Abbé Pierre Amar : « Quand un projet veut détruire l'homme, on doit résister » - France Catholique
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Abbé Pierre Amar : « Quand un projet veut détruire l’homme, on doit résister »

La béatification des 50 martyrs du STO interpelle les chrétiens d’aujourd’hui,face aux défis qu’ils doivent relever. Entretien avec l’abbé Pierre Amar, délégué du diocèse de Versailles pour le 80e anniversaire de la mort du Père Pierre de Porcaro.
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Le sacrifice de ces hommes invite à réfléchir sur la question de la résistance spirituelle. Bien que pacifique, elle est irrésistible. Et obligatoire ?

Abbé Pierre Amar : Lorsqu’on observe une période troublée de l’histoire, on en vient fatalement à se poser une question : « Et moi, qu’aurais-je fait ? » Il est tellement commode, des décennies plus tard, de se faire un avis facile ! Qu’aurions-nous fait, alors que le but d’Hitler était de mettre en place un nouvel ordre européen qui voulait écraser les droits de la personne humaine ? Il ne pouvait que s’opposer aux valeurs de l’Évangile qui transcendent les nationalités, les passions, les cultures par la charité du Christ. Il y a eu pendant la Seconde Guerre mondiale une résistance armée avec ses héros et ses martyrs. Les martyrs du STO sont les témoins d’une autre forme de résistance face au mythe de la race supérieure et à la dégradation programmée de l’homme. Quand un projet veut détruire l’homme, on peut, et on doit, résister. Mais les armes sont aussi spirituelles. Et ces hommes ont été des résistants spirituels.

Leur décision d’accompagner chrétiennement les travailleurs du STO, au risque de la mort, est-elle un pur exemple de la charité chrétienne, au sens fort ?

Bien sûr ! Le christianisme n’est pas qu’un discours mais aussi une foi en actes. Tous ces hommes sont partis en connaissant les risques. Leur voyage pour l’Allemagne était un aller simple. Souvent, l’héroïsme n’est pas une victoire mais un choix conscient fait dans l’ombre, par loyauté et par devoir. Dans la préface d’un ouvrage sur le Père de Porcaro, l’actuel évêque de Versailles, Mgr Luc Crepy, souligne : « Nous n’aurons probablement pas à vivre tout ce qu’il a vécu, mais nous sommes tous invités – comme lui – à espérer, servir et aimer. »

Nous disent-ils aussi que l’apport des sacrements et de la grâce qu’ils véhiculent ne peut être optionnel. Coûte que coûte, ils doivent être proposés ?

Huit cent mille Français sont partis au STO. Il était hors de question de les abandonner. En envoyant secrètement parmi eux quelques prêtres afin de leur donner le secours et la force des sacrements, l’Église remplissait l’une de ses plus belles missions : consoler. Et au cœur des ténèbres, la lumière a continué de briller !

L’abbé Pierre de Porcaro. Prêtre clandestin volontaire, Amar, Venzac, BD, Éd. Plein Vent, février 2025, 48 pages, 15,90 €.