Avec le cap des 200 000 entrées largement franchi le week-end dernier, le film Sacré-Cœur, réalisé par Steven J. et Sabrina Gunnell, est assurément un succès. Initialement considéré avec condescendance par la plupart des observateurs, qui imaginaient son sort réglé dès la première semaine de projection, le film a gravi les marches du box-office, paradoxalement servi par la virulence des attaques dont il a été l’objet, à commencer par l’interdiction de sa promotion dans les espaces gérés par la SNCF et la RATP.
Dernier épisode en date, l’interdiction du film dans une salle de projection municipale, décrétée le 22 octobre par le maire de Marseille, Benoît Payan (PS), au nom de la laïcité bien sûr. Celle-ci ne l’a pourtant jamais empêché de céder des terrains pour la construction de mosquées, de prêter des gymnases pour les fêtes de l’Aïd, de visiter des lycées aux accointances fréristes, ou de déclarer aux fidèles lors du Ramadan 2025 : « Beaucoup de ceux qui donnent des leçons aux musulmans […] devraient apprendre ce qui est écrit dans les sourates, qui peuvent nous éclairer sur le monde. » Tous ces éléments sont documentés dans le dernier numéro du magazine Frontières consacré aux « maires complices de l’islamisme ».
« Le masque usé de l’antichristianisme »
La dernière décision de Benoît Payan est d’autant plus blessante pour les chrétiens qu’il existe un lien étroit entre Marseille et le Sacré-Cœur de Jésus. Dans ses « Libres Propos » diffusés sur Substack (23/10), Édouard Husson rappelle que la ville lui avait été consacrée par Mgr de Belsunce lors de la grande peste de 1720, qui avait cessé juste après. Et d’en conclure, à propos d’aujourd’hui : « Le film de Steven et Sabrina Gunnell est comme un travail entrepris pour désobstruer une source, permettre à l’eau de jaillir à nouveau. […] On comprend où se situe l’avenir pour notre pays : non plus dans une laïcité rance qui n’est que le masque usé de l’antichristianisme […] ; mais dans l’affirmation tranquille et joyeuse par les catholiques de leur foi en Jésus-Christ et, surtout, de la relation d’amour qu’ils entretiennent avec lui ».
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais un référé-liberté est déposé le 24 octobre par le sénateur (ex-RN) de Marseille, Stéphane Ravier, pour annuler la décision municipale, tandis que Martine Vassal (LR), présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole d’Aix-Marseille-Provence, affiche son soutien au film et se rend le soir même à sa projection. Résultat, le 25 au matin, le tribunal casse la décision, et souligne dans son ordonnance que « le maire de Marseille a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression et à la liberté de création et à la liberté de diffusion artistiques ».
Cette décision, au-delà de la satisfaction qu’elle procure, a pu susciter l’envie goguenarde de dire merci à Benoît Payan qui, par sa tentative, a encore renforcé le « buzz » autour du film, et sans doute contribué à son succès. Sentiment peu chrétien, peut-être, mais transformé dès dimanche en une gratitude sincère par le geste de l’édile qui, décrochant son téléphone, a appelé Steven Gunnell pour mettre un point final au différend, et lui aurait même promis d’assister à une projection cette semaine. Comme un happy end bienvenu de cette version contemporaine et provençale de Don Camillo. Merci M. Payan !





