Au bord de l’extinction - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Au bord de l’extinction

Pendant que l’Occident se focalise sur les ravages de la guerre en Ukraine, un petit peuple chrétien est en voie d’éradication : les Arméniens du Karabagh. Plus que jamais, il s’agit d’une question de vie ou de mort pour un peuple qui a appris la résistance grâce à sa foi.
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Vestiges de pierres tombales au monastère de Vorotnavank, Xe et XIe siècles, Arménie.

Vestiges de pierres tombales au monastère de Vorotnavank, Xe et XIe siècles, Arménie.

© Naren Hakobyan / Unsplash

Voici des semaines, des mois, que quelques rares « lanceurs d’alerte » tirent le signal d’alarme. Les chrétiens arméniens du Karabagh sont en voie d’extinction, crient-ils. En vain, ou presque. On songe notamment au journaliste Jean-Christophe Buisson, rédacteur en chef du Figaro Magazine, l’un des plus ardents défenseurs de ce peuple, qui sonne le tocsin inlassablement sur les réseaux sociaux ou dans ses articles. Et de diffuser des informations et des témoignages précis sur les escarmouches, voire les attaques en règle menées par les soldats d’Azerbaïdjan sur le patrimoine et la population de cette enclave arménienne – son berceau historique. Des vidéos et des images déchirantes qui montrent les mêmes marteler, détruire, éradiquer tout ce qui peut ressembler au patrimoine de la région, consubstantiellement chrétien. Hormis quelques réactions polies et indignées, peu de mouvement. Force est de constater que ses signaux d’alarme ne semblent guère émouvoir l’opinion publique mobilisée par le conflit en Ukraine.

Goulot d’étranglement

L’examen des faits récents montre que l’on a affaire à une authentique tragédie culturelle et spirituelle. Depuis la dernière attaque de l’Azerbaïdjan, en effet, la région du Haut-Karabakh n’est reliée à l’Arménie que par un frêle corridor, le corridor de Latchine qui, depuis la mi-décembre, est bloquée par de pseudo-militants écologistes azéris qui dénoncent l’exploitation de mines dans la région, dont l’impact environnemental serait désastreux. Revendication médiatiquement correcte de prime abord, mais qui semble obéir à des logiques plus cyniques. Difficile de ne pas considérer que ces militants humanitaires supposés soient dénués de motifs bien moins vertueux, et qu’ils soient en fait manipulés par le pouvoir de Bakou, qui ne rêve que d’une chose : éradiquer les Arméniens chrétiens de la région.

Dans les faits, les conséquences de ce blocus dit écologique – voire pacifique pour les moins dénués de scrupules – se traduisent de manière tragique dans le Karabagh : les biens de première nécessité, comme la nourriture, les médicaments ou les pièces de rechange ne parviennent plus aux habitants. Dans les écoles, on a dû interrompre les cours. Chacun attend que le blocus routier soit supprimé, ou que l’on mette en place un corridor aérien. Problème : les forces russes déployées sur place ne semblent pas pressées d’agir. Moscou, en effet, préfère mobiliser son énergie sur le front ukrainien. Dans les faits, les soldats azéris s’en donnent à cœur joie et se filment en train de défoncer, à coups de barre à mine, les magnifiques témoignages du christianisme arménien.

Sépultures profanées

Ce qui semble se dessiner ? L’éradication d’une population chrétienne du Caucase. Rien de moins. Sans doute est-il – encore – exagéré de parler d’ethnocide ou de populicide, comme on peut le lire ici et là. Et encore. Combien de soirées sans que la frontière du Karabagh et de l’Arménie ne résonne de rafales ? Combien de statues ou de sépultures profanées ? Combien de vidéos diffusées sur les réseaux sociaux de nervis azéris hilares, démolissant à coups de masse ou rafalant à la « kalach » ce qu’il y a de plus sacré dans le patrimoine arménien de la région ? Le concept « d’épuration ethnique » semble le plus opératoire pour décrire ce qui se passe actuellement dans la zone.

Retrouvez l’article complet et le Grand angle dans le magazine.