Depuis le temps que nous avons un site internet (Noël 1996 !), avec des statistiques de consultation de plus en plus précises, nous avons remarqué de drôles de choses qui nous « interpellent » comme ont disait dans la « langue de buis » des chrétiens de paroisses des années 70.
Nous vous envoyons une circulaire électronique qui vous alerte sur l’affichage de nouveaux articles, en principe chaque lundi soir, plus souvent si nous avons un nombre d’articles nouveaux conséquent ou bien quelque information particulièrement actuelle à faire passer. Il est tout de même frappant de voir le nombre d’entre vous qui utilisent la procédure qui vous permet de signaler votre « absence » du bureau ou de chez vous. Vous nous répondez donc automatiquement par un courriel préparé d’avance avec plus ou moins de détails : l’affichage du nombre de jours, avec parfois la raison de l’absence, la personne que l’on peut contacter, votre numéro de portable, etc. Pour certains d’entre vous, on finit par se sentir indiscrets, pour d’autres on se scandaliserait presque du nombre de jours de vacances que vous vous permettez d’afficher. Mais rassurez-vous : nul fichage, nulle mémoire précise de tout cela. C’est tout de même un indicateur sociologique qui intrigue. Chaque période de fêtes, de vacances scolaires, de « pont », de grèves, etc., est l’occasion d’une augmentation absolument considérable de ce genre de réponses automatiques. On en est à se demander s’il y a encore quelqu’un au travail ou même chez lui en France à ces moments-là.
Mais nous avons d’autres instruments de mesure plus précis qui, tout en restant anonymes, décomptent le nombre de « visiteurs uniques », le nombre de visites par jour, le nombre de « clics » par visite, l’origine géographique des visites, leurs horaires. Qui croirait que certains articles ont suscité près de 100.000 clics sur notre modeste site (c’est une chronique sur la Pop-louange, allez savoir pourquoi) ? Et pourquoi d’autres articles pourtant passionnants n’en recueillent que 300 ? Et pourquoi la visite du Pape à Paris a-t-elle multiplié par trois notre nombre de visiteurs, qui se sont évanouis dans la nature le mois suivant ?
Toujours est-il que le nombre de visites spontanées (ne venant pas à partir d’un des liens prévus sur notre circulaire) par une recherche directe, à partir d’un moteur de recherche ou non, augmente considérablement le jour de Noël et le premier de l’an. Cela fait plusieurs années que nous avons pu le constater, avec une accélération entre 22 h et minuit… N’est-ce pas un grand indicateur de solitude au moment où chacun est censé « faire la fête » entre parents et/ou amis ?
Oui vous êtes seuls ? Mais nombreux dans ce cas, si nombreux que cela devrait être la première raison de relativiser votre éventuelle détresse ou mauvaise conscience. Non, on n’est pas coupable d’être seul, même si on n’est pas malade, même si on n’est pas obligé de travailler ou au contraire privé de travail et pauvre ou craignant de le devenir…, même si on n’a pas fait les efforts de réconciliation ou d’attention aux autres qui auraient permis de réunir famille et amis. Bien sûr, quand on donne plus de soi-même, on a moins de chances d’être seul le soir de Noël. Mais tout le monde ne peut pas toujours être volontaire de ceci ou de cela et il y a des moments où il vaut mieux ne rien dire et ne rien faire… Il y a forcément, dans toute vie, de tels moments de repliement sur soi qui, pour durs qu’ils sont, peuvent préparer des renaissances, des « résiliences », qui ne prendraient pas racine dans un activisme débordant, même généreux. Ceux-ci peuvent également être des moments de ressourcement spirituel même si, en ce qui concerne les chrétiens, on a raison de rappeler qu’ « un chrétien seul est un chrétien en danger ».
A vous chrétiens et même non-chrétiens, une suggestion d’évidence ici : la messe de minuit. C’est pas loin, pas cher, on ne vous demande pas de décliner votre identité, et vous donnerez pourtant, par votre présence effective (merci à TF1 d’avoir supprimé la messe télévisée !) dans l’église de votre quartier ou d’un autre quartier, un sens profond à votre soirée de Noël, ou aurez à tout le moins quelque chose à en dire si on vous embête avec le lendemain… Ce sera également un moment de mémoire, une plongée dans votre enfance ou même dans l’enfance que vous n’avez pas eue, de communion par l’esprit avec les membres de votre famille disparus ou lointains… Une (re)découverte toujours possible du Dieu-faible sous la forme d’un tout petit enfant, celui qui ne juge pas, mais déjà donne et suscite beaucoup d’amour.
Et qu’on nous permette un autre conseil aux chrétiens pratiquants qui ont déjà prévu d’aller à la messe de minuit. Faites quelque chose pour que les timides, les pas habitués, les convaincus de la dernière minute qui arrivent à la messe de minuit à minuit-cinq… puissent quand même entrer, alors qu’il y a des places vides devant ou sur les côtés (même assis par terre), et qu’on se presse à l’arrière de l’église jusqu’à en repartir dépité (cela arrive dans plus d’endroits qu’on ne penserait, chaque année). On peut éviter ce gâchis habituel avec un peu d’organisation… voire d’autorité…
Mais même si vous ne bougez pas de chez vous et restez devant votre internet et nous lisez, et même surtout si vous êtes là avec nous, nous vous souhaitons une bonne et sainte fête de Noël, avec amitié et la conviction que Dieu-grand-et-fort vous aime tout spécialement et vous le fera savoir.
Le webmaster
