Quelles sont les grandes lignes de l’histoire de votre institution ?
Père Jean-Bernard Plessy : Nous sommes installés dans les murs d’un ancien monastère de Chartreux, fondé, en 1580, sur la colline de la Croix-Rousse, pour être un couvent de passage pour les prieurs se rendant au chapitre général de la Grande Chartreuse. À la Révolution, les Pères ont été chassés et l’un d’entre eux guillotiné. En 1802, le cardinal Fesch rachète le lieu pour y installer son archevêché et y créer une société de prêtres diocésains, au service des paroisses, de la mission et de l’éducation. La première école a été fondée en 1825, avec 14 enfants. Le successeur du cardinal a agrandi l’institution et lui a donné sa forme actuelle. Nous avons 4 800 élèves, dont 700 internes, venant de 70 départements et de plusieurs pays, répartis sur dix sites différents.
Quelle est votre singularité ?
Nous avons une exigence de formation de toute la personne, pas uniquement la transmission du savoir. Nous voulons bien sûr instruire, mais surtout éduquer le cœur, l’âme, l’esprit, dans la liberté de la personne. Nous accompagnons les jeunes tout en les laissant libres et responsables. Notre réseau de 5 000 anciens montre bien l’attachement qu’ils gardent pour les Chartreux. Pour les événements du bicentenaire, la semaine dernière, beaucoup sont revenus de toute la France et d’autres pays.
Comment parvenez-vous à rester ancrés dans vos racines chrétiennes ?
Nous annonçons clairement notre projet éducatif chrétien dès l’entretien d’entrée. Les gens ne sont donc pas surpris et sont libres de choisir une autre école, si cela ne leur convient pas.
Nous proposons aux élèves qui le souhaitent de se préparer aux sacrements du baptême et de la confirmation. Cette année, j’ai baptisé 10 élèves de prépa et terminales, 12 collégiens, et 40 primaires vont également être baptisés. Nous proposons régulièrement le sacrement de réconciliation et, chaque trimestre, la messe rythme la vie de l’école. Les cours s’arrêtent afin que tous ceux qui le souhaitent puissent venir, sans qu’elle soit pour autant obligatoire. Ils étaient plus de 450 à la dernière !
D’où vient ce succès ?
Il n’y a pas de secret : ce qui marche, c’est d’être devant les jeunes, d’être cohérent, de vivre ce qu’on leur dit. Alors les élèves suivent. Ils savent, par exemple, que je célèbre la messe à leurs intentions tous les matins ou à midi. Certains y assistent. Ils sont une trentaine à me rejoindre ensuite pour les laudes chaque jour. Ensuite ils sont très nombreux à passer à la chapelle pour confier leur journée à Dieu. C’est magnifique !
Est-ce important d’avoir un prêtre directeur d’école ?
Je constate tous les jours la nécessité et la fécondité du rôle du prêtre dans une école, en particulier pour les vocations. Parmi la trentaine d’enfants de chœur, certains me parlent de leur désir de consacrer leur vie à Dieu… Les vocations sont là, dans les écoles : il faut les accompagner. Nous proposons six rencontres par an sur la question des vocations, du mariage au sacerdoce. Je prêche aussi des retraites pour les plus âgés. C’est vraiment une mission passionnante : je n’ai pas vu le temps passer, en 25 ans ! Malheureusement, ma situation est désormais unique en France : je suis le dernier prêtre directeur d’un établissement catholique sous contrat…
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