle, des sanglots dans la voix. « Le déni de souffrance est le plus dur, continue Caroline qui, avec onze autres femmes, témoigne auprès de parlementaires. Or, si l’avortement est inscrit dans la Constitution, cela voudra dire que les femmes n’auront plus le droit moral de souffrir ».

« Plutôt que d’être consacré comme une ‘liberté’, l’avortement devrait faire l’objet de politiques de prévention » explique l’ECLJ dans le document présentant sa démarche, soulignant les « pressions fortes, notamment de la part du père de l’enfant » à l’encontre de nombreuses femmes ayant avorté, ainsi qu’une violence de l’acte médical passé sous silence : « d’autres femmes se sont senties libres de recourir à l’IVG, mais ont réalisé a posteriori que la société leur avait menti sur l’IVG, qu’elles n’ont pas vécue comme une simple opération médicale » souligne encore l’ONG.

Absence de discussion

« Un mois après mon avortement, je me suis effondrée par terre, sans parvenir à avancer » se souvient ainsi Julie, qui a avorté il y a cinq ans et qui témoigne elle aussi. « Lorsque l’on m’a demandé au Planning familial pourquoi je voulais avorter, j’ai répondu que je n’avais pas les moyens d’avoir un bébé, ce qui était faux et que le père n’en voulait pas. J’aurais voulu que l’on m’interroge… » explique-t-elle, déplorant, comme les autres femmes témoignant ce jour-là, l’absence de discussion. « Pour ma part, j’ai uniquement avancé comme raison : ‘Je n’ai pas le choix’, raconte Véronique, qui a avorté à l’âge de 22 ans. Or, l’assistante qui m’a reçue n’a pas creusé. Pourtant, une main tendue, une parole, aurait suffi… »

Espérant sensibiliser les parlementaires afin d’empêcher l’inscription de l’avortement dans la Constitution, l’ECLJ souhaite également mettre en avant des propositions concrètes pour éviter le recours à l’avortement : insérer la prévention de l’IVG dans les cours d’éducation sexuelle de collège et de lycée, étudier la vie intra-utérine au sein du programme de SVT de l’Éducation nationale, améliorer la prise en charge de la grossesse par la Sécurité sociale, ou encore rétablir le délit d’incitation à l’avortement, inscrit à l’origine dans la loi Veil de 1975. L’ONG compte rappeler la France à ses engagements, pris en 1994 lors de la Conférence des Nations Unies au Caire sur la population et le développement : « réduire le recours à l’avortement » et « prendre des mesures appropriées pour aider les femmes à éviter l’avortement ».